Le Portugais près de chez moi rôtit vos sardines devant vous à n'importe quelle heure du jour. Il a aussi des huiles d'olive et des fromages importés qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais il n'ose pas prédire une victoire de son pays, demain, dans le choc contre le grand rival espagnol en demi-finale de l'Euro 2012.

«J'aimerais qu'ils gagnent, mais je ne me fais pas d'illusion...»

Il est vrai que l'Espagne est toujours championne du monde et de l'Euro, et que son équipe est certainement la plus belle à voir. Contrôle de ballon sublime, appelé le tiki-taka. Notre homme me montre un de ses clients, Umberto, l'expert maison...

«Ce sera un match très tactique, le jeu ne sera pas ouvert, à mon avis. Peut-être une nulle de 0-0 ou 1-1 et des tirs de barrage... Alors là, pourquoi pas le Portugal?»

Le néophyte que je suis en soccer n'est pas un néophyte en sport. Je crois que le Portugal est sur une belle lancée et que son as, Cristiano Ronaldo, semble enfin motivé dans le maillot du Portugal. Umberto corrige: «Il n'était pas motivé dans les deux premiers matchs, mais il a dominé dans les deux suivants. On ne sait jamais avec lui... Il aura sept de ses coéquipiers du Real Madrid devant lui. Ça pourrait le motiver...»

Avis aux automobilistes: éviter le boulevard Saint-Laurent entre Roy et de Mont-Royal demain après 16h. Il y aura du monde dans la rue et un embouteillage, un de plus.

Les gens porteront un maillot rouge ou un maillot bourgogne. Une moitié sera très joyeuse et l'autre, pas contente du tout. Il vaut mieux faire le tour...

La France des losers...

Vous remarquerez qu'on ne parle déjà plus des Bleus. Ils ont été éliminés, samedi, par les Espagnols, justement. Résumons leur décevante performance pendant tout le tournoi avec une citation de Francis Millien, notre Monsieur Soccer: «Quand ça n'allait pas, ils se regardaient les uns les autres au lieu de se regarder eux-mêmes. On a revu la France qu'on n'aime pas, la France qui ne se bat pas...»

La France des losers, Francis?

«C'est ça.»

Un message aux jeunes: si vous blâmez toujours vos coéquipiers pendant un match de n'importe quel sport d'équipe, vous aussi prenez le chemin des losers...

Ballon rond et balle cousue

Vous savez peut-être que nos associations de baseball et de soccer se disputent les trop rares terrains de jeu à Montréal. Mais vous n'auriez pas pensé qu'un pays de baseball comme Cuba - même Fidel Castro se vante d'avoir été un bon joueur - commence aussi à sentir l'invasion du soccer. Depuis que les autorités ont diffusé la Coupe du monde de 2010, les enfants de Cuba préfèrent le ballon rond à la balle cousue.

On ne veut pas faire de peine à nos nombreux amis fans de balle, mais les raisons sont les mêmes qu'à Montréal: les parents préfèrent le soccer parce qu'il est moins coûteux, qu'on peut jouer n'importe où, même à quatre ou cinq; les jeunes trouvent que c'est un sport dynamique et rapide. Ils le préfèrent à la lenteur et aux temps morts du baseball.

Le New York Times rapporte que les autorités cubaines s'en inquiètent et que les médias nationaux jurent que leur sport national, le baseball, ne disparaîtra jamais.

Je me permets de leur rappeler que rien n'est éternel, même pas Fidel Castro.

L'hostile stade Saputo

Les publicités de l'Impact à la télé nous montrent la section des Ultras où les gens dansent au milieu de bombes fumigènes. Une voix off et grave nous dit: «... demain, dans l'hostile stade Saputo.»

La pub exagère. Les Ultras ne sont pas méchants du tout, rien à voir avec les bandes de voyous dans les stades d'Europe.

D'où nous vient cette habitude de voir ou de vouloir voir la violence partout? Il y avait 150 000 personnes et beaucoup de policiers au Parc Maisonneuve dimanche soir. Combien de morts et de blessés?

Nous ne sommes quand même pas à Québec...

Carton rouge!

Nous n'avons pas su grand-chose de l'incident impliquant Miguel Montano de l'Impact et un employé du métro de Montréal. On sait qu'il y a eu un accrochage verbal, que Montano a gazouillé des méchancetés sur les Montréalais, qu'il est vite excusé et puis c'est tout. Le grand silence... Affaire étouffée, comme on dit.

Un de nos espions - nous l'appellerons Maradona - a assisté à la scène. Il se rendait chez lui quand il a entendu Montano et l'employé s'engueuler... «Je n'ai pas compris ce qu'ils disaient, j'étais trop loin... Mais soudain, Montano s'est jeté par terre en grimaçant et en se tordant de douleur. Il se tenait un genou, il a semblé perdre connaissance brièvement, mais il s'est relevé et il a demandé aux agents de sécurité de décerner un carton rouge.»

Voilà. Vous savez tout.