L'Impact nous a fait savoir hier qu'il restait 8000 billets pour son match d'ouverture, le 16 mars, au Stade olympique. «Huit mille places» et «Stade olympique» ne vont pourtant pas dans le même communiqué.

Et puis, on apprenait que les attentes de Joey Saputo et de son équipe s'étaient adaptées à la réalité. On n'ouvrira pas la section 400 cette fois, parce qu'on ne vendra pas assez de billets.

Après quelques foules records de 50 000 et plus pour des matchs de soccer, l'Impact croyait avoir la ville à ses pieds. J'avoue que j'y croyais moi aussi.

Le club est ensuite passé dans son nouveau stade Saputo et, dès le premier match, on a compris que quelque chose n'allait pas. Il y avait de nombreux sièges vides pour cette soirée qui devait être historique. Je me souviens d'avoir croisé Richard Legendre, qui fixait les gradins sans bouger. Lui ne voyait que les sièges vides. Je ne l'ai pas dérangé, il semblait un peu ébranlé.

Ça ne s'est pas arrangé au cours des matchs suivants et l'Impact a dû se rendre à l'évidence: il visait trop haut. Les prix de certaines places ont été abaissés, des forfaits de groupe ont été offerts...

Il fallait convaincre le public et l'on imagine toutes les réunions en catastrophe, l'angoisse à la pensée de perdre la face et de devoir avouer qu'on s'était trompé. On imagine aussi la déception chez Joey Saputo, le fier et combatif président du club.

Trente mille billets ont été vendus jusqu'ici pour le 16 mars et il en reste donc 8000. Nous sommes tous revenus sur terre.

À Toronto

Pendant ce temps, à Toronto, il y a également une équipe de la MLS, mais aussi de la LNH, de la NBA, du baseball majeur, sans compter les Argonauts, de la Ligue canadienne de football. Aucun de ces clubs ne parle de partir ou de fermer ses portes. Il est même question d'une deuxième équipe de la LNH et - pourquoi pas? - d'un club de la NFL qui y présente déjà des matchs, histoire de tâter du Canada.

De là à dire que Montréal n'est pas une ville de sport au même titre que sa rivale ontarienne...

À Montréal, au dernier décompte, au moins trois équipes de basketball semi-professionnel ont tenté de s'installer. On a commencé petit, avec une salle de 4000 places au Centre Pierre-Charbonneau. Il y avait 500 personnes quand j'y allais. Cette saison, le Jazz y joue et on ne se bouscule pas aux portes pour aller voir ses matches. La nouvelle équipe de la Ligue nationale de basketball du Canada (LNB) termine sa saison samedi.

À mon avis, il n'y a rien de mal à ne pas être des maniaques de sport-spectacle.

Je me souviens d'un cinéaste australien de passage en ville: «Mes concitoyens sont des malades de sport, ils ne pensent qu'à ça. Pour le reste, pour le cinéma, la culture, ils sont nuls. Des ignorants...»

Le monsieur n'était pas fier de son pays.

À Montréal

Si vous demeurez à Montréal, dans le 514, par exemple, et que vous vous promenez dans divers coins de la ville, vous verrez des gens très actifs, des quartiers dynamiques qui organisent toutes sortes d'activités. Montréal est une ville qui bouge et qui aime rire. Ce n'est pas une ville en train d'agoniser, comme on le pense trop souvent en région.

Il y a toutes sortes de problèmes propres à une ville de dimension moyenne. Il y a des inconvénients, des trous, des embouteillages, des manifs et des escrocs, mais il y a surtout une population indomptable qui trouve toujours le moyen de s'amuser en faisant un bras d'honneur aux irritants, quels qu'ils soient.

Et puis, si le sport est ce qui vous intéresse, il y a aussi toutes sortes de sports, comme le handball, le cricket, le frisbee, le rugby, le skateboard, le vélo, le volleyball, le hockey cosom et bien d'autres qu'on pratique discrètement, entre amis, dans des gymnases ou dans des parcs.

Mais il est vrai que nous n'achetons pas facilement des billets hors de prix pour voir du sport-spectacle. Peut-être parce que le spectacle est ailleurs.

20 000 buts

Dans une autre dimension, on nous apprenait hier que Brian Gionta avait marqué le 20 000e but de l'histoire du Canadien.

Le capitaine a dit qu'il était très honoré d'apprendre la chose...

Menteur! Il s'en foutait et moi aussi, si vous voulez tout savoir.