Joey Saputo était seul sur l'estrade et plus il répondait aux questions, plus les journalistes l'attaquaient de tous les angles, plus on sentait que l'Impact de Montréal, notre club de soccer de dernier rang, vit dans la confusion.

Il ne le savait peut-être pas, mais en sacrifiant Nick De Santis, son bras droit de toujours, Saputo comblait le souhait d'une bonne partie de son public. Les gérants d'estrade que nous sommes tous avaient décidé que c'était lui, De Santis, le responsable du désastre.

Ils avaient peut-être raison, peut-être pas, parce qu'il est rare qu'un seul homme soit responsable des déboires de tout un club professionnel.

Quelqu'un devait écoper, c'est la loi du sport.

On ne connaîtra jamais la teneur des discussions internes, mais il semble que De Santis ait raté quelques occasions d'agir et pris quelques décisions qui ont mal tourné.

La vie continue, mais il est facile de soupçonner que ce n'est pas seulement De Santis qui a pris de mauvaises décisions et qu'il régnait à la tête de l'Impact une sorte de cacophonie.

Les résultats le démontrent.

Frank Klopas, donc, l'entraîneur qui a mené un club respectable l'an passé au dernier rang cette année, aura tous les pouvoirs jusqu'en 2015.

Ça vous excite? Moi non plus.

On ne parle pas de Vince Lombardi ici...

Klopas revient d'une suspension pour avoir engueulé des officiels jusque dans leur vestiaire. Pas fort, blâmer quelqu'un d'autre, des officiels, au moment où votre équipe est loin derrière le peloton au dernier rang.

Le nouveau patron des opérations soccer n'était pas présent à la conférence de presse, hier.

De Santis rencontrera les médias aujourd'hui. On le dit très déçu. Il demeurera au sein du club à titre d'administrateur.

Juste décision. Cet homme est présent depuis les premiers pas de l'Impact. Il a tout fait pour le club, joueur, capitaine, entraîneur, chauffeur de bus en voyage, directeur technique, directeur général. Il a payé de sa poche pour sauver le club, en jouant pour presque rien à une certaine époque, devant des gradins presque vides.

Saputo l'a décrit avec raison comme un bâtisseur.

De Santis a le I tatoué sur le coeur, comme on dit.

Il ne méritait pas d'être chassé comme un lépreux...