Vous avez peut-être, comme moi, vu et revu le spectaculaire essai réussi par Magali Harvey et l'équipe canadienne à la Coupe du monde de rugby féminin.

Ça m'a rappelé que, oui, il y a présentement une Coupe du monde de rugby féminin qui se déroule en France et que Magali et ses collègues venaient de causer la surprise en battant la France. Elles passaient en finale contre l'Angleterre.

Et si vous vous êtes promenés dans le Quartier latin hier, vous avez peut-être entendu, rue Saint-Denis devant le bar Le Saint-Bock, des cris stridents. C'était pour la finale Canada-Angleterre, et une vingtaine de membres du Rugby Club de Montréal (RCM) s'était réunis, hommes et femmes, copains et copines.

«Cette vidéo de Magali va nous amener du monde, explique Ysaline. Chaque année, nous avons des problèmes de recrutement. Nous devons rebâtir l'équipe chaque fois. C'est compliqué...»

Peut-être, mais mon flair de vieux reporter me dit que le rugby est implanté pour de bon chez nous, avec cette immigration de jeunes Français et Françaises, ainsi que tous ces anciens footballeurs collégiaux et universitaires qui se tournent ensuite vers un sport robuste, mais sans équipement, qui les attire tout naturellement.

Maude: «Chez nous, à l'Université de Sherbrooke, les gars qui ne sont pas retenus par l'équipe de football s'en vont dans l'équipe de rugby.»

Magali Harvey est originaire de Québec. Plusieurs membres de l'équipe féminine canadienne sont québécoises et l'entraîneur national, François Ratier, est un pilier du rugby montréalais.

«Vous connaissez Magali Harvey, les filles?

- De nom seulement. Nous ne jouons pas au même niveau.»

Toute la bande présente au Saint-Bock savait que le Canada n'était pas favori contre l'Angleterre, mais le match a été serré jusqu'à la fin. Le dernier essai des Anglaises est venu tard.

Rachel: «Les Anglaises sont plus puissantes. Elles courent plus vite, elles plaquent plus fort. Mais les Canadiennes leur tiennent tête.»

Ysaline, qui est de Toulouse: «Le Canada a surpris en éliminant la France à Paris, mais ce n'est pas une énorme surprise. Nos filles remportent des tournois internationaux depuis deux ou trois ans. Cette fois, l'exploit est d'atteindre la finale de la Coupe du monde, sans défaite.»

La Coupe du monde ne sera pas canadienne cette fois, mais Ysaline précise: «Cette équipe est très jeune. Il y a plusieurs joueuses de 19 ans... Elles vont gagner plusieurs matchs internationaux au cours des prochaines années.»

Tous étaient d'accord pour dire que même dans la défaite, les Canadiennes avaient bien combattu. Aucune honte à avoir. «À un moment, à 11-9, les Anglaises ont eu peur.»

Autre tradition du rugby: Maude n'avait pas touché à son énorme assiette de cheeseburger et frites. À peine quelques frites.

«Nous avons fêté tard hier soir... Je n'ai pas l'estomac solide aujourd'hui. Nous avons gagné, et la victoire nous valait une participation à la finale de notre division samedi prochain.»

Et les cris de ralliement ont résonné dans le Quartier latin, et devant les gars du RCM, dont Raoul, Chilien d'origine, un costaud qui a découvert le rugby à Montréal.

«Nous, on a été éliminés hier. Je vais aller voir les filles en finale samedi prochain.

«Le rugby des filles est plus spectaculaire. Il y a beaucoup de déplacements et de courses. Chez les gars, c'est la force brute qui mène le jeu. On se déplace moins et on se fait plus mal.»

Le rugby, c'est aussi et beaucoup la fête. On joue avec intensité et on fête avec intensité. Rachel a fait emballer le repas de Maude. «Elle va le manger plus tard...»

Samedi prochain, donc, au parc Champêtre, une grande fête du rugby aura lieu avec 10 matchs de finale, toutes catégories.

On s'en reparle.