Lundi dernier, un copain me racontait sa dernière visite au Centre Bell. Il se souvient d'avoir été agressé par des bruits de toutes sortes, par des publicités et une foule en délire qui torturait ses oreilles et son système nerveux.

Et puis, il a regardé autour de lui et il a constaté que les spectateurs ne criaient pas, qu'ils bavardaient tranquillement entre eux. Mais Daniel entendait tout de même une foule en délire qui s'en prenait à ses tympans.

C'est un enregistrement, m'a juré mon ami; ils le font exprès pour que le bruit ne s'arrête jamais.

Il faut dire que Daniel est un peu bougonneux, qu'il se plaint souvent et qu'il n'est pas un fan de l'humanité en général. Alors, j'hésitais à le croire.

Jusqu'à ce que je reçoive, hier matin, le courriel d'un lecteur de Trois-Rivières, Michel Lebrun, qui a assisté au match d'ouverture contre les Maple Leafs de Toronto, mardi soir: «Mais une autre chose m'agace royalement dans ce Centre Bell. J'avais emmené un ami qui m'a fait remarquer à quel point c'était bruyant. En effet, je me rends compte qu'on ne peut pas avoir une conversation normale sans hausser significativement la voix. Au début, je me dis que c'est normal, premier match, foule excitée, c'est le prix à payer.

«Je me mets à regarder la foule et je dis à mon chum que c'est drôle, on dirait que le bruit de la foule est anormalement fort par rapport à ce que je vois. Je fais le tour de l'aréna, je ne vois personne qui applaudit, qui crie, alors que mes oreilles entendent une foule après une conquête de la Coupe Stanley en prolongation du 7e match. Mon compagnon est d'accord. On nous shoote une foule en délire à plein tube, comme les rires en canne qu'on met dans les sitcoms bidon. Comment est-ce qu'on justifie cette décision d'enlever à la foule jusqu'à la possibilité de réagir librement?»

Eh bien, mon copain Daniel avait peut-être raison. Je me suis couché un peu moins naïf.

Mais lorsqu'on y pense, à force de vivre à une époque où tout le monde ment, de Lance Armstrong à Alex Rodriguez, des politiciens de tous niveaux aux avocats, ingénieurs, fonctionnaires, banquiers, hommes d'affaires, pourquoi pas le Centre Bell?

À 220 $ le billet, M. Lebrun, lui, était un peu fâché qu'on le manipule à ce point.

Malédiction

On dirait que notre cher Canadien est victime d'une malédiction. Rien ne fonctionne pour cette équipe. On dirait que les fantômes bleu-blanc-rouge l'ont abandonnée.

Commençons par Richard Zednik, presque décapité par les Bruins de Boston, puis Max Pacioretty plus près de nous, puis Lars Eller en séries éliminatoires contre les Sénateurs d'Ottawa.

Voilà qu'on embauche un joueur pour mettre fin à tout ça, George Parros, mais il quitte la patinoire sur une civière à son premier match.

Rien ne fonctionne, qu'a-t-on fait de mal?

On peut tout de suite avancer que la baloune du CH a vite dégonflé pendant ce match d'ouverture. Les deux équipes que nous avons vues ne remporteront pas la Coupe Stanley, loin de là, mais le CH a trouvé le moyen de perdre à domicile contre de médiocres Maple Leafs. Ça promet pour la suite.

Et puis notre nouveau Superman a passé la nuit à l'hôpital en entendant des cloches. C'était du joli.

Accident

Les joueurs du CH ont tout de suite parlé «d'accident», comme si de telles choses se produisaient rarement. Il ne fallait surtout pas conclure que les bagarres devraient être éliminées.

Un accident!

Les membres de l'AJLNH ne pourront jamais reprocher à la direction de la LNH de ne pas les protéger. Ce sont eux qui se cognent la tête sur les bandes et sur la glace.

Et puis, félicitations aux collègues qui ont réalisé, après «l'accident», que les bagarres étaient dangereuses. Quelle perspicacité!

Peut-être un peu tard, mais quand même.

J'ai bien aimé celui de la télé qui nous a conseillé de mettre le match de hockey au second plan et de penser à la vie d'un homme. Je me demande s'il aurait dit la même chose si son CH avait gagné, mais bon.

Allez, la saison de hockey a recommencé, pour notre plus grand plaisir.

Profitons-en, n'est-ce pas?

Un accident est si vite arrivé.