Vous vous souvenez de David Lemieux? Il était considéré comme l'avenir de la boxe québécoise avec une fiche de 25-0-0 et 24 K.-O. Tous en moins de quatre rounds.

Mais Lemieux a croisé, l'été dernier, un vieux de la vieille, un Mexicain du nom de Marco Antonio Rubio (57-5-1 et 52 K.-O.) qui l'a ramené sur terre. Défaite prs K.O.T au septième round et la vie de Lemieux basculait. (Son aventure ressemble à celle de Jean Pascal, lui aussi remis à sa place par un vieux de la vieille, Bernard Hopkins).

«Je n'étais pas content du tout, a raconté Lemieux, hier, lors d'une conférence de presse du Groupe Yvon Michel. Je ne m'attendais pas à ça. J'étais très déçu et je me suis tenu loin des gymnases pendant deux mois. C'est le temps qu'il a fallu pour m'en remettre.

«Et puis, je me suis rendu en Californie pour m'entraîner avec Sergio Martinez. (Considéré comme le boxeur no 2 au monde, derrière Manny Pacquiao).

«Martinez m'a ouvert des portes, il a pris soin de moi, il a mis les gants avec moi et m'a donné des conseils. C'est un gentleman.

«J'ai surtout appris que j'avais des lacunes au niveau de l'intensité, surtout à l'entraînement. Avant d'affronter Rubio, j'avais pris une longue pause et 26 livres. J'ai passé mon temps à perdre du poids avant de remonter dans l'arène. C'était une grave erreur.

«J'ai parlé avec (mon gérant et entraîneur) Russ (Anber) de la boxe, de la carrière et de la vie. Même des choses personnelles.

«J'ai compris que la boxe était un travail à temps plein. Comme tout le monde, je dois travailler du lundi au vendredi, ne plus arrêter l'entraînement, toujours surveiller mon poids.

«Bon, j'ai connu un gros down, mais c'est terminé. Je suis revenu. Je devrais me battre en décembre, peut-être en novembre.»

La version de Russ Amber

Le mentor de David Lemieux, le très expérimenté Russ Anber, a une version semblable de la situation, mais pas tout à fait.

«Quand on veut atteindre le niveau des champions du monde, l'élite de la boxe, le 5% du haut de la pyramide, il faut vivre uniquement pour ça. Il faut toujours y penser, quand on mange, quand on sort le soir, dans tout ce qu'on fait. Il faut avoir une attitude très spéciale.

«David a commis trop d'erreurs dans sa préparation. Quand il a engraissé de 26 livres, le combat contre Rubio était perdu. Il était en état de choc après la défaite. Il ne pensait pas que ça pouvait lui arriver.

«Il a apporté des changements à son mode de vie, mais pas assez. Je le lui répète et il n'aime pas l'entendre. Il a certainement le talent nécessaire, mais est-ce qu'il a la détermination pour aller jusqu'au bout? Je ne sais pas. C'est la grande question.

«Une attitude de champion, il l'a vue dans son dernier combat. Rubio a tout encaissé, il a souffert, il a mangé une volée, mais après la sixième ronde, il a pris le dessus.

«David peut battre n'importe qui au monde dans un combat de six rondes. Sauf que les combats durent 12 rondes...»

Le bon vieux temps

Dans le bon vieux temps - chaque fois que je commence une phrase ainsi, il y a des lecteurs, des jeunes surtout, pour me répondre que je suis un vieux con; alors, on recommence -, dans le bon vieux temps, il arrivait que les joueurs de hockey, même ceux du Canadien, disaient quelque chose.

Guy Lafleur ou Pierre Larouche pouvaient avoir une montée de lait et le faire savoir. Chris Chelios, Chris Nilan ou Shayne Corson aussi, et bien d'autres.

Cela ne se produit plus, hélas. Aujourd'hui, la direction du club leur apprend quoi répondre à n'importe quelle question, quoi dire et ne pas dire, bref, on leur apprend à ne rien dire du tout.

Andrei Kostitsyn commet-il des propos égarés dans les médias russes? Jacques Martin vous apprendra que ce n'est pas vrai, qu'on l'a mal cité, que tout va pour le mieux entre les deux hommes et on n'en parle plus. Compris?

Jacques Martin, justement, l'homme le plus interviewé au Québec... Est-ce qu'il dit quelque chose de temps en temps? Jamais.

Pierre Gauthier? Jamais.

Les joueurs? Ils parlent de leur contrat ou de leur genou, sans jamais émettre la moindre critique envers la direction de l'équipe. Si on entendait ce qu'ils se disent entre eux...

Tout ça nous donne des nouvelles un peu drabes et farfelues, genre: une recrue connaît UN bon entraînement? C'est un nouveau Brian Gionta!

Si vous saviez combien de nouveaux Guy Lafleur sont passés chez le Canadien, comme si des Guy Lafleur poussaient dans les arbres. Je me souviens d'un certain Gilbert Dionne, proclamé nouveau Guy Lafleur et qui n'a même pas été un Gilbert Dionne.

Tout ça pour vous dire qu'à l'ère des réseaux sociaux, le monde du hockey est fidèle à lui-même: déjà, il est défendu de tweeter deux heures avant le match et deux heures après le match. S'ils le pouvaient, les dirigeants du hockey banniraient Twitter et Facebook comme le font des dictateurs arabes ou asiatiques.

Et pourtant, tout cet espace et ce temps d'antenne que nous continuons à leur consacrer... Ces arénas que nous sommes prêts à leur offrir...

Est-ce qu'on se porterait plus mal si on réduisait le nombre de questions posées à Jacques Martin de moitié? Ou même des deux tiers?

Nous sommes en 2011 et nous accordons beaucoup trop d'importance et d'émotions à ce sport qui n'est pas plus brillant que les autres. Au point où l'on raconte encore que des bagarres à coups de poing «font partie du jeu», comme dans le bon vieux temps, qui n'était pas si bon que ça, mais qui n'avait rien d'autre pour se divertir en hiver.

Sans compter que les hivers, dans ce temps-là, n'étaient pas des hivers de moumoune... Mais bon.

À suivre...