C'est l'histoire de deux Québécois qui parlent d'athlétisme. Une jeune athlète de pointe et un vieux chroniqueur de sport.

Karine Belleau-Béliveau me disait que l'athlétisme n'est pas connu au Québec et que c'est dommage.

«Je sais que les sports d'hiver et le hockey sont très populaires, mais il faudrait apprendre à connaître l'athlétisme. C'est un très beau sport. Il est suivi à travers le monde.»

J'écoutais ses propos et j'avais un pincement au coeur. Karine est trop jeune pour savoir que pendant les années pré- et post-olympiques, nous étions encouragés à pratiquer le plus noble de tous les sports, l'athlétisme. Jusqu'à l'école. Et nous étions fascinés, nous connaissions les grands noms, les records...

(C'est pas pour me vanter, mais j'ai déjà remporté des championnats scolaires en javelot et disque avec l'école Saint-Pierre-Claver. J'ai même tâté de la perche, mais j'ai abandonné avant de me casser la gueule pour de bon...)

Les JO et le temps ont passé et Karine disait juste... Après un 15 minutes de gloire, l'athlétisme a disparu de notre paysage sportif.

«On devrait voir les grands meetings européens d'athlétisme à la télévision. En France, par exemple, ils sont toujours présentés et c'est très suivi.»

Nous étions à l'hôtel de ville pour une annonce intéressante: les championnats intérieurs canadiens d'athlétisme auront lieu au Complexe sportif Claude-Robillard les 14, 15 et 16 mars prochains. La dernière fois, c'était en 1998 et Bruny Surin avait battu Donovan Bailey...

Cette fois, sa fille Katherine participera au 400 mètres. Karine Belleau-Béliveau est spécialiste du 800 mètres et tous ces beaux spécimens humains se préparent en vue des Jeux du Commonwealth.

Notre maire, Denis Coderre, était présent. Je n'ai pas voté pour lui, mais depuis qu'il est en poste, j'avoue que je me suis peut-être trompé sur son compte. J'ai enfin l'impression d'avoir un maire pour défendre mes intérêts de citoyen.

Lorsqu'il a pris la parole lundi, il nous a rappelé qu'il avait été ministre des Sports à Ottawa et il a enchaîné avec une de ces formules vides dont il a le secret: «Montréal va s'assumer...»

J'ai cessé d'écouter.

Karine est plus intéressante.

«Aux États-Unis, l'athlétisme est très bien organisé dans les universités. En Europe, les athlètes sont membres de clubs privés. Au Canada, certaines universités aident un peu, mais l'athlétisme se pratique dans des clubs et dépend de commanditaires.»

Karine a réussi à dénicher assez de commandites - mentionnons Mediagrif et le cabinet d'avocats Norton Rose pour leur beau geste - pour se consacrer à son sport à temps plein.

«Je suis contente que les championnats canadiens se déroulent chez moi. Je m'entraîne à Claude-Robillard, à l'Université McGill et l'hiver en Arizona. Il me faut entre 20 000 et 30 000 $ pour couvrir mes frais.

«Je vais en Europe entre deux et trois mois par année. Il faut être invité à des rencontres. Les super-vedettes gagnent leur vie en athlétisme, mais on parle d'un petit nombre. Les autres doivent se débrouiller...»

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Le Complexe sportif Claude-Robillard, construit pour les JO de 1976, est toujours un fleuron montréalais. Il s'agit en fait d'une fourmilière toujours en ébullition avec des centaines de sportifs de toutes disciplines. Même Lucian Bute y avait installé son quartier général et gymnase. Cet investissement-là est une réussite.

Pour les championnats canadiens, la Ville a fait des rénovations estimées à 1,2 million.

«La piste intérieure est bien rénovée, nous dit Karine, mais il y a une autre piste à l'extérieur qu'il faudrait faire revivre. Il y a encore du chemin à faire...»

Entre observateurs de la scène sportive locale, nous nous demandions lundi s'il y aurait foule au Complexe Robillard ce week-end-là. Nous étions pas mal tous du même avis: non.

Mais nous pourrions nous tromper.

Il y aura 700 athlètes présents et, parmi eux, Karine Belleau-Béliveau. Comme porte-parole de l'événement, ils n'auraient pu mieux choisir. Une athlète et une personnalité à découvrir.

Entre les nouvelles sur Carey Price, bien sûr...