Dans ce sombre coin de la ville, le Théâtre Denise-Pelletier tient le fort. Il y a plusieurs années, nos élus municipaux avaient décidé de créer un «village des artistes» autour de la rue Sainte-Catherine, à l'est du Boulevard Pie-IX.

Le plan projetait de rénover des maisons et édifices publics pour les offrir comme studios et lofts à des créateurs. De ce beau projet complètement raté, il reste une boutique de matériel d'artiste, deux ou trois restaurants branchés et le Théâtre Denise-Pelletier.

Par un soir glacial de mars, l'obscurité, les bars miteux et les individus louches complètent un portrait toujours aussi désolant de ce coin du quartier Maisonneuve.

C'est là que la jeune troupe de théâtre LA45 présente ces jours-ci ses deux premières (courtes) pièces, toutes deux inspirées du monde du sport.

La première s'intitule L'angoisse de l'arbitre au moment de quitter l'aréna après avoir décerné en prolongation un tir de pénalité qui sort l'équipe locale des séries éliminatoires.

Vous en savez déjà pas mal.

Le partisan du Canadien à qui on a «volé un moment de sa vie» part à la recherche du coupable, un marteau en main. Il veut se venger de ce vendu et le trouve dans sa chambre d'hôtel où toute la pièce se déroule. Ce n'est qu'un jeu, dit l'arbitre, ce à quoi le fan déçu répond : il n'y a pas de jeu, il n'y a que la vie.

Il y aurait eu là quelques occasions de rigolade, du moins de sourire. Mais non. Tout est dark, comme disent les jeunes.

On ne rit jamais, contrairement à ce qu'on fait parfois dans la vie. Et on se demande pourquoi l'auteur Martin Bellemare a des idées aussi noires.

Peut-être parce que le personnage de sportif «pas de vie», ou qui concentre le peu de triste existence qu'il lui reste autour des résultats de l'équipe locale, existe vraiment. Et en plusieurs exemplaires. Nos arénas ont vu et voient toujours de multiples agressions d'arbitres, au point où on commence à en manquer.

Et il n'y a rien de drôle là-dedans, en effet.

Le boxeur

La deuxième pièce traite d'un milieu propice à la série noire. Nous suivons les aventures et, surtout, les mésaventures d'un boxeur prometteur, Billy Mo Morency, qui vient de tuer accidentellement un adversaire dans le ring.

L'auteur en sait pas mal sur les coulisses de la boxe, son jargon, ses légendes, ses trahisons, ses petits et grands drames. Il y a des moments très forts, qu'on aurait pu exploiter davantage. D'autres moins. La pièce s'étire un peu et se lance dans plusieurs (trop de) directions à la fois. Elle introduit trop de personnages - le boxeur africain noir avec un accent maghrébin ne passe pas du tout.

Les comédiens Félix Monette-Dubeau et Francis-William Rhéaume sont étonnants de justesse dans les chorégraphies de combats simulés, ce qui est très difficile. Du beau travail physique. Stéphanie M. Germain est parfaite dans le rôle de danseuse légère et d'inévitable poupoune à pancarte...

Il se passe beaucoup de choses à l'intérieur du ring de la salle Fred-Barry, comme quoi on peut compenser la précarité des moyens avec beaucoup d'imagination.

Là encore, on ne rigole pas. Tout y passe, le cancer, la dépression, la mutilation - Billy Mo se tranche une main pour mettre une fin sanglante à sa carrière -, l'humiliation, l'avidité, l'exploitation des humains, un enfant malheureux, la mort... J'espère que Martin Bellemare est plus joyeux dans la vie de tous les jours.

Somme toute, la troupe de LA45 s'en tire bien. On ne regrette pas le déplacement.

Programme double: théâtre viril et sportif est à l'affiche jusqu'au 19 mars.

Pour les Bleus

À Québec, la station de radio FM93 a décidé de faire sa part pour ramener les Nordiques.

Le 29 mars prochain, alors que les Thrashers d'Atlanta seront les visiteurs au Centre Bell, le match sera présenté sur écran géant au Colisée de Québec, le but de l'exercice étant de rassembler plus de spectateurs que lors des matchs des Thrashers à domicile.

Le message envoyé à Gary Bettman serait en effet un peu gênant pour lui. Il fallait y penser.

Photo: Bernard Brault, La Presse

La jeune troupe LA45 présente ces jours-ci au Théâtre Denise-Pelletier ses deux premières pièces, toutes deux inspirées du monde du sport.