Le très beau sport du handball est soudainement apparu dans les écoles de Montréal au début des années 70. C'était en prévision des Jeux olympiques, alors qu'on se sentait tous un peu olympien.

Faute d'entraîneurs compétents, on ne savait pas jouer, on le pratiquait comme le hockey, très pressés d'avancer et de bombarder le but adverse, alors que le handball est beaucoup plus subtil. C'est un jeu de déplacements, de positionnement et de contrôle de balle. On pensait aussi que c'était un sport de contact, vous imaginez le chaos dans le gymnase.

Puis, la fièvre olympique s'est éteinte et le handball a disparu de nos vies sportives.

Jusqu'à récemment. Hier, au Centre sportif Jean-Rougeau, dans le quartier Villeray - oui, Jean Rougeau, l'inventeur de la prise du sommeil, le chef du clan, mais aussi un monsieur qui s'est beaucoup dévoué pour les jeunes et qui a longtemps vécu dans Villeray -, il y avait trois matchs et une trentaine de spectateurs.

Le Club Celtique, seul club de handball à Montréal, accueillait des adversaires de Sherbrooke et de Lévis.

D'abord, les filles du Celtique l'ont emporté 28-21 contre leurs rivales de l'Estrie. Véronique, 17 ans, est une athlète précoce qui joue avec les séniors. «Nos joueuses sont surtout des mères de famille. Elles ont jusqu'à 40 ans.

«Mais il n'y a pas de relève. J'enseigne le handball à l'école Saint-Barthélémy quelques heures par semaine. Ce n'est pas assez. Il y a des programmes sports-études à Édouard-Montpetit, à Drummondville et à Granby.

«Le handball est populaire à l'école primaire, mais il y a très peu de débouchés au secondaire. C'est là le problème...»

Sport majeur

Les deux équipes masculines du Celtique comptent quelques Québécois, mais surtout des Français et autres immigrants qui ont vécu et joué en Europe, où le handball est un sport majeur.

Le gardien de but Jonathan Leduc est gardien de l'équipe nationale du Canada. Où en est le Canada en handball?

«Nous essayons toujours d'être admis aux Championnats du monde, mais c'est difficile. La dernière fois, c'était en 2005. Nous n'avons pas tellement de moyens. Nous avons quand même terminé au cinquième rang aux derniers Jeux panaméricains.

«Nos joueurs se situent à la fin de la vingtaine et au début de la trentaine. Après, il n'y a pas de relève.»

Les deux clubs de Lévis sont formés surtout d'athlètes... de Lévis. Et les handballeurs sont en général des costauds. Alexis Bertrand, un des visiteurs hier, est directeur technique de la Fédération québécoise de handball. Il revient de France, où il a joué du handball professionnel pendant quatre ans dans la région de Rennes.

«On cherche à implanter le handball dès le niveau première secondaire. Il y a un programme sports-études à Lévis et deux équipes séniors.» (En passant, les gars de Lévis ont battu l'équipe A du Celtique 26-24 dans un superbe match.)

À Montréal, François Devic, qui a joué en France et qui travaille comme programmeur de jeux vidéo - les programmeurs de jeux vidéo sont partout en ville - tient le flambeau.

«C'est difficile d'implanter le handball, pas à cause d'un manque de fonds, mais parce qu'il faut se rendre dans les écoles et convaincre les jeunes. Nous sommes tous des bénévoles et ce recrutement demande beaucoup de temps et de déplacements.»

À mon avis, le handball serait facile à vendre... Le jeu est rapide, athlétique et spectaculaire. Et santé aussi.

François Devic et le Celtique accueillent les jeunes à partir de 12 ans. Renseignez-vous à communication@celtiques.com ou au 438-886-1667.

Pensez-y, les parents. Pas de patins, pas de bâtons à 200 $ ni d'arénas hors de prix. Un sport olympique apprécié mondialement. Et si vos petits monstres, garçons et filles, ont de l'énergie à revendre, ils seront comblés.

Enfin, après les matchs, les joueurs prenaient le temps de remercier la trentaine de spectateurs présents, tradition européenne oblige. C'est mieux que d'agresser l'arbitre dans le stationnement...

Nouvelle unité de mesure

Ça pourrait devenir une blague courante, un running gag, comme ils disent en Mésopotamie. Nous étions quelques vieux copains dans un bar sportif samedi pour voir le match de l'Impact. Le service était lent, très lent. Un de nos joyeux drilles nous a demandé: «Pensez-vous que nos consommations vont arriver avant les Nordiques?»

La venue des Nordiques comme unité de mesure... Pas mal. Est-ce que le feu rouge va changer avant l'arrivée des Nordiques? Qui arrivera en premier, l'autobus ou les Nordiques?

Et ainsi de suite.

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

L'équipe masculine du Celtique de Montréal (blanc et vert) affrontait le club de Lévis, hier, au Centre sportif Jean-Rougeau dans le quartier Villeray.