Je suis en haut, dans mon bureau. Je tape sur mon clavier. Ma blonde est en bas, dans le salon. Elle lit. Dans la maison, pas un son. Bécaud, notre chat, doit dormir quelque part.

L'après-midi s'achève. Le soleil aussi.

J'ai beau être concentré sur mon texte, j'ai beau forcer du cerveau, l'instant d'une seconde, je réalise que tout est beau. Que mon coeur est en paix. Je souris.

 

Je ne vois pas Marie-Pier. Je ne l'entends pas. Je ne sens pas son parfum. Mais je sais qu'elle est là. Je ressens qu'elle est là. Et c'est tout ce dont j'ai besoin. Et ça me fait du bien. Elle serait partie chez IKEA avec sa soeur, elle serait partie étudier à l'université, tout serait bien aussi. Mais l'espace autour de moi ne serait pas pareil. Le silence non plus. La maison serait vide. La maison serait un peu triste. Comme trop grande. Et le silence serait plus fort. Rempli d'absence.

Mon âme serait en attente. Mon âme serait à «pause». Je ne serais pas inquiet. Je ne serais pas en manque. Je ne m'ennuierais pas à m'en ouvrir les veines. Rien de ça. J'écrirais mon texte quand même. Je serais concentré quand même. Mais pas de la même façon. Je ne serais pas complet. Tout simplement. Quand ma blonde est là, tout est là. Je ne cherche plus. Je n'attends plus rien. Je vis.

Il y a l'amour au temps du coup de foudre. L'amour au temps des étreintes et des tempêtes. Et l'amour au temps du quotidien. L'amour qui s'installe. L'amour qui s'incruste. Certains en ont peur. Certains le fuient. Moi, je trouve que c'est le plus beau. Le plus vrai.

Le monde est si vaste et l'humain est si seul que ça fait du bien de sentir qu'une autre personne sur Google Map a son drapeau planté au même endroit que soi sur la photo satellite. Que son point d'ancrage est dans la même eau. Que quelqu'un d'autre vit là où l'on vit. Car sans Ève, point de paradis. Vivre à la même adresse, au même numéro, c'est top.

Aimer, c'est vouloir que l'autre reste. Ce n'est pas que se rencontrer, se croiser en mouvement. Aimer, c'est s'arrêter. Et régler son vol sur le vol d'un autre. Comme deux oiseaux sortis du lot.

Aimer, c'est s'engager. Ceux qui disent aimer sans s'engager n'aiment pas. Ils s'amusent. C'est bien, s'amuser. Ce sont presque les mêmes lettres que le mot aimer. C'est proche. Ça y ressemble. Mais ça ne remplit pas une maison. Ni un coeur.

Ça fait quand même un bout que ma blonde est en bas. Je descends. Elle s'est endormie dans le fauteuil. Je la trouve belle.

À la Saint-Valentin, les amoureux se forcent un peu. Ils se fêtent, se fleurissent et se sucrent. C'est bien. Mais c'est pendant les autres jours, sans Cupidon et sans concours, les jours normaux et ordinaires, que les amoureux sont à leur plus beau. Quand ils ne font rien qu'être ensemble. Qu'être pas loin. Quand ils ne font rien que ronfler un peu. Et qu'ils aiment ça.

Joyeuse Saint-Valentin, demain! Et joyeux petit lundi, après-demain!

PLUS VITE Avant que la flamme ne s'allume, un athlète s'est éteint. Le lugeur géorgien Nodar Kumarishvili s'est tué à l'entraînement sur la piste olympique de Whistler. Les risques du métier, qu'on dit. Peut-être... Mais une médaille, même en or, ne vaut pas le prix d'une vie.

Pas une fois je n'ai regardé une descente en luge sans me dire «y va se tuer, y va se tuer». Descendre à une telle vitesse, sur le dos, comme une tortue vulnérable, c'est fou. À la moindre déviation, au moindre choc, c'est la catastrophe.

Plus haut, plus vite, plus fort. Les athlètes des Jeux olympiques dépassent toujours les limites des athlètes des Jeux précédents. Faudrait peut-être en revenir. La morphologie humaine ne se transforme pas aux quatre ans. C'est bien beau, les pistes plus performantes, les luges aérodynamiques, mais il faut penser au gars dessus. Cessons de vouloir nous montrer des performances de jeux vidéo et revenons à des compétitions plus humaines.

Les records du monde tomberont peut-être moins, mais les athlètes finiront debout.