Le Québec pourra se vanter d'avoir été en avance, et d'une vingtaine d'années, sur le reste du Canada en ce qui concerne l'enseignement du hockey.

La décision d'interdire les contacts physiques chez les pee-wee et plus jeunes vient d'être imitée par les autres provinces.

Il était étonnant de voir que certaines fédérations étaient toujours contre et que d'autres proposaient même des contacts chez les débutants.

Tout ça dans le but de les préparer pour la Ligue nationale, ce qui est d'une absurdité effrayante. Une fraction infime des hockeyeurs de cet âge atteindra la Ligue nationale, tandis que tous encaissaient des coups parfois dangereux sous la direction d'entraîneurs inconscients. À notre époque où les commotions cérébrales sont de plus en plus connues et étudiées, des chercheurs ont vite découvert que les pee-wee en souffraient autant que les adultes professionnels.

La «préparation pour la Ligue nationale» devenait en fait un processus d'élimination naturelle, alors que les plus forts survivaient en laissant des milliers de jeunes innocents amochés et écoeurés, parfois pour la vie.

Tout ça pour satisfaire des adultes, ne l'oublions pas.

Les dirigeants de hockey mineur sont donc encouragés à ne pas commencer à enseigner la mise en échec aux plus petits et à insister sur le patinage et le maniement de la rondelle. Bref, former plus de Sidney Crosby et moins de Ryan White.

Les Européens, qui forment leurs jeunes de façon plus sportive et logique depuis toujours, dominent d'ailleurs la Ligue nationale de nos jours. (Si vous ne me croyez pas, sachez que les trois gardiens candidats au trophée Vézina sont européens.)

Même les Américains ont rejoint les Canadiens, qui sont angoissés à la pensée de perdre ce qu'ils appellent leur sport national, qu'ils ont transformé en anti-sport.

Tout ça ne réglera pas le problème du hockey canadien et québécois - on soupçonne que le carnage reprendra vite au niveau bantam -, mais il s'agit d'un pas dans la bonne direction.

Un autre pas dans la bonne direction serait d'éliminer les bagarres.

Même les plus jeunes s'en donnent à coeur joie dans les arénas du Canada, souvent sous les yeux d'adultes qui les encouragent.

Vous voyez que ce n'est pas gagné. La solution: des sanctions très sévères pour ceux qui laissent tomber les gants. Du genre expulsion. La méthode a fait ses preuves dans les universités américaines et en Europe.

Beckham pour toujours

On peut lire et entendre parfois que David Beckham a été un joueur surévalué. Faux. Les connaisseurs de football ont toujours connu sa valeur: un très bon joueur, certainement pas le meilleur, sans aucun doute. Mais un joueur fiable, très travaillant, bon coéquipier et personnage modeste qui a toujours eu du temps pour les fans. Ce n'est pas rien.

Or, il est le plus riche, et c'est peut-être ce qui en agace certains. Que voulez-vous, le bonhomme a rejoint Michael Jordan comme sportif le plus connu de la planète. Jordan a accumulé une immense fortune à titre de représentant de Nike. Beckham a une vingtaine de commandites prestigieuses en poche.

Il sera intéressant de voir si son nom perdra de son lustre avec la retraite. Les experts en marketing sportif en doutent. Les médias du monde parlent de lui tous les jours depuis qu'il a pris sa retraite la semaine dernière. Chacun y va de son analyse. «Beckham vend du foot à tous les mâles et du sexe aux femmes et aux hommes gais.» Partout sur la Terre.

La MLS peut le remercier d'avoir installé pour de bon le football en Amérique.

Lors de son passage à Montréal avec le Galaxy de Los Angles, j'ai pu observer le phénomène. Beckham avait tout son temps pour les enfants, les fans et les médias. Très poli, modeste, souriant, accommodant.

Quand je me suis approché de lui sur le terrain du Stade olympique, lors de la journée des médias, il m'a dit bonjour en souriant et a répondu à ma question comme si on se connaissait depuis toujours.

Je suis, comme toute la planète, devenu un fan.

Le stade Ron-Piché

S'il était toujours avec nous, Ronald Piché serait content de voir que sa ville natale, Verdun, se souvient de lui. Le stade Ron-Piché a été inauguré ce week-end dans le sud-ouest de Montréal et devant des membres de sa famille. Être honoré chez soi, ça ajoute au plaisir.

Ronald Piché n'aimait pourtant pas les honneurs. C'était un homme simple et calme. Quand il travaillait pour les Expos, je profitais parfois des moments libres - des heures de pluie qui retardaient le match, par exemple -, pour m'asseoir et bavarder avec lui. Et je retournais en enfance lorsqu'il me parlait de ses coéquipiers chez les Braves de Milwaukee des années 60: le grand Hank Aaron et Warren Spahn, le lanceur de légende qui l'avait pris sous son aile. Ces moments privés avec Ron Piché demeurent parmi les beaux souvenirs du métier.

Ronald Piché avait vécu des choses extraordinaires dans les Ligues majeures de baseball, à une époque où bien peu de Québécois y parvenaient.

Il ne le criait pas sur tous les toits - trop timide, trop humble -, mais il le racontait bien si on prenait le temps de l'écouter.