Ce pourrait bien être le combat de l'année à Montréal. L'affrontement Pascal-Hopkins a offert un grand spectacle à Québec en décembre dernier, mais le public montréalais a dû se contenter de quelques exécutions rapides de la part de Lucian Bute...

David Lemieux, 25 ans, que l'on considère comme l'avenir de la boxe locale, a mis fin à son apprentissage de jeunot. Sa fiche de 25-0-0, 24 K.-O. ne compte pas que des combats de formation. Ses derniers adversaires étaient des boxeurs respectables, le prochain - vendredi soir au Théâtre du Centre Bell - sera un grand test.

Marco Antonio Rubio, 30 ans, 49-5-1, 43 K.-O., n'est pas en fin de carrière. Il est classé aspirant numéro 3 chez les moyens (160 livres) du WBC et Lemieux est le numéro 2. Après une défaite contre l'Américain Kelly Pavlik, le Mexicain a remporté 10 victoires de suite avant de venir à Montréal.

Le gagnant obtiendra automatiquement un combat de championnat du monde. On parle ici de fortes sommes d'argent en jeu.

Question légitime

«Rubio sera de loin mon adversaire le plus menaçant. Je pense même qu'il est plus fort que les boxeurs que je devrai affronter après.»

Les amateurs de boxe se posent une question légitime: que vaut David Lemieux passé la quatrième ronde? Ses 24 K.-O. sont survenus en quatre rondes et moins, la plupart en première et deuxième... Voilà un boxeur spécial qui a moins d'expérience que sa fiche ne l'indique.

«Je suis allé une fois en 10e ronde et j'étais aussi frais qu'à la première. Et je n'étais pas aussi bien préparé qu'aujourd'hui. En tout cas, vous verrez...»

Lemieux et son gérant Russ Anber se sont rendus dans la Sierra Nevada, en Espagne, pour s'entraîner en altitude et sous une rude chaleur. Son entraînement est différent de celui de Lucian Bute, qui insiste sur la résistance en faisant le plus grand nombre de rondes de sparring. Toujours plus d'une centaine.

«Je me concentre surtout sur ma technique à l'entraînement. Je me prépare en vue de mon adversaire, je corrige certaines choses. Je n'aime pas courir un marathon avant de courir un autre marathon.»

Le but est d'être affamé de boxe le soir du combat. Chacun sa méthode.

Il faut dire que Lemieux, un Montréalais d'origine, est très différent de Bute. Pas porté sur la danse, sa force première est une immense puissance de frappe. Un regard rapide sur ses combats sur l'internet vous en mettra plein la vue.

Ce qui fait dire à son mentor Russ Anber: «Je ne vois pas ce combat aller jusqu'à la limite. Rubio est avant tout un cogneur lui aussi.»

Lemieux: «Je pense qu'il va essayer de me surprendre en début de combat. Je vais le surveiller et voir ce qu'il a à mettre sur la table.»

Le promoteur Yvon Michel: «Je m'attends à un combat tactique, un combat qui pourrait durer plus longtemps que vous ne le croyez. Rubio connaît maintenant la force de David. Je ne crois pas qu'il va se précipiter sur lui...»

On verra. Mais nous ne serons pas les seuls à voir. Les plus grands promoteurs américains s'intéressent beaucoup à David Lemieux.

On les connaît: notre homme est blanc, beau garçon et possède un coup de poing spectaculaire. Ces mêmes promoteurs ont d'ailleurs courtisé les frères Hilton pour les mêmes raisons. Mais ils ont compris qu'il y a des voyous blancs qui ne sont pas des cadeaux.

Sous les ordres de Russ Anber, David Lemieux investit déjà ses gains et mène une vie sans accroc. Il ne cache pas qu'il a déjà été rock and roll lui-même dans sa jeunesse, mais que «la boxe l'a sauvé».

Il faut le croire sur parole. Et puis Anber ne serait plus dans son coin si le jeune homme n'était pas sérieux...

Photo: Robert Skinner, La Presse

David Lemieux, considéré comme l'avenir de la boxe québécoise, subira un test vendredi en affrontant Marco Antonio Rubio.