Ainsi donc, le mot puck est gaélique et signifie la petite balle du hurling, un sport exclusivement irlandais. Ceux qui ont déjà vu un match - la CBC en a déjà présenté il y a plusieurs années - ne l'ont jamais oublié: il s'agit peut-être du sport le plus rude au monde.

Le hurley est le nom du bâton, un lointain ancêtre du bâton de hockey, et aussi le nom d'un bar de la rue Crescent où les Irlandais de Montréal, les vrais, ceux qui sont nés de l'autre côté de l'Atlantique, ont leurs habitudes.

Le Club social irlandais de Montréal, qui finance les Montreal Shamrocks, notre équipe de hurling, se réunissait dimanche dernier pour un Festival de la famille irlandaise dans le rang de la Vallée, à Sainte-Julie. Un grand chalet et deux grands terrains de jeux au milieu de champs de blé d'Inde leur servent de centre sportif et culturel. Discret. Très discret.

Notre hôte, Ronan Corbett, qui revenait justement de vacances dans sa famille en Irlande, ne jouait pas à cause d'une blessure à une épaule subie dans un autre sport irlandais très violent, le football gaélique, une mixture de soccer et de rugby. On dirait que ces gens-là croient que se taper dessus est un loisir...

Ronan raconte, dans un français impeccable: «Certains disent que le hurling est l'ancêtre du hockey. Les Irlandais le jouent en été surtout, mais il y avait une version hivernale.

«Le sport serait apparu vers les années 1300 ou 1400. Les livres d'histoire racontent que des soldats irlandais ont fait une démonstration de hurling pour Napoléon Bonaparte.

«Il y a un championnat annuel en Irlande, où les représentants des 32 comtés sont en compétition. Pour la finale, il y a 80000 personnes dans les gradins.

«Mais le hurling s'est répandu un peu partout dans le monde où des Irlandais ont immigré. Notre équipe, les Shamrocks, affronte des équipes de Toronto, Ottawa, Portland, dans le Maine, et Terre-Neuve.

«Nous venons de former une équipe de filles. C'est leur première année. Elles s'entraînent en attendant des adversaires.»

Pendant que nous bavardons, une vingtaine d'Irlandaises jouent au rugby. La ringuette n'est pas assez rude pour elles, semble-t-il.

«Il y avait beaucoup de hurling à Montréal dans les années 50 et 60. Un club de Montréal a été champion d'Amérique du Nord en 1961. Le hurling a presque disparu dans les années 70, mais nous travaillons à le ramener.»

Quelques joueurs s'échauffent, ils prennent la balle d'une main et la frappent avec le bâton, comme nous le faisons sur les terrains de baseball. Ils frappent très loin et avec une précision étonnante.

«Si vous entrez la balle dans le filet adverse, c'est trois points, explique l'ami Ronan. Si vous la passez entre les poteaux au-dessus du but, c'est un point.

«On joue à 15 contre 15 sur un terrain grand comme celui du rugby. On peut attraper la balle avec sa main et courir avec, mais on ne peut pas franchir plus de quatre pas avant de la passer ou de la lancer. Les contacts sont permis, d'épaule à épaule. On peut aussi courir longtemps avec la balle à condition de la tenir en équilibre sur la palette du bâton. L'adversaire peut taper sur notre hurley dans ce cas.»

Et c'est là que ça devient intéressant, mes amis. Les bâtons passent à deux pouces du nez ou se rabattent sur les avant-bras et ça fait mal. Les joueurs se rentrent dedans avec enthousiasme.

«Avec le temps, nous avons ajouté des règlements pour restreindre les ardeurs. Il faut aussi porter un casque protecteur pour les matchs.»

Il y avait de la musique traditionnelle, des enfants qui couraient partout, de la bouffe, un joueur de cornemuse, un match de football gaélique, de rugby, la Guinness était affichée partout...

Nous sommes plusieurs, au Québec, à avoir du sang irlandais dans les veines. C'est parce que nos curés n'hésitaient pas à marier des Québécoises et des Québécois à des Irlandaises et Irlandais à condition qu'ils soient catholiques. Pas de ces hérétiques protestants...

- Es-tu catholique, Ronan?

- Bien sûr, comme 95% des Irlandais de la république.

Alors à la santé de nos ancêtres...

Photo: Robert Skinner, La Presse

Au hurling, les bâtons passent à deux pouces du nez ou se rabattent sur les avant-bras et ça fait mal. Les joueurs se rentrent dedans avec enthousiasme.