Nous bavardions tranquillement quand soudainement, Warren Cromartie a élevé la voix: «Le Canadien nous a demandé 850 $ pour une apparition de Youppi! Ce n'est pas correct. Youppi! était NOTRE mascotte! Ils ont demandé 850 $, n'oublie pas de l'écrire...»

Il manquait en effet Youppi! à cette joyeuse réunion au parc Bannantyne de Dorval, qui allait devenir le Gary Carter Field dans quelques minutes. Il était 9h et 12 anciens Expos étaient présents pour animer un atelier de baseball devant une centaine d'enfants. Des noms à vous ramener dans le temps... Tim Raines, Rodney Scott, le Hall of Famer Andre Dawson...

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Autour du terrain, quelques centaines de fans, la plupart portant une casquette ou une chemise des Expos. Des gens de tous âges, émus, souriants, des gens qui savent tout de l'histoire des Expos. Ils posaient avec les invités et leur disaient comment ils les aimaient.

Roland Office, Stan Bahnsen, Larry Parrish, The Bill Lee Show, comme nous l'a présenté Cromartie... Il est étonnant de voir comment les Expos sont toujours nos Amours, huit ans plus tard.

Cromartie dirige son Projet Baseball Montréal comme un gérant. Les ateliers allaient commencer à l'heure. Dans le champ droit, Ellis Valentine nous apprenait à capter un ballon en se tenant en position pour relayer la balle immédiatement. Souvenez-vous, Valentine était un maître du champ droit, avec un des meilleurs bras du baseball majeur. Les coureurs ne le défiaient pas.

«Je vis à Dallas. Je suis conseiller familial depuis 20 ans.

«Je suis certain qu'il y a toujours assez d'amateurs de baseball pour soutenir un club à Montréal. Il reste à trouver de l'argent.»

Un peu plus loin, Tim Raines encourageait son groupe à se débarrasser de la balle plus rapidement.

«Quand je pense à mon arrivée à Montréal, je pense au français. Je venais d'une petite ville de Floride et j'étais complètement perdu. Je ne comprenais pas ce qu'on disait autour de moi. Je ne savais pas quoi faire après les matchs, ni où aller. Maintenant, je me débrouille bien.

«Entre 1979 et 1990, j'ai vécu le meilleur et puis des choses pas très agréables. Le baseball m'a sauvé.

«Je suis convaincu qu'un club de baseball majeur vivrait bien ici, dans un petit stade, peut-être au centre-ville. Le baseball majeur retourne dans des villes qu'il a laissées. Washington, par exemple.»

Jim Fanning

Jim Fanning n'est plus très jeune, mais il demeure un des dirigeants des Expos les plus marquants.

Croyez-vous que le baseball majeur reviendrait à Montréal?

«Je vais vous répondre par un exemple. En 1965, je travaillais pour les Braves de Milwaukee. Le club avait décidé de partir pour Atlanta, une plus grande ville. Bud Selig, un homme d'affaires influent à Milwaukee, a formé un groupe, le Team Inc. Il se rendait avec ses associés dans toutes les manifestations du baseball majeur, le match des Étoiles, la Série mondiale, les réunions de dirigeants... Il vendait Milwaukee. Les Braves sont partis, mais Milwaukee a obtenu une autre concession et c'est toujours une bonne ville de baseball. Comme Montréal.»

Il faudrait construire un stade et les temps ne s'y prêtent pas...

«La plupart des gens ne seront pas d'accord avec moi, mais le Stade olympique était bon pour les Expos. Nous avons attiré de très belles foules pendant des années. Il n'y avait pas de problèmes avec le Stade olympique quand nous avions une équipe de qualité.»

Bryn Smith racontait qu'il y a quelques années, son copain Bill Gullickson, qui avait participé au tournoi de golf de la veille, avait été déclaré mort avant de revenir à la vie... Quand il parlait des Expos, ce sage monsieur était touchant.

Wallace Johnson, qui a joué pendant neuf saisons avec les Expos, se disait étonné de voir autant de monde. Il prenait son rôle d'enseignant au sérieux. Sous un soleil accablant, les anciens ont été très généreux avec les enfants.

Mark Lidbetter, un Montréalais, est l'un des membres très actifs du Projet Baseball Montréal.

«Nous avons trouvé quelques commanditaires pour nous aider. Aeroplan, par exemple, a offert des billets d'avion à tous les joueurs. Ils reçoivent un peu d'argent, pas grand-chose. Une star comme Rusty Staub demande 10 000 $ pour se déplacer. Ces gars-là sont venus pour rendre hommage à Gary Carter, à leurs autres coéquipiers et à leur gérant Dick Williams, qui sont décédés récemment. Ils aiment beaucoup Montréal aussi.»

Warren Cromartie a mis fin aux ateliers et il a réussi à faire taire Bill Lee, qui racontait ses exploits dans une ligue sénior.

«Venez tous ici, mes champions de 1981. J'ai prévu organiser ces mêmes événements l'an prochain. Vous avez un rendez-vous, les petits et les moins petits. Gary Carter doit sourire aujourd'hui...»

Douze anciens Expos et un fantôme ont fait la joie de quelques centaines de personnes samedi matin. Les Expos ne sont pas encore tout à fait partis.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Andre Dawson et Tim Raines étaient de ceux qui ont participé à la réunion d'anciens Expos, qui avait lieu au parc Bannantyne de Dorval, samedi.