Montréal a toujours une équipe de basketball semi-professionnelle qui vivote sans qu'on en entende parler. Dans les dernières années, j'ai vu deux autres équipes semi-professionnelles essayer de trouver une niche, sans succès, et disparaître. Je ne suis pas les aventures de la troisième...

Il s'agit toujours du même groupe de nostalgiques, d'anciens joueurs qui voudraient bien, mais qui n'y arrivent toujours pas. Les gradins sont toujours vides, les commanditaires se font rares...

«C'est un mystère, croit Samuel Dalembert, l'ancien Montréalais, membre des Rockets de Houston, qui joue dans la NBA depuis une dizaine d'années.

«Surtout avec le départ des Expos... Il me semble qu'il y a de la place pour une autre équipe de sport professionnel à Montréal.

«À Toronto, ça va plutôt bien, mais parmi les joueurs, il y en a toujours qui refusent d'y aller à cause des impôts. Il faudrait que le gouvernement du Québec accorde des privilèges aux basketteurs professionnels.»

Voyez comme l'affaire n'est pas simple...

Et pourtant, on joue beaucoup au basketball au Québec et les amateurs de ce sport ne manquent pas.

Mystère, en effet...

Basket sur béton

Samuel Dalembert - quel joli nom - représentait la NBA en fin de semaine sur l'esplanade de plus en plus active du Parc olympique. Chaque année, le plus grand circuit du monde du basket nous visite - la NFL l'a imité l'hiver dernier avec son spectaculaire party du Super Bowl au stade Uniprix du parc Jarry.

Des ateliers, des jeux d'adresse, un inévitable concours de slam dunk, des kiosques de commanditaires, mais surtout un grand tournoi à trois contre trois pour hommes et femmes de tous les âges.

Dalembert est un porte-parole très actif et enthousiaste.

J'ai rencontré de nombreux gros et grands hommes pendant toutes mes années dans ce métier, mais je place Dalembert parmi les plus imposants. Pour le regarder dans les yeux, il faut se tordre le cou. Et on n'a qu'à se tenir près de lui pour avoir un peu d'ombre...

Pas étonnant qu'à 15 ans, il a été repéré à l'école Lucien-Pagé et emmené dans une école du New Jersey. Quatre ans plus tard, il était dans la NBA.

«La NBA m'a contacté quand il a été question de venir à Montréal. Alors je reviens avec plaisir, je revois mes coéquipiers de l'école secondaire, j'ai encore de la famille ici, un frère, des cousins, des oncles et des tantes.

«Je travaille beaucoup en Haïti aussi. J'ai une fondation qui construit des maisons. Mais ce n'est pas facile, il y a toutes sortes de difficultés...»

Les Mercenaires de Candiac...

La fête annuelle de la NBA grossit: 75 équipes de quatre joueurs (un substitut) se sont inscrites au coût de 100 $ par équipe. Il y avait des adultes qui jouaient sérieusement, d'autres favorisaient le basket «récréatif», des garçons et filles de 13-15 ans, de 16-17 et de 18 et plus.

Dalembert, dont la conversation passe du français à l'anglais et vice-versa, nous dit que ces événements visent à aider les inner city kids, le terme américain pour désigner les jeunes défavorisés.

La visite à Montréal a attiré des jeunes défavorisés, mais pas seulement...

Louis-Gabriel, Gabriel, Émile et Igor, ce dernier dépassant les autres de plus d'une tête, ont fourni 25 $ chacun pour participer au tournoi des 13-15 ans. Ils étudient au collège Notre-Dame de Lourdes à Longueuil. Ils attendaient nerveusement leurs premiers adversaires, les Mercenaires de Candiac. Une autre équipe de 13-15 ans arrivait de Sainte-Adèle.

Qu'est-ce que vous recevez pour 100 $, les gars?

«Deux t-shirts, de l'eau et le droit de jouer. Il y a des voyages à gagner, mais c'est seulement pour les grands.»

Sur une musique hip-hop au plancher, plusieurs matchs avaient lieu en même temps.

«Ils sont courageux, les petits, a dit Dalembert. Il fait tellement chaud. C'est dur...»

Vrai. Reste à mes côtés s'il te plaît, Samuel. Juste devant le soleil, c'est ça!

Francis Jetté, dynamique relationniste de la Fédération québécoise de basket, en a profité pour nous apprendre qu'une nouvelle ligue semi-professionnelle a été lancée et qu'elle nous invite à un festival de basket le 14 juillet prochain au Centre sportif Édouard-Montpetit.

Les cinq équipes sont de Montréal, Laval, Rivière-des-Prairies, de la Montérégie et des Laurentides.

Est-ce le début d'une grande aventure?

On verra bien...

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Samuel Dalembert était présent sur l'esplanade du Parc olympique lors de la visite annuelle de la NBA, en fin de semaine.