Voici, en primeur, le grand reportage de Paris-Match à propos du conflit étudiant au Québec...

Tabernacle! Comme dirait le barde Gilles Vigneault: mon cher Québec, c'est à ton tour d'être dans la marde.

Les cousins canadiens, toujours en retard sur la mère patrie, font, 44 ans plus tard, leur Mai 68. Les étudiants s'opposent au réchauffement des droits de scolarité imposé par le gouvernement. Depuis plus de 100 jours, ils boycottent la grève.

Des milliers de gosses portent fièrement à la boutonnière le carré rouge, découpé à même leur chemise de bucheron, symbole de la révolution. Tous les soirs, ils descendent dans les rues de Montréal, capitale du Canada, pour danser un set carré rouge. Ces descendants d'Édith Butler jouent des cuillères et des casseroles que les policiers s'empressent de remplir de poivre de Cayenne. Quelle poutine! La violence est indescriptible. On compte de nombreuses victimes. Toute l'équipe de hockey Montréal Canadiens a été éliminée.

Un parrain de la mafia a dîné avec la ministre de l'Éducation Line Beauchamp pour la forcer à démissionner. Elle a été remplacée par Louise Beaudoin ou quelqu'un qui lui ressemble.

Les trois leaders étudiants faisant trembler le pont Champlain sont Martine Desjardins, présidente de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec), Léo Blouin-Brathwaite, président de la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) et Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la FUCK (Fédération universitaire de la classe du Kébec).

Ce dernier est le plus radical des trois amigos. Son plan anarchique va bien au-delà du territoire québécois. Comme le révèle une vidéo envoyée sur YouTube, Gabriel vise, rien de moins, à faire éclater une guerre des étoiles à travers l'univers. Il a d'ailleurs déjà son épée fluorescente. Le FBI le soupçonne d'être le ben Laden du cosmos. Son propriétaire l'a expulsé de son logement, et l'ange rouge Gabriel a trouvé refuge chez le génial cinéaste, Xavier Dolan. Quel talent! Dommage que je sois correspondant au Québec plutôt qu'à Cannes, mais bon, enfin, j'espère que le message est passé.

Revenons aux problèmes de la bonne province. Les appels au calme du maire Mario Tremblay ne changeant rien au chaos qui règne dans la ville de Charlebois, le président du Québec, Jean Charest, a fait passer une loi spéciale interdisant aux Québécois de sortir de chez eux sans avoir d'abord entré leur itinéraire dans le GPS de la police. Tout regroupement est illégal, les familles de plus de 10 enfants doivent être divisées, une exception a tout de même été faite pour l'illustre famille Dion. De plus, le port du masque est défendu mais toléré pour les personnes qui font plus peur sans. Tout étudiant enfreignant la loi écopera d'une amende de 10 millions de dollars, payable avant son admission à la Villa des Tilleuls.

Malgré ces mesures strictes, le bordel règne toujours au pays des Têtes-à-claques. Car les animaux n'étant pas régis par la loi, ce sont eux maintenant qui sonnent la charge. Jour après jour, un panda se dresse devant les forces de l'ordre. Sûrement un agent communiste venant de Chine, il est devenu le héros de la plèbe. Il est d'ailleurs, dans toute cette crise, le seul qui ne dit pas de bêtises.

Car le président Charest, au plus fort des émeutes, a eu la malheureuse désinvolture de faire de l'humour. Il a dit: «On devrait déporter les jeunes dans le Grand Nord, ça augmenterait la population de bébés phoques!» B.B. serait contente! Si cette blague a soulevé l'ire de tous les observateurs, elle a tout de même plu à Gilbert Rozon, le célèbre juge de l'émission La France a un incroyable talent. Il s'est rallié à Jean Charest, voulant en faire la vedette de son prochain festival Juste pour rire.

Jamais le Québec ne fut ainsi divisé depuis le regretté massacre du Vendredi saint. À cette époque, les Rouges avaient gagné. Gagneront-ils de nouveau? Les étudiants retourneront-ils à l'école? Les gens recommenceront-ils à marcher sur le trottoir? Ma voisine cessera-t-elle de taper sur sa casserole pendant que je regarde le foot? Bref, comme disent les Québécois: ça va ti fini pa fini, saint-pâté chinois!

Paris-Match a appris en exclusivité comment cette crise interminable se terminera enfin.

Le 1er juillet, le roi du Canada, Stephen Harper, redonnera l'ensemble du territoire québécois aux Amérindiens qui sauront sûrement mieux le gérer que nos pauvres cousins. Entre vous et moi, ils font ce qu'ils peuvent les Québécois, mais c'est un peu confus dans leurs caboches. Oui! Non! Oui! Non! Rouge! Vert! Rouge! Vert! C'est pas de leur faute, les Français qui quittaient la France pour peupler la Nouvelle-France, c'était pas des Chateaubriand, c'était plus des chalets épais. C'est d'ailleurs le président François Hollande qui a proposé la solution indienne au souverain canadien lors du dernier sommet de l'OTAN dans l'État de Chicago, s'excusant ainsi de la dérangeante présence francophone en Amérique.

Le combat des carrés rouges deviendra la victoire des Peaux-Rouges.

De Jacques Cartier à Jean Charest, 478 ans d'injustices seront ainsi réparés.

Cette solution sera aussi formidable pour attirer le touriste français au Kébek, lui qui est toujours aussi friand de plumes et de Kashtin.

Sur ce je vous laisse, car je dois traduire mon article pour la revue Maclean's.

On n'arrête pas l'information.