«À cette époque, les athlètes olympiques formaient une grande famille. Les athlètes de toutes les nations se côtoyaient, même entre les Jeux. Aujourd'hui, il y a trop de choses négatives. Ce n'est plus pareil.»

Matthias Behr est venu nous visiter pendant quelques jours la semaine dernière. Le nom ne vous dit rien, à moins d'être un fan d'escrime d'un certain âge. Aux Jeux de Montréal en 1976, l'équipe allemande a causé la surprise en remportant la médaille d'or par équipes. M. Behr a pris soin de passer par ce qui était à l'époque le village olympique, angle Rosemont et Viau.

À 55 ans, il est revenu sur le site de ses premiers JO, ses préférés. «Les Jeux de Montréal demeurent ceux auxquels je pense le plus souvent. Ils ont été mes plus beaux. Tout était très bien organisé et l'ambiance était magique au village olympique. Et puis j'avais 21 ans, j'étais célibataire et les Canadiennes étaient gentilles.

«Nous avions terminé au cinquième rang aux Jeux précédents. Nous étions fous quand nous avons gagné l'or.»

Matthias Behr allait connaître une belle carrière. «En 1980, l'Allemagne faisait partie des pays qui ont boycotté les Jeux de Moscou (ndlr: le Canada aussi). J'ai remporté une médaille d'argent individuelle à Los Angeles en 1980 et le bronze en équipe à Séoul en 1988.»

Notre homme a quatre médailles olympiques à son actif et neuf aux Championnats du monde. Il a ensuite été journaliste aux Jeux de Barcelone en 1992 et entraîneur-chef de l'équipe allemande à Sydney en 2000.

«Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis venu tout seul à Montréal pour quatre jours. J'ai eu droit à une journée ensoleillée pour prendre des photos que je ramènerai à mes enfants. J'ai des jumeaux de 14 ans.» (M.Behr est marié à une ancienne fleurettiste allemande.)

Pour sa visite, il était accompagné de Dominique Teisseire, président de la Fédération québécoise d'escrime, et de quelques directeurs, comme quoi la famille olympique n'est pas tout à fait éteinte.

«C'était fou de venir pour quatre jours en hiver. Je vais revenir avec ma famille, c'est certain.»

Et puis il est reparti pour reprendre son travail de maître d'armes du centre national d'escrime d'Allemagne. «Je travaille en escrime depuis 35 ans.»

Si vous êtes un connaisseur, vous vous souviendrez peut-être du moment sombre de la carrière de Matthias Behr. Aux Championnats du monde de 1982, la lame de son fleuret a brisé en deux et a pénétré dans la tête de son rival russe, le légendaire Vladimir Smirnov.

C'était au temps de la guerre froide et les Soviétiques ont caché à leurs escrimeurs l'état de santé de Smirnov jusqu'à ce qu'ils remportent la compétition par équipes.

Smirnov est mort neuf jours après l'accident.

Le grand écart

D'abord, une personne qui gagne beaucoup d'argent à vendre des vidéos de bagarres et de mises en échec violentes n'a aucune crédibilité dans le débat qui entoure l'affaire Chara-Pacioretty. Mais en ces temps où la notion de conflit d'intérêts est bafouée partout, y compris chez nos élus, Don Cherry continue de sévir avec la complicité de la CBC.

Depuis plusieurs années, je ne l'écoute plus ni n'accorde d'importance à ce qu'il dit. Ça serait tomber dans son jeu. Si tout le monde faisait comme moi, Don Cherry aurait disparu de nos ondes et l'humanité ne s'en porterait pas plus mal.

Malheureusement, le monsieur a une armée d'admirateurs. On dit qu'il pourrait être élu premier ministre du Canada tellement le ROC le vénère, ce qui n'est pas rassurant ni édifiant.

Cherry a abaissé le débat à une chicane de clochers ce week-end, attaquant Air Canada et VIA Rail sous prétexte qu'elles sont installées à Montréal et le propriétaire du Canadien, Geoffrey Molson. Comme argument, il parle d'épaisseur de coussins et de bandes trop rigides. Pourtant, le problème se situe davantage sur le plan des mentalités et de l'avidité d'hommes d'affaires.

Tout ça pour dire que je n'ai jamais vu un aussi grand écart, ni comme amateur ni comme journaliste, entre ceux qui aiment le hockey pour les vertus sportives de ce très beau sport et ceux qui le dirigent. Pour ces derniers, il s'agirait de cricket, de curling ou de lutte professionnelle que ça ne changerait rien à leur comportement.

Hélas, en s'ouvrant la trappe, Cherry donne encore plus de poids au commissaire Gary Bettman, qui en a déjà beaucoup aux yeux des propriétaires d'équipe et qui n'a que très peu de respect pour ses voisins du Nord et pour les véritables amants du hockey.

Bute-Kessler... enfin

Jean Bédard et l'entourage de Lucian Bute nous ont appris hier qu'ils étaient en pourparlers avec le clan du Danois Mikkel Kessler, tombeur d'Éric Lucas. Les amateurs de boxe locaux diront: enfin un adversaire de haut niveau pour notre Roumain préféré.

Question: est-ce que le clan Bute a oublié qu'il y avait un combat de championnat le 19 mars prochain et qu'il faut le gagner avant de parler de la suite?

Le merveilleux monde du sport, et surtout celui de la boxe, a le don de nous apporter des surprises.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

À 55 ans, Matthias Behr est revenu sur les lieux de ses premiers Jeux olympiques, ceux de Montréal, ses préférés.