Je suis une fille moyenne.

J'immortalise mes entrevues sur une "vieille" enregistreuse MP3. Je télécharge des chansons de jogging sur mon iPod. J'enregistre des émissions de télé avec mon lecteur DVD. Et j'arrive tant bien que mal à insérer des photos et des extraits vidéo dans mon blogue. Mais n'allez pas me parler en HTML, c'est un langage aussi hermétique que le danois à mes oreilles!

Mon collègue Maxime Bergeron se classe lui aussi dans le même troupeau de consommateurs. Voilà pourquoi nous étions des candidats parfaits pour ce banc d'essai des téléphones dits intelligents (voir encadré), qui arrivent en fanfare ces jours-ci dans les magasins.

Nous avions deux semaines pour tester quatre modèles, au travers de tout le reste. À l'évidence, nous n'avons pas exploré toutes les possibilités de ces appareils. Mais comme ces téléphones se veulent d'un maniement intuitif, c'est un excellent moyen d'évaluer leur facilité d'utilisation. Et puis, rares sont les consommateurs qui ont le temps de lire, d'un bout à l'autre, les livrets d'instructions de leur quincaillerie. C'est pourquoi nous nous servons rarement de nos appareils à leur pleine capacité.

D'entrée, je vous dirais que nous avons comparé trois pommes et une orange. Si vous êtes un professionnel qui écrivez des messages le moindrement longuets à vos collègues et relations d'affaires, le BlackBerry Bold est pour vous. Surtout s'il est inconvenant dans votre domaine d'utiliser des émoticônes (smileys) ou de l'argot internet du style "koid9" (quoi de neuf) ou "mdr" (mort de rire, version française de "lol" ou laughing out loud).

Dans une publicité vue à la télé cette semaine, Apple essaie pourtant de présenter son iPhone 3G comme le parfait outil du professionnel. Mais les claviers sur écran tactile rendent fous ceux qui ont l'habitude d'enfoncer des touches; avec une erreur aux trois caractères, on a l'impression de taper à la machine avec des mitaines. Les stylets du HTC Touch Diamond et du Samsung Instinct réduisent toutefois les erreurs - si vous ne perdez pas le stylet de l'Instinct, puisqu'il n'y a aucune fente pour le ranger dans l'appareil.

Avec son écran d'une très grande netteté, le Bold est d'abord et avant tout fonctionnel, toutes les applications de divertissement étant cachées sous l'icône "do more" (en faire plus). Bref, vous n'épaterez pas grand monde en sortant votre appareil sur une terrasse de la Petite Italie, mais vous allez être hyper-efficace.

Chez les pommes, la plus luisante est sans conteste celle d'Apple. J'avoue que j'aurais bien aimé faire ma fraîche avec le nouveau iPhone; il fait baver d'envie le directeur artistique de La Presse, qui affirme en avoir impérieusement besoin pour son travail! Mais le week-end où j'ai pris possession de l'appareil, je me trouvais dans une ferme laitière de Waterville, dans le fin fond des Cantons-de-l'Est. Et ses 250 vaches Holstein n'étaient guère impressionnées par les publicités négatives de John McCain que je visionnais sur YouTube.

Le iPhone, c'est l'un des objets les plus tripatifs qui m'ait été donné de manipuler. Dérouler des messages et des menus d'un seul glissement de doigt sur l'écran tient de l'expérience sensuelle. Bref, si on me donnait un iPhone sans que j'aie à en payer les frais d'utilisation, je sauterais de joie. Mais voilà, il est difficile de faire abstraction de la facture, qui est salée.

Cet appareil subventionné par Rogers coûte 199$ ou 299$ (selon la capacité de stockage du modèle), à la condition - et c'est là l'attrape - que le client se menotte de lui-même avec un abonnement de trois ans. Il faut savoir que les frais de résiliation de contrat sont prohibitifs. Or, les forfaits voix et données vont de 60$ à 115$ par mois, sans compter les frais d'accès au réseau. Bref, si on veut vraiment se servir de ce joujou, il faut s'attendre à débourser près de 4000$ dollars sur trois ans.

Je ne suis pas ce que les experts en marketing appellent une early adopter, expression que le dico Harrap's traduit laborieusement par "adopteur précoce". Mais je ne suis pas techno twit non plus - même si les techniciens en informatique de La Presse divergent probablement d'opinion à ce sujet.

Mon collègue Hugo, qui se décrit lui-même comme une fashion victim consentante, a fait la queue dès le premier jour pour mettre la main sur un iPhone. Toutefois, il a refusé de prendre un forfait données, calculant qu'il se servirait rarement de son appareil pour naviguer sur l'internet. Pour lui, l'idée d'avoir un iPhone, c'est de combiner téléphone et iPod en un appareil.

Il a toutefois eu un choc lorsqu'il a reçu sa première facture. Elle s'élevait à 545,19$, dont 229,30$ avant taxes pour les services sans fil (appels en sus). Apparemment, l'appareil allait chercher de lui-même la météo sur l'internet, une fonction que mon collègue aurait dû désactiver. Après cinq appels chez Rogers, il a finalement réussi à se faire créditer cette somme...

Pour son prix mais aussi pour le plaisir de l'utiliser (les touches vibrent à la pression du doigt), je choisirais le Samsung Instinct sans hésiter.

Son design est très inspiré (copié) sur le fameux iPhone. O.K., il a quelques faiblesses, dont le fait que l'appareil ne se connecte pas aux réseaux Wi-Fi. Mais, à mes yeux, c'est loin d'être le "iPhone du pauvre", comme certains ont surnommé cet appareil.

En regardant RDI en direct sur le téléphone l'autre midi, entre deux chariots de raviolis à la vapeur dans le quartier chinois, je me sentais branchée, dans le premier sens du terme.

On entrevoit seulement les possibilités qu'offrent ces appareils, grâce auxquels l'univers tout entier se trouve dans une petite boîte d'une centaine de grammes rangée au fond de sa poche.