Nous étions sur les lignes de côté à la finale universitaire de crosse au champ entre Guelph et McGill au stade Molson, la semaine dernière.

Le match était serré et un monsieur près de nous encourageait fort les Redmen dans les dernières minutes du jeu.

Christian Robert s'était entendu avec la direction de McGill: en cas de victoire, son entreprise, Graduor, fabriquerait des bagues de championnat pour chacun des membres de l'équipe. Une commande d'une trentaine de bijoux.

Mais pendant que nous combattions le froid intense, les Redmen se sont écroulés en fin de partie et ont perdu le championnat canadien. M. Robert a encaissé le coup comme un gentleman et il est retourné chez lui bredouille.

Ainsi va la vie du fabricant de bagues de championnat...

À Terrebonne, Alain Beauchamp, président de Graduor, ne semble pas stressé. Les affaires vont bien.

Et lorsque le Canadien remporte la Coupe Stanley, qui fabrique ses bagues?

«Le CH n'a pas gagné depuis 1993, alors c'est difficile à dire... Mais nous aurions de très bonnes chances d'obtenir le contrat. Nous sommes le plus grand fabricant au Canada, avec une trentaine d'employés. Aux États-Unis, il y a de très grosses compagnies.»

Les clients de M. Beauchamp sont nombreux et bien connus. Il a fourni les cinq bagues de championnat des Capitales de Québec, l'équipe de baseball. Les Mooseheads de Halifax et les Cataractes de Shawinigan, les deux derniers gagnants de la Coupe Memorial, se sont adressés à Graduor, de même que les Spartiates du Vieux-Montréal (football), les Chetahs de Vanier (football), les organisateurs du tournoi pee-wee de Québec (hockey), les gagnants des Bols d'or (football), Football Québec, Baseball Québec, la liste est longue.

Et pourtant, après avoir vaillamment défendu les couleurs de Rosemont pendant une dizaine d'années, je ne vois pas de bague de championnat sur ma cheminée...

«La mode a commencé il y a environ 20 ans. Auparavant, la fabrication était trop dispendieuse et compliquée. Il n'y avait que les bagues du Superbowl et de la Coupe Stanley, des grands championnats. Maintenant, nous avons la technologie, et le plus petit champion veut sa bague...»

Elles coûtent entre 100 $ et 3500 $, selon qu'elles sont en or ou en duralium, un métal blanc «plus cher que l'argent et moins cher que l'or». Graduor fabrique aussi entre 15 000 et 20 000 bagues de finissants, une autre tradition qui a ses origines aux États-Unis. Grâce à ses contacts au Québec, M. Beauchamp fabrique des bagues pour les équipes de football américain en France, où le sport se développe.

«Chaque fois qu'un championnat approche, nous contactons le club par courriel, puis nous leur envoyons nos modèles. Ils choisissent ce qu'ils veulent voir sur leur bague. Le nom de chaque joueur, son numéro, ou n'importe quelle fantaisie... Chaque bague est personnalisée et finie à la main, polie, limée, chaque pierre posée une par une. Nous avons fabriqué 15 000 bagues de championnat l'an dernier.»

Et M. Tremblay conclut: «Guelph a battu McGill la semaine dernière, mais nous les avons contactés dans les jours suivants et ils ont commandé des bagues pour tous leurs joueurs et entraîneurs...»

Le gérant d'estrade

En général, le gérant d'estrade typique aurait du mal à se plier en deux pour attacher ses patins tout seul. Il appellerait la police au premier coup de coude au visage et accrocherait ses patins après la première mise en échec solide.

Ce qui ne l'empêche pas de se moquer des athlètes qu'il voit de son confortable fauteuil. Il n'hésite pas à dénigrer et à ridiculiser des hommes qui ont persévéré pendant de nombreuses années, qui ont subi des coups violents sans s'arrêter, qui ont été blessés, parfois gravement, qui ont souffert et tout de même fait tout le travail pénible et nécessaire pour se retrouver là où nous les voyons.

Les athlètes que vous voyez à la télévision ont beaucoup de mérite.

Se moquer d'eux est une marque d'ignorance. Un manque de respect. Le gérant d'estrade qui joue à l'empereur, le pouce pointé vers le bas devant une personne sans défense, n'est pas un homme admirable. Dans sa tête, la seule vedette, c'est lui.

Éliriez-vous un gérant d'estrade typique comme maire de votre ville?