Il y a un an, Barack Obama était Elvis. Ou Michael Jackson, si vous préférez. On ne parlait que de lui. Il était devenu le premier Afro-Américain président des États-Unis. Tous les analystes politiques étaient remplis d'espoir. Le pays le plus puissant au monde allait devenir une colombe. On nous promettait la paix sur la Terre. La planète entière avait voté pour lui. Le monde allait changer. Et ma blonde le trouvait donc beau.

Aujourd'hui, Barack Obama est Barack Obama. On parle encore de lui, mais pas toujours en bien. Les États-Unis sont en guerre. Et pour encore un bon bout de temps. Même le Massachusetts n'a pas voté pour lui. Le monde n'a pas changé. Et ma blonde le trouve... toujours aussi beau.

 

La première année au pouvoir de Barack Obama n'est pas un constat d'échec. Loin de là. C'est juste un constat des limites humaines. Un homme ne pourra jamais changer le monde. Deux hommes ont déjà plus de chances. Mais sans la volonté d'au moins un milliard d'hommes et de femmes, il n'y aura jamais de grand changement. De monde meilleur.

C'est le syndrome du messie. Penser qu'un beau jour, un être humain va surgir et expier toutes nos fautes. Qu'une seule personne peut radier toute la dette de l'humanité. Toutes nos bassesses, nos haines et nos souffrances. La solution du moindre effort. On casse tous nos jouets et on attend que papa vienne les réparer.

Obama a beau être le chef d'État le plus puissant de la planète, il doit se débattre avec les financiers, les réactionnaires et les terroristes. Comme opposition, c'est plus fort qu'Ignatieff.

La vie est un sport d'équipe. Mais il y a trop de joueurs qui ne veulent pas participer.

Carey Price devait régler tous les problèmes du Canadien et nous décrocher une Coupe Stanley. Mais Carey Price n'est que le gardien. Et une Coupe Stanley se gagne en équipe. Vous me direz: oui, mais Patrick Roy l'a fait en 1986 et en 1993. C'est vrai, Patrick Roy est pour beaucoup dans la conquête de ces deux championnats par le Canadien. Mais sans les efforts des Gainey, Naslund, Lemieux, Carbonneau, Desjardins, Leclair, Muller et même Skrudland, il n'y serait pas parvenu. Oubliez ça. On ne gagne jamais tout seul. Même pas un boxeur. Il y a toujours des gens derrière.

Les Red Wings de Detroit sont la meilleure équipe de la dernière décennie. Pourtant, leur gardien est considéré comme moyen. Ils n'ont pas de messie. Ils ont une équipe avec des joueurs qui s'impliquent. Les Oilers des années 80, ce n'était pas que Gretzky, c'était aussi Messier, Anderson, Kurri et un paquet d'autres. Le Canadien des années 70, ce n'était pas que Lafleur, c'était aussi Savard, Robinson, Lemaire, Lapointe et un paquet d'autres.

C'est ce que les électeurs ne comprennent pas. Les politiciens ne peuvent rien faire si on ne le fait pas avec eux. Un politicien ne nous remplace pas, il nous représente. Ce n'est pas la même chose. Si on l'abandonne, il devient impuissant. Il ne pense qu'à sauver sa peau et ne sauve que la sienne. Un sauvé, pour un messie, ce n'est pas une grosse moyenne au bâton.

Obama ne pourra rien faire s'il ne parvient pas à rallier tout le monde à ses causes. À associer les Américains à ses projets. C'est la définition de tâche d'un leader. Et c'est un peu ça qu'Obama a oublié durant sa première année. Il a cru en ses pouvoirs de superhéros. Il a essayé de tout faire tout seul. Et il a perdu le contact avec les gens, ce lien si fort qui lui avait permis de se rendre au sommet. Qu'il entretenait si bien durant sa montée. Rendu en haut, il s'est détaché. Il est assez intelligent pour l'admettre. Sa deuxième année sera peut-être plus rassembleuse.

C'est trop facile de tout miser sur un seul individu. On continue sa petite affaire. On ne se force pas. Le monde est un bordel, à Obama d'arranger tout ça. Ben non, c'est à nous. À nous et à lui.

René Lévesque est sûrement l'un des plus grands leaders de l'histoire du Québec. Savez-vous pourquoi? Parce que René Lévesque n'était pas tout seul. Il avait Laurin, Parizeau, Payette, Charron et les autres avec lui. Il avait aussi la volonté des Québécois de ne plus se faire niaiser. Bref, il avait quelque chose à diriger. Quand les Québécois ont cessé de l'appuyer, Lévesque a perdu ses pouvoirs magiques.

Au lieu de toujours attendre après quelqu'un, agissons. Il ne faut pas croire seulement en Obama. Il faut, à travers lui, croire en nous.