Vendredi dernier, alors que le Rouge et Or de l'Université Laval jouait un superbe match de football, les quelque 500 Québécois qui ont fait le voyage à Toronto passaient un mauvais quart d'heure dans les gradins. Au point où certains l'ont mentionné à nos collègues reporters de la télévision. Il était question de commentaires agressifs et déplaisants.

Glen Constantin, entraîneur de Laval, un homme qui ne s'énerve pas pour rien, s'est senti obligé de le mentionner lui aussi. «Ça commence à être plate de ne pas avoir de respect à l'extérieur du Québec...»

L'affaire m'a rappelé les Cougars de Saint-Léonard, à Hamilton, il y a quelques années. Les Cougars sont la seule équipe du Québec à jouer dans une ligue civile ontarienne et, ce jour-là, les joueurs en ont eu assez du Québec bashing. Ils ont réagi. Sérieusement. On les a traités de voyous, mais on avait tort. Il fallait les comprendre.

Le Rouge et Or a battu, et de manière spectaculaire, l'équipe de la place, celle de l'Université ontarienne McMaster, devant plus de 30 000 personnes et dans le cadre des festivités de la Coupe Grey. Cela explique peut-être le fait que les reporters francophones n'ont pas insisté. Ils n'ont pas poussé plus loin. Ils ont fait des images, comme d'habitude, et je les soupçonne toujours de ne pas écouter les réponses à leurs questions.

Ou bien ils étaient dans l'esprit de la fête et de toutes les démonstrations dégoulinantes de patriotisme et de sentimentalité. Le Canada, notre beau et grand pays, qui ressemble à la Coupe Grey, à un train du Canadien National, au football canadien, à l'hiver, à un cheval au galop... N'importe quoi.

En écoutant Constantin et les partisans du Rouge et Or, vainqueurs et tout souriants, il faut le dire, faire le travail des reporters dans les gradins, je me suis rappelé pourquoi la Coupe Grey et la semaine annuelle de patriotisme n'avaient jamais réussi à m'emballer.

Qui a remporté la 100e Coupe Grey? Je m'en fous.

Et puis, j'ai pensé à nos ancêtres - je parle des Anciens ancêtres - qui ont inventé le sport afin que les hommes cessent de se faire la guerre. Ils étaient bien sages.

Enfin, ne faisons pas l'erreur de nous croire au-dessus de ce type de comportement. Rappelez-vous le match du Vendredi saint et la rivalité Canadien-Nordiques.

Ça va reprendre un jour, et j'ai bien hâte de voir si nous avons un peu plus de civilité qu'à l'époque. Si nous avons évolué dans le bon sens. Les paris sont ouverts...

Il s'agit d'un sport, après tout, d'un simple divertissement.

Un homme déplaisant

Vous avez peut-être vu Gary Bettman s'en prendre à un amateur de hockey la semaine dernière? Le monsieur s'était faufilé dans un scrum et il avait osé poser une question, poliment. Quand Bettman a su qu'il n'était pas accrédité, il est tombé sur le partisan, avec sa manière arrogante, méprisante, prétentieuse. On l'imaginait très bien à la table de négociations.

Bettman n'est pas con, et il a réalisé qu'il commettait un impair de relations publiques. Après tout, il avait devant lui un acheteur de billets, de bière et de produits dérivés, le genre à se priver pour verser toujours plus d'argent dans les coffres de la LNH.

Trop tard. Bettman a été malhabile dans son recul. Il a très mal paru.

De toute façon, la semaine précédente, le commissaire avait organisé une conférence de presse pour nous dire qu'il ne détestait pas les joueurs de hockey, contrairement à la croyance populaire, mais qu'il les aimait et que c'était pourquoi il travaillait dans le domaine du hockey.

On l'écoutait et on ne le croyait pas. Quand un patron se sent forcé de déclarer en public qu'il ne déteste pas ses employés, il est déjà trop tard.