Drôle de polémique, la semaine dernière à New York, alors que Daniel Murphy, joueur de deuxième but des Mets, a raté les deux premiers matchs de son équipe pour être aux côtés de sa femme, qui accouchait en Floride.

Murphy est arrivé à temps pour la naissance et il est demeuré auprès de sa famille pendant trois jours. Tout ça avec la bénédiction des Mets et de la convention collective du baseball majeur. Ils ont droit à un congé de paternité de trois jours, ce qui est ridicule lorsqu'on le compare à ce que nous avons, à La Presse, mais je m'égare...

Mais il s'agit du merveilleux monde du sport, comme disait autrefois le légendaire Jacques Beauchamp, et sur les ondes de la radio sportive, dans les émissions de talk radio, la chose a moins bien passé.

Un animateur a déclaré que Murphy n'avait qu'à embaucher une infirmière, qu'il était un baseballeur professionnel, après tout, et que c'est du sérieux... On a accusé Murphy d'avoir abandonné ses coéquipiers - un sacrilège dans l'univers sportif.

Même Boomer Esiason, ancien quart-arrière et ancienne gloire des Jets, lui a fait des reproches. (Esiason s'est longuement excusé le lendemain.)

Les Mets se sont rangés derrière leur joueur, Murphy a envoyé promener ses dénigreurs et tout s'est bien terminé.

Et si ça s'était passé chez nous? me suis-je demandé. Je ne crois pas que les émissions de radio sportives soient le reflet de tous les amateurs de sports, loin de là, mais est-ce que notre société aurait été plus tolérante, plus progressiste, que la majorité des Américains? J'aime à penser que oui.

Supposons que la femme de David Desharnais perde ses eaux et que notre homme saute dans un avion à Chicago pour la rejoindre à Montréal.

Il y reste trois jours et rate le match important du CH contre les Blue Jackets de Columbus. Qu'en auraient pensé les auditeurs de Ron Fournier? Est-ce qu'ils auraient été unanimes à appuyer Desharnais? Est-ce que certains auraient dit: «Elle accouche? So what? C'est sa job»?

Et Ron-Ron-Ron? Qu'en aurait-il pensé?

Les joueurs du CH abandonnent souvent leur équipe lorsqu'il y a de la maladie ou un accident dans leur famille. Personne ne rouspète, et c'est très bien. Mais pour un «simple» accouchement?

On saura peut-être un jour où se situent nos amateurs de sport au sujet du congé de paternité chez le Canadien.

En attendant, Daniel Murphy est le fier papa d'un premier enfant, Noah, 8,2 livres.

Tout le monde se porte bien, sauf peut-être Boomer Esiason.

***

Vous avez peut-être vu Felipe Martins marquer le but égalisateur de l'Impact, samedi? Après son exploit, il a ramassé le ballon et l'a inséré dans son maillot pour faire une bedaine ronde.

Les joueurs de foot ont l'habitude d'envoyer ce message d'affection à leur femme enceinte. C'est tellement cute.

Mais je me demande si, au Brésil, un joueur qui raterait un match de la Seleçao parce que sa femme accouche...

Les héros et les egos

Alors, que pensez-vous de notre équipe? Des victoires en rafale et un spectacle excitant en plus...

Et nos p'tits gars sont plus robustes que l'an dernier. Marc Bergevin a ajouté petit à petit ce qui manquait, Weise, Weaver, Murray, Prust, Parros... Nous sommes moins moumounes qu'avant.

Et puis, il a ajouté Thomas Vanek, qui est comme Marco Di Vaio pour l'Impact: un joueur qui coûte cher, mais qui fait le travail.

Reste à régler le conflit Therrien-Subban...

L'entraîneur a puni son défenseur encore une fois vendredi dernier, et P.K. le méritait. L'équipe va bien, ne viens pas tout gâcher, jeune homme...

Et Therrien y est allé fort. J'ai moins aimé sa réaction après le match. En réponse à nos collègues, l'entraîneur a dit, concernant Subban: «Nous, les entraîneurs, devons prendre des décisions.»

D'habitude, il parle au «je»...

Enfin, dans la rubrique «Ferme-la donc...», pas de félicitations pour Rene Bourque, qui a déclaré qu'il souhaiterait jouer avec de meilleurs compagnons de trio... (Ses coéquipiers étaient Ryan White et Michaël Bournival à ce moment-là. On imagine leur visage en entendant ça...)

Le concept d'équipe, le «laissez votre ego à la porte du vestiaire», n'entre pas dans la tête de tout le monde.

C'est pourquoi les entraîneurs de hockey, surtout ceux du CH, grisonnent si vite.