La traversée du Saint- Laurent en canot est de retour à Montréal après 20 ans d'absence. 20 ans? Je n'en ai aucun souvenir. Faut croire que ce sport particulier n'avait pas séduit les Montréalais. «C'était pendant le Bal des Neiges, m'explique un des organisateurs de l'événement. C'était passé sous le radar.»

La traversée du Saint- Laurent en canot, dans nos têtes de Montréalais, se déroule au Carnaval de Québec. Même là, nous avons tout faux. Il y a six courses, celle de Québec étant la plus médiatisée. C'est d'ailleurs au Carnaval il y a longtemps que j'ai vu de près ma seule course. Mon souvenir: -40 degrés, trop froid, ce sera ma dernière.

À l'époque, l'épreuve était une affaire de famille, de génération en génération. Les Lachance, de Montmagny, par exemple, formaient une équipe de légende. Nous étions pas mal de spécimens des médias hier dans le Vieux-Montréal, au bord de l'eau et au pied de la tour de l'Horloge, pour voir à l'oeuvre quelques-uns des participants à la version montréalaise qui aura lieu le 23 février.

Des jeunes costauds et costaudes, parce qu'on dit «canot», mais en fait, ils rament peu et passent la plupart de temps à pousserou porter le grand canot qui fait 300 livres. À Québec la semaine dernière, justement, le fleuve était presque tout en glace. Les coureurs ont passé leur temps à lever le canot pardessus des blocs de glace. On nous dit que les gens qui pratiquent le rugby aiment beaucoup ce type de course. Facile à croire, les trois garçons qui étaient devant nous hier avaient en effet des carrures de rugbymen.

Philippe Charbonneau: «J'aime ce sport parce qu'il n'y a rien de plus beau que le Saint-Laurent en glace. C'est d'abord une course d'endurance, le bateau est lourd et nous avons 12 km à parcourir.

«Et puis une fois au milieu du fleuve, on ne peut pas arrêter et se plaindre. On tombe à l'eau, mais on ne se plaint pas du froid. On souffre, on saigne, mais on ne dit rien.

«Tous les gens qui ne pratiquent pas notre sport pensent que c'est un sport extrême. Tous, mais pas nous.» Son copain Pierre-Étienne Boivin: «Il faut aussi être prêt à toutes sortes de surprises. On fait face à des choses que l'on n'avait pas prévues du tout. Il faut improviser, se débrouiller.»

Dans leur temps libre, les trois filles présentes hier jouent au rugby. Marianne Biron-Hudon, 21 ans, étudiante en psychologie à l'Université Laval: «Aucune de nos familles ne pratiquait le canot sur la glace. Nous sommes une bande d'amies qui s'amusent. Mais c'est une affaire à temps plein. En plus de l'entraînement, on passe beaucoup de temps à préparer et réparer le canot, à chercher des commanditaires.» L'équipe de Marianne a eu la chance de trouver un commanditaire dans le Vieux-Port de Montréal, le Bota Bota Spa sur l'eau, comme quoi la collaboration Montréal-Québec est possible.

Le 23 février, 35 équipes de 5 rameurs, des gars et des filles, sauteront sur la glace, feront le tour de la tour de l'Horloge qui est bien jolie, parcourront un bout de fleuve et se partageront une bourse totale de 10 000 $. Mais, surtout, ils vont souffrir et beaucoup s'amuser. Philippe Charbonneau: «À cause de son tracé, la course de Montréal sera plus rapide, plus technique. Ça jouera du coude dans les virages» Quelque chose me dit que ce spectacle vaudra le déplacement.

Enfin, à titre de guide montréalais, j'ai expliqué à nos visiteurs québécois que le bel édifice devant nous était le fameux immeuble de la mafia. Ils ont dit «Ho! Ha! Alors c'est celui-là qu'on a vu à la télé.»

Ils étaient épatés. Bienvenue à Montréal.

Mais encore...

Un autre spectacle inusité aura lieu au cours du weekend qui vient. Sur l'esplanade du Stade olympique, il y aura des planchistes habillés de manière spectaculaire, mais, en bonus, des concours de bûcherons, un sport que j'adore, et des motoneiges acrobatiques en folie. L'événement s 'appelle Barberazi, le Festival hivernal des sports d'action, Barberazi étant, comme vous savez, un personnage mythique des Alpes suisses.

Tout ça en pleine ville. Attachez bien vos tuques, comme on dit.