Il reste encore plus de deux longues semaines... Je parle du CH, mais surtout des collègues qui doivent suivre ses activités et en parler chaque jour. Tout l'espace que les médias montréalais réservent au phénomène bleu-blanc-rouge devient un énorme fardeau quand il ne se passe plus rien.

J'ai connu de telles années et je sympathise. Et puis il n'y aura pas de séries éliminatoires à Montréal, ce qui est toujours une douche froide printanière. Et peut-être pas de saison l'an prochain... Les temps sont durs pour le petit chroniqueur de hockey sur glace montréalais.

Comme vous, je ne regarde plus tellement, mais quand je regarde, on dirait que le fils d'un homme que j'ai connu apparait. Après Blake Geoffrion, voici Marcus Foligno et Travis Turnbull chez les Sabres de Buffalo...

Mike Foligno était un joueur très robuste, assez habile pour être plus qu'un goon, bon joueur d'équipe et tout à fait doux et timide en entrevue, comme c'est souvent le cas avec des durs. J'allais souvent le voir avant et après les matchs contre les Sabres. Il était toujours gentil et accueillant. Il répondait à mes questions honnêtement.

Je me demande comment est son fils?

Perry Turnbull était venu à Montréal de St. Louis à la suite d'une transaction qui avait fait beaucoup de bruit. Trois Glorieux, dont Doug Wickenheiser, le tout premier choix qui avait fait un gros flop! contre Turnbull qui devait tout casser. Gros flop lui aussi.

C'était un beau grand blond frisé, costaud, mais, comme il arrive parfois, il avait l'air d'un bon joueur, il avait tous les outils, sauf pendant le match, où il avait seulement l'air...

Perry Turnbull a tout de même réussi un exploit pendant son séjour chez le Canadien: il est peut-être le seul joueur à avoir porté l'uniforme du club qu'Eddy Palchak, le responsable de l'équipement pourtant toujours très serviable, a détesté.

Pendant un certain temps, il changeait de patins tous les jours. Il allait se plaindre à Eddy, ça me serre au niveau du gros orteil, j'ai mal au talon, apporte-moi une autre paire...

Il lui aurait fallu un psychologue, mais, à l'époque, les psychologues n'étaient pas admis dans les vestiaires. On n'est tout de même pas dans un hôpital d'aliénés! Telle était la mentalité de l'époque. Appeler un psy aurait signifié la fin d'un joueur, du moins la fin de sa réputation dans la ligue.

Et pourtant, Turnbull n'était pas le seul. Il y avait plein de malades imaginaires qui ne parlaient pas publiquement de leurs problèmes. Les gardiens de but, surtout, ont souvent de ces obsessions qui frisent la névrose.

J'espère que le fils Turnbull ne souffre pas du même mal...

Camouflage

Vous avez peut-être vu les Raptors de Toronto, de la NBA, dans leur uniforme camouflage. Ils ont voulu rendre hommage aux Forces armées canadiennes, ce qui est très gentil.

Don Cherry a dû rougir d'émotion... Toronto aussi a apprécié.

Mais je ne suis par certain que si le Canadien, ou même l'Impact, se présentait à Montréal en tenue de combat, attirerait beaucoup de sympathie. Il faudrait préparer l'affaire avec un marketing intense...

Ça me rappelle un certain Tom Runnells, brièvement gérant des Expos. Il s'était présenté au camp d'entraînement en Floride en uniforme de G.I., voulant prouver qu'il allait changer la mentalité de l'équipe. Il voulait épater, il a fait un fou de lui...

Les Expos s'étaient rachetés en embauchant Felipe Alou, un rebelle, et les Montréalais l'ont vite adopté.

Le cirque Tebow

Antonio Cromartie, des Jets de New York, a accueilli son nouveau coéquipier Tim Tebow ainsi: «Qu'est-ce qu'il vient faire ici alors que nous avons Mark Sanchez pour les trois prochaines années?»

Bonne question, si vous voulez mon avis. Il sera intéressant de suivre le cirque Tebow - parce qu'il s'agit plus d'un cirque que d'un quart-arrière - à New York.

Notre homme se dit prêt à exécuter n'importe quelle tâche, même les plus modestes, pour aider sa nouvelle équipe. Tant mieux. Il devra peut-être commencer avec les unités spéciales. Ce gars-là ne sait pas très bien lancer le ballon, mais il est tout de même un athlète de premier plan.

Selon des médias américains, les Broncos lui auraient offert le choix entre les Jets et les Jaguars de Jacksonville, sa ville natale. Il a choisi l'enfer new-yorkais.

Curieux, tout de même.

Photo: Armand Trottier, archives La Presse

Perry Turnbull (à gauche) possédait toutes les qualités pour rayonner dans la LNH, mais il n'a pas répondu aux attentes. Presque 30 ans plus tard, son fils Travis suit ses traces dans la LNH.