Un de nos espions au centre-ville - nous l'appellerons Elvis - nous apprend qu'il y avait une foule de policiers autour du Centre Bell après la victoire de mardi. Ils craignaient de la casse et une vague de vandalisme. Et pourtant, le CH avait gagné.

Est-ce que notre foule partisane est assez folle pour tout casser parce que son équipe de hockey a balayé son adversaire? S'agit-il de paranoïa policière?

En tout cas, à cause d'un match de hockey, vous et moi avons payé des heures supplémentaires à une centaine de policiers... Au cas.

Remarquez que leur présence a peut-être empêché des incidents violents. Accordons-leur le bénéfice du doute.

Ce n'est pas l'Ukraine, bien sûr, mais il y a une petite tension dans l'air en temps de séries éliminatoires.

Par exemple, certains fans de P.K. Subban me trouvent sévère envers lui et m'apostrophent comme si j'avais uriné sur les chaussures de leur mère.

Je dis que Subban peut bien faire ses pirouettes en zone offensive et soulever la foule, bravo, mais pas de pirouettes à quelques pieds devant Carey Price. C'est tout, et ça me semble facile à comprendre.

Que j'aie raison ou pas n'est pas très important, mais ce n'est surtout pas une raison pour se fâcher et agresser qui que ce soit. Il s'agit d'un jeu, et dans ce cas, un simple divertissement.

Ne l'oublions pas.

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Ron MacLean, un homme habituellement modéré, a lui aussi un peu perdu la boule. Ce qu'il a dit n'avait aucun sens. Il n'est pas le seul à dire des conneries en séries éliminatoires.

Il faut comprendre qu'à la CBC, les choses ne vont pas très bien. Ils ont perdu leur monopole sur le hockey de la LNH, leur équipe préférée, les Maple Leafs de Toronto, a honteusement échoué, et la seule équipe de leur Canada chéri qui participe aux séries éliminatoires est celle des francophones. Ces mêmes francophones qui se foutent complètement des Leafs, des Flames et autres Oilers. (Ce qui est vrai, nous préférons les Bruins ou les Red Wings...)

La vie est dure pour un commentateur sportif de la CBC - d'Ici Radio-Canada aussi - de ce temps-là. Alors laissons notre frustration s'exprimer: les arbitres francophones sont des tricheurs. Ils favorisent le Canadien.

Pas fort, M. MacLean. Même que vous pouvez l'ajouter à votre liste de «la fois où j'ai eu l'air le plus fou...»

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Un autre lecteur me demande de «calmer» mes collègues de médias qui croient que Ginette Reno a quelque chose à voir dans le succès du Canadien.

Ne vous fâchez pas, monsieur. On s'énerve un peu, en effet. La majorité des joueurs du Canadien ignorent qui est Ginette Reno - elle n'est pas très connue au Danemark ni en Russie, et puis, ils ont plutôt l'âge de Lady Gaga.

Mais ça met de l'ambiance. Ça donne des frissons.

(Combien voulez-vous parier qu'on verra un jour Céline Dion chanter l'hymne national à Québec pour le retour des Nordiques? Combien?)

En voyant apparaître Ginette Reno sur la divine patinoire, le vétéran que je suis s'est rappelé Kate Smith et les Flyers de Philadelphie.

Kate Smith représentait pour les Américains à peu près la même chose que Ginette Reno pour le Québec. Une madame robuste et vénérable qui parle à tout un peuple avec une voix du tonnerre.

J'ai assisté plusieurs fois à son interprétation non pas de l'hymne national, mais du God Bless America au vieux Spectrum de Philadelphie. J'étais ému chaque fois. Si vous croyez que nous nous énervons, vous n'avez pas connu les partisans des Flyers de ces années folles.

Lorsque Kate Smith est morte, ils ont continué à chanter avec son fantôme qui apparaissait sur un écran géant, ce que je ne souhaite pas à Mme Reno.

Mme Smith arrivait chaque printemps pour les séries éliminatoires et elle avait une fiche très gagnante. (Bien sûr, les autres équipes avaient peur de jouer à Philadelphie à cette époque...)

Je soupçonne que quelqu'un d'expérimenté à la direction du Canadien - Donald Beauchamp? - s'est rappelé Kate Smith et sa capacité à soulever la foule de Philadelphie.

Il faudrait donc créer une tradition et inviter Ginette Reno à tous les matchs locaux de toutes les séries.

Pourquoi pas?

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Je ne sais pas si les policiers de Montréal se préparent à la prochaine série, mais si jamais elle implique les Bruins de Boston, j'y penserais. Il n'y a pas eu de rudesse ni de violence contre le Lightning de Tampa Bay.

La tension monterait d'un cran ou deux avec l'arrivée des vieux rivaux en noir et jaune.

Ou trois.