Mardi dernier, la France est devenue le 9e pays européen à autoriser le mariage pour les couples du même sexe. Ce jour-là, 331 députés ont voté en faveur de la loi, tandis que 225 votaient contre. Il était temps que la patrie berceau des droits de l'Homme rejoigne le groupe des nations ouvertes d'esprit.

Cela ne s'est pas fait sans heurts. Durant les dernières semaines, on a vu, aux nouvelles, plein de manifestations tenues dans tous les coins de l'Hexagone, regroupant des milliers de gens s'opposant au mariage gai avec rage et révolte. Et ce n'est pas fini.

Bien sûr, le Français a le pied manifestant plus chatouilleux que nous. Ici, il n'y a que les droits de scolarité et la Coupe Stanley qui nous font prendre la rue. Tandis que chez nos cousins, la manifestation est une activité quotidienne. Au lieu de faire leur jogging, ils font du manifesting pour garder la forme.

Mais là, ce n'est surtout pas l'habituel défilé de moustachus nostalgiques de Mai 68 qui se déploie. C'est plutôt un mouvement agressif de Français moyens ulcérés que l'institution du mariage ne demeure pas le monopole des hétérosexuels.

En 2005, la légalisation du mariage homosexuel au Canada n'a pas soulevé le même tollé. La discussion fut virile mais respectueuse. Les conservateurs bien sûr étaient contre. La loi a été adoptée quand même. Les conservateurs, aujourd'hui majoritaires, ne sont pas assez frustrés pour revenir en arrière. Heureusement.

Cependant, même s'il a lieu de l'autre côté de l'océan, le débat entourant cette question en France nous confronte à nouveau, tout un chacun, avec nos propres convictions. Ça peut créer des remous. Voilà pourquoi, il importe de rappeler les valeurs fondamentales contenues dans une loi permettant au couple de même sexe de se marier.

La plus vitale des libertés, c'est celle d'aimer. L'amour d'un homme pour une femme ou l'amour d'un homme pour un homme ou l'amour d'une femme pour une femme, ça reste toujours le même amour. L'important, c'est d'aimer. On ne peut pas être contre l'amour.

Le mariage est l'institution créée par la société pour rendre public le choix que deux êtres humains ont fait de partager leur vie, l'un avec l'autre. Il doit être accessible à tous les adultes consentants qui veulent s'en prévaloir. Chacun étant libre d'aimer qui il veut.

En quoi l'amour de Thierry pour Didier ou de Paulette pour Églantine dérange-t-il la communauté? Au contraire, plus il y aura de gens qui s'aiment à l'intérieur d'une collectivité, plus cette collectivité sera épanouie et heureuse. L'amour, c'est jamais un problème. C'est toujours une solution.

Ce qui scandalise les opposants à la nouvelle loi française, ce n'est pas tant le mariage que les conséquences de ce mariage. Sur les pancartes qu'ils brandissent, on peut lire: Un papa " une maman, y'a pas mieux pour les enfants.

C'est vrai que c'est bien, un papa et une maman pour les enfants. Mais ce qui est vraiment bien pour les enfants, c'est un bon papa et une bonne maman. Comme ce sera vraiment bien, un bon papa et un bon papa, ou une bonne maman et une bonne maman.

Ce qu'il y a vraiment de pire pour les enfants, c'est un mauvais papa et une mauvaise maman. La Terre est remplie d'enfants malaimés qui aiment mal les autres. Et ce sera l'enfer aussi pour ceux qui auront deux mauvais papas ou deux mauvaises mamans. Les hétérosexuels n'ont pas le monopole de l'amour, ils n'ont pas le monopole de la haine, non plus.

Ce dont un enfant a besoin, ce n'est pas de deux parents avec des sexes différents, c'est de deux parents avec le même amour. Le vrai, le grand. Si l'enfant est aimé, qu'on prend soin de lui, qu'on lui apprend la vie, il a tout ce qu'il lui faut.

L'argument ultime des groupes contre l'adoption d'enfants par des couples homosexuels est le suivant: ce n'est pas le droit qui empêche les homosexuels d'avoir des enfants, c'est la nature. Si Dieu avait voulu que les homosexuels aient des enfants, il se serait arrangé pour qu'ils puissent en faire lors de leurs relations sexuelles, comme c'est le cas pour les hétéros.

Faire un enfant est une chose, aimer un enfant en est une autre. L'enfant a d'abord besoin d'être fait, jusqu'à preuve du contraire, ça prendra toujours des attributs mâles et femelles pour réaliser ce miracle, qui s'opère en quelques secondes. Un coup l'enfant fait, il a besoin d'être aimé. Cet autre miracle est encore plus difficile que le premier, et ça prend toute une vie pour le réaliser. Si la première étape dépend de ce qu'on a dans les culottes, la deuxième étape dépend de ce que l'on a dans le coeur.

Ce n'est pas parce qu'un couple n'a pas ce qu'il faut pour faire un enfant qu'il n'a pas ce qu'il faut pour l'aimer. L'inverse est vrai aussi. Ce n'est pas parce qu'un couple a ce qu'il faut pour faire un enfant qu'il a ce qu'il faut pour l'aimer.

Être un reproducteur, c'est une chose, être un parent, c'en est une autre.

Plus il y aura de parents aimants, plus il y aura d'enfants heureux, qui feront plus tard, encore plus de parents aimants. Ce qui demeure la seule façon d'avoir un monde meilleur. On ne s'en sort pas.

Vouloir empêcher des gens de s'aimer est contre nature. Deux personnes qui s'aiment, peu importe leur sexe, leur race ou leur religion, auront toujours raison. Parce que tout commence avec elles.

Vive l'amour!