C'était il y a quelques mois, dans un bar de sportifs, un monsieur un peu éméché, maniaque de football devant l'éternel, m'a accosté: «Les Alouettes ont embauché leur deuxième entraîneur-chef juif. Le premier était Marv Levy et il a tout balayé. Je vous fais une prédiction: Mark Trestman va accomplir la même chose»

Je ne savais pas si le monsieur était sérieux, il parlait pas mal fort en postillonnant et les Alouettes avaient une fiche de 2-3 à ce moment-là... Mais la fiche des Alouettes est maintenant de 8-4 et mon collègue Miguel Bujold, lui aussi un maniaque de football, me jure que les Alouettes vont remporter la Coupe Grey.

 

Ça tomberait bien, la finale aura lieu à Montréal.

Les Alouettes ont connu un seul mauvais match cette saison, soit la semaine dernière à Calgary. Toutes leurs autres défaites ont été serrées. Hier, pour rebondir de cette bévue à Calgary, ils ont battu une bonne équipe, les Eskimos d'Edmonton (7-5) par le score marteau de 40-4.

Il y a des signes qui ne mentent pas

Par exemple, Trestman travaille avec la même équipe que l'an dernier. Les mêmes joueurs. À pareille date l'an dernier, Anthony Calvillo avait subi 43 sacs. Cette année: 14.

Il faut savoir que Trestman a été responsable des offensives de quatre équipes différentes dans la NFL. Quand Larry Smith, le président des Alouettes, l'a embauché, on a douté de sa décision. Trestman n'avait aucune expérience du football canadien, ni du métier d'entraîneur-chef. Smith y est allé contre toute logique tellement le bonhomme l'avait impressionné en entrevue.

Les perdants

Le pauvre Danny Macciocia, un bon gars de Saint-Léonard, avait le visage long après le match d'hier. Pour les Macciocia, la visite des Eskimos devient une fête familiale. Le souper a certainement été moins joyeux que prévu hier soir.

«Je ne sais pas ce qui s'est passé, disait notre homme après le match. C'est gênant. Je n'aurais pas dû sortir de mon lit ce matin.»

Pauvre Danny. Pendant le match, certains spectateurs demandaient aux Eskimos de leur remettre leur argent

Quant à son vis-à-vis, mes collègues me disent qu'il est là pour diriger une équipe de football, qu'il ne joue pas de games politiques, comme Don Matthews et Jim Popp, qu'il n'escrime pas avec les médias, comme Don Matthews et Jim Popp.

Il accorde de courtes et sobres entrevues quand il est obligé. Il est toujours poli et parle uniquement de football. Les gars le trouvent un peu drabe. (Marv Levy, que j'ai bien connu, était beaucoup plus divertissant pour les médias. En fait, nous étions tous ses fans inconditionnels. On peut bien le dire aujourd'hui...)

Après le match d'hier, on a demandé à Trestman pourquoi il n'avait pas retiré Anthony Calvillo, pour le reposer et éviter une blessure, alors que les Alouettes menaient largement en deuxième demie.

«C'est parce que vous savez des choses que je ne sais pas. Tout le monde me dit qu'au football canadien, on peut se faire marquer beaucoup de points en peu de temps. Je ne suis pas encore à l'aise dans cet environnement. J'en suis à ma première année. Alors je ne prends pas de chance»

Pas encore à l'aise Trestman se moquait peut-être de nous, mais ce n'était pas gentil pour Danny Macciocia et les autres entraîneurs de la LCF.

Enfin, il ne manque que la Coupe Grey dans le grand stade, et contre les Stampeders de Calgary pour se venger de la seule gifle de la saison.

Et puis ça mettrait de la pression sur le CH en son année du Centenaire. Ça serait con de gagner la Coupe, mais pas la bonne

L'été

Prenez note: l'été a reculé de deux mois au Québec. Le beau temps sera désormais réservé aux mois d'août et septembre. Nous étions bien au stade Molson hier, un lieu, comme le Centre Bell, où les Anglos et les Francos se côtoient et sont d'accord: on est les meilleurs! Go! Als! Go! Go! Habs! Go!

Le stade Molson est sans doute le seul dans toute l'Amérique où on entend des chansons de Charles Aznavour pendant les temps morts.

Pour les spectacles de la mi-temps, les Alouettes ne manquent pas d'originalité. J'ai vu des combats de lutte, un match de frisbee en équipe (un show extraordinaire) Hier, ils ont organisé un concours de descripteurs de match. On montrait un touché des Alouettes sur l'écran géant et des spectateurs devaient le décrire. Le premier a été hué. Le deuxième, David Sénécal, de Granby, a été chaudement applaudi après s'être égosillé à coups de INCROYABLES!

Les Paralympiques

J'ai été touché par le blitz médiatique entourant Chantal Petitclerc et ses cinq médailles aux Jeux paralympiques. Dire qu'elle ne recevra pas une cenne du gouvernement pour ses exploits! Un scandale! Vite, de nouveaux règlements!

C'était beau, mais je trouve mes collègues un peu généreux avec l'argent des contribuables, surtout que remettre des primes aux médaillés olympiques est déjà une idée discutable.

Voici ce qu'on pourrait faire: les gens des médias qui ont de la peine pour Chantal Petitclerc devraient lui remettre une partie de leur salaire.

Les plus riches donneraient plus que les autres, bien sûr