Un médecin m'a déjà raconté que lorsque le Canadien jouait un match de séries éliminatoires, les salles d'urgence des hôpitaux étaient très peu achalandées.

Voilà donc un autre reproche que l'on peut adresser au Canadien, une autre raison pour laquelle le Bleu-blanc-rouge nous doit des excuses qu'il est trop orgueilleux pour nous offrir: il contribue, par sa médiocrité, à engorger les salles d'urgence et à augmenter l'angoisse du bon peuple.

Et ça ne s'arrête pas là. Le hockey du troisième millénaire semble déterminé à remplir les hôpitaux de l'Amérique.

J'ai vu et revu, dans des restaurants, des cafés et des vitrines de magasins Marian Hossa quitter la patinoire en civière. On ne peut pas rater ces scènes-là, n'est-ce pas, même si on essaie. Les médias électroniques sont trop contents d'avoir des images violentes à présenter. De la bonne télé... comme lorsqu'ils attendent que les victimes de malheurs pleurent avant d'arrêter la caméra.

Et tout ce beau monde est en train de gagner. La popularité du hockey explose. Autant dans des endroits traditionnels comme Boston et Philadelphie que dans des nouveaux. Surtout dans les nouveaux, parce que les spectateurs de Phoenix et de Nashville, par exemple, ne sont pas là pour admirer la qualité et la finesse du jeu qui leur passe 100 pieds par-dessus la tête.

Chris Nilan (et d'autres) avait l'habitude de nous dire: «Vous pouvez chialer tant que vous le voulez, je n'ai jamais vu un spectateur (ou téléspectateur) fermer les yeux quand il y a une bagarre.» Vrai, hélas.

Si Marian Hossa, Daniel Alfredsson, Sidney Crosby et les autres ont des maux de tête et des pertes de mémoire ce matin, Gary Bettman, lui, savoure son succès.

Hartford-Montréal

Parlant de Chris Nilan, qui était un bon bonhomme, mais à qui il ne fallait pas marcher sur les pieds, qu'on soit journaliste ou simple client dans un bar, j'ai vu presque tous ses matchs sur place.

J'ai pensé à lui en lisant les propos de Dave Tippett, entraîneur-chef des Coyotes de Phoenix, concernant le chaos qui sévit présentement sur la majorité des patinoires de la LNH: «De mon temps, les séries Hartford-Montréal étaient aussi rudes, mais on n'en parlait pas.»

J'ai bien connu Tippett, les Whalers et les séries Hartford-Montréal. Je les ai toutes vues sur place, à Montréal comme à Hartford. Elles étaient très rudes, en effet, mais les joueurs se blessaient rarement.

Ils étaient trop petits, à mon avis - Tippett le premier -, moins puissants, moins rapides et peut-être un peu plus respectueux les uns des autres. Et puis, il y avait des Chris Nilan pour remettre coup pour coup.

La mémoire joue parfois des tours. Elle nous fait dire des faussetés. Les relations publiques aussi.

Mais nous, on voit. Trop d'ailleurs...

Et Tippett ajoute: «Si vous avez peur de vous blesser, il y a d'autres sports à pratiquer...»

Ça, c'est la mentalité de hockeyeur-homme des cavernes qui ne veut pas disparaître.

Une bonne cause

Rocket, mon admirable poisson rouge, prépare un exploit sportif hors du commun: il veut être le premier de sa race à traverser l'Atlantique à la nage.

C'est pour une bonne cause. Mon aquatique ami est contre la pêche excessive. Il se porte à la défense de ses frères les thons et ses soeurs les morues.

Il paraît qu'au Japon, il est considéré comme un ennemi public...

«Dis donc, Rocket, l'Atlantique, ce n'est pas un peu rude pour un poisson rouge?

- On verra, mais merci quand même pour les encouragements. Je vois que tu as confiance en moi, mon supposé ami.»

Il dit ça, mais il sait très bien que je l'accompagnerai d'un bout à l'autre de son périple, en chaloupe.

Nous partirons de Saint-Malo, en Bretagne, pour accoster à Saint-Jean-Port-Joli, où nous en profiterons pour visiter la parenté.

Photo: Reuters

La mise en échec de Raffi Torres à l'endroit de Marian Hossa a été montrée à satiété.