Dimanche dernier, il faisait très beau, mais si vous marchiez sur le trottoir d'une rue commerciale, il était étonnant de voir beaucoup de gens à l'intérieur des bistros et cafés, devant les écrans de télé, plutôt que sur les terrasses. Raonic et Nadal avaient pris le contrôle de la ville, un peu comme lorsque le CH joue en séries éliminatoires.

La Coupe Rogers du stade Uniprix a toujours été populaire, mais avec les succès des joueurs canadiens, ce fut une semaine exceptionnelle. On peut même se demander quand nous reverrons une compétition aussi excitante. Le spectaculaire duel Djokovic-Nadal en demi-finale nous avait bien démontré que ces deux-là étaient heureux d'être ici.

Si Raonic n'a pas résisté très fort à l'Espagnol en finale, il fallait le comprendre. Le garçon, encore jeune, était vidé après autant de pression. Une baisse de régime était inévitable. C'est la loi du sport. De tous les sports.

Au cours de cette semaine idéale, grâce en partie au beau temps, la seule fausse note a été largement ignorée des médias. Après s'être incliné devant le très sympathique Milos Raonic, un tennisman letton s'est laissé aller à une attaque vicieuse contre les joueurs canadiens. Il s'agissait d'un mauvais perdant qui libérait sa frustration, et les collègues ont eu raison de ne pas en faire un plat.

Sauf que tout ce que le bonhomme a dit n'était pas faux. On n'applaudit pas une double faute. Ce n'est pas dans l'esprit du sport, même lorsque l'adversaire est un compatriote. Ce geste était de trop.

Nous savons depuis toujours que nos foules - et pas seulement les nôtres - poussent parfois jusqu'à la méchanceté. Parlez-en à Patrice Brisebois, à Serge Savard...

Un collègue des médias anglophones a répondu au mauvais perdant letton, mais mal. Il a choisi de dénigrer un pays et tout un peuple pour les propos d'un seul homme.

La Lettonie, aussi petite et pauvre soit-elle, ne mérite pas notre mépris. Ni aucune autre nation, d'ailleurs.

Impact et Alouettes

Nos deux clubs d'été sont affreux ces temps-ci. Surtout les Alouettes, qui perdent de façon déshonorante. Ils donnent la victoire à l'adversaire sans que ce dernier soit vraiment efficace.

La première défaite de Jim Popp à titre d'entraîneur-chef ne doit pas lui être attribuée. Un entraîneur de football n'y peut rien quand ses hommes accordent six revirements. Il y a une expression consacrée au football américain qui s'est répandue dans le langage populaire: Don't drop the ball...

Au bureau ou à l'usine, si vous commettez une gaffe qui sabote le travail de tous vos collègues, vous avez échappé le ballon.

On verra la suite. Avec une victoire en Saskatchewan, les Alouettes peuvent encore provoquer un tournant et sauver leur saison. Mais... Dans l'entourage du club, on sait que Popp est un dépisteur de génie, mais pas un entraîneur. Tout le monde le sait, sauf lui...

Bonne chance quand même.

Quant à l'Impact, le pauvre M. Schällibaum ne doit pas bien dormir par les temps qui courent. On peut s'attendre à une colère publique du président Joey Saputo d'un instant à l'autre. Ce président-là a la mèche courte.

42

J'ai finalement visionné le film 42, qui relate la carrière de Jackie Robinson. Après hésitation, parce que pour un chroniqueur de sports, il y a des redondances. Après un certain temps, on connaît la chanson...

42 est un film de facture conventionnelle, comme le diraient les deux Marc, mais il aurait été difficile de produire un navet avec une telle histoire, revue, répétée, remâchée ou pas. La vie de Robinson est un grand moment dans l'histoire de l'Amérique moderne.

J'ai par contre été choqué de voir la place qu'y tenait Montréal. Le scénariste en a fait une sorte de Sibérie qu'il fallait éviter ou quitter le plus vite possible.

Or, nous savons que Montréal faisait partie du plan de Branch Rickey pour introduire un joueur noir dans un monde blanc. Montréal, une ville non raciste, du moins à l'époque...

Robinson et sa femme ont longtemps parlé de l'accueil qu'ils avaient reçu chez nous, des foules qui poursuivaient Jackie pour le porter en triomphe, au point de lui faire peur.

Il y a quelques années, sa fille, une dame très allumée, nous a raconté comment les voisins d'une petite rue du quartier Villeray portaient les sacs d'épicerie de sa mère qui était enceinte. Nous étions réunis devant la modeste maison de Villeray pour y inaugurer une plaque sur le balcon du résidant actuel, qui n'en croyait pas ses yeux.

Bref, le séjour de Jackie Robinson à Montréal vaut un film en soit. Il pourrait être conçu et produit par des gens d'ici.

En attendant, nous verrons Hot Dog. Après tout, nous l'avons subventionné.