Nous avons eu droit à un match très spectaculaire - on aurait dit que les deux défenses s'étaient passé le mot pour ne rien arrêter -, mais la journée a été plutôt désastreuse pour les Alouettes. Trente-trois mille spectateurs, c'est seulement 8000 billets de plus que ce qu'ils auraient vendu au stade Molson.

S'ils avaient disputé la finale de l'Est à Montréal, plutôt que la demi-finale, ils auraient eu une semaine de plus pour emplir le grand stade, ce qu'ils font d'habitude. Mais pour ça, il aurait fallu gagner un match de plus. Fin de saison douloureuse, donc, avec cette défaite de 43-1 contre Vancouver qui restera de travers dans la gorge.

Le grand stade, justement, décrié, humilié, menacé, mais toujours là pour servir. Certains analystes croient que les Alouettes devraient faire plus d'efforts et y disputer, par exemple, leur match d'ouverture.

Les gens de la RIO, pleins de bonne volonté, veulent restaurer le Parc olympique et en faire un lieu d'activités agréable à fréquenter. Je suis de ces Montréalais qui les encouragent fortement.

Il faudrait peut-être commencer par consulter les enfants et les adolescents, parce que les jeunes sont l'avenir de demain, comme l'avait dit un politicien enflammé et peut-être un peu en état d'ébriété.

La vérité sort de la bouche des enfants... Je n'ai jamais vraiment cru en cette maxime, mais il doit y avoir un fond de vrai là-dedans.

Il y avait plein d'enfants hier, alors commençons les recherches tout de suite. Vous verrez que la partie n'est pas perdue, mais qu'il y a beaucoup de travail à faire.

Zachary, trois ans et demi, était tout content d'être là.

Qu'est-ce que tu aimes du stade, Zachary?

- Les Monster Trucks.

Bon, en fait, Zachary s'exprimait mieux avec sa trompette, sa vuvuzela, qu'il maîtrisait étonnamment bien pour un si petit bonhomme. Son père s'attendait d'ailleurs à l'entendre pendant tout le match.

Éric, 9 ans, en était à une première visite après avoir assisté à un match au stade Molson, le domicile habituel des Alouettes.

- J'aime le Stade olympique pour l'ambiance et pour sa grosseur. Mais je préfère le stade Molson. On est plus près des joueurs...

Éric était raisonnable, il a commandé seulement un Coca-Cola. J'ai par contre eu du mal à obtenir l'attention des frères Fernando, 6 ans, et Francisco, 10 ans, qui tenaient à commander leur repas avant d'accorder une entrevue à La Presse.

Francisco: «J'aime quand les Alouettes marquent un touché et que la foule se lève. Et j'aime bavarder avec les spectateurs autour de nous. On se fait des amis. Mais le stade Molson est mieux pour inspirer les Alouettes. Ils nous entendent plus.»

Inspirer... comme c'est bien dit.

Fernando: «J'aime les Alouettes et la foule qui crie.»

Noté.

Marika, une grande fille de 15 ans, a trouvé le Stade olympique «assez beau», elle aime les grands espaces pour circuler et l'ambiance.

Les frères Henri et Georges, 10 et 13 ans, sont des habitués. Ils en étaient à une deuxième visite. Georges a même assisté à un match au stade de l'Université McGill. «Je préfère de loin le stade Molson. D'abord parce que nous sommes en plein air et que l'ambiance est meilleure. Ici, il y a trop de béton.»

Si le pauvre maire Drapeau entendait ça...

Enfin, Élyse, 8 ans, préfère les chevaux... mais elle avait mal compris la question. «C'est grand ici, j'ai mangé un hot-dog et du pop corn, très bon. Je veux revenir.»

Rien que sa façon de prononcer hot-doy valait le déplacement. Elle faisait une drôle de grimace en même temps et elle était mignonne comme tout. Je l'ai fait répéter, pour me faire plaisir.

Bon, amis de la RIO, j'espère vous avoir aidé, avoir dégagé une piste de réflexion, comme on dit en langue de bois administrative. Ne me remerciez pas, mais permettez-moi quelques commentaires.

Au risque de passer pour un grincheux, il faudrait revoir la stratégie pour les entrées et sorties de foule. Même à 33 000 personnes, c'était encore laborieux hier. À 50 000, on parle d'un embouteillage sur Décarie...

Et puis il faudrait améliorer la ventilation. En sortant du stade, on prenait de grandes respirations, on se croyait en Amazonie...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Jamel Richardson était découragé après la défaite d'hier. Les Alouettes ont joué au Stade olympique, ce qu'ils devraient faire plus souvent.