Dans la tourmente qui a suivi les bagarres Bruins-Canadien et Penguins-Islanders, un commentateur de TSN a noté que le premier rappel à l'ordre dans le hockey professionnel nord-américain est survenu en 1909.

Depuis ce temps et de façon régulière, des incidents poussent le milieu du hockey à discuter de la chose, comme si elle était nouvelle. Le sénateur Hartland Molson a déjà fait une sortie remarquée alors qu'il était propriétaire du Canadien. Mario Lemieux, dans les années 1980, est passé de la parole aux actes - «Une ligue de broche à foin» avait-il dit - en annonçant sa (première) retraite.

Il ne faut pas croire que les pénalités un peu plus sévères des derniers jours vont régler la question. Ni la nouvelle sortie de Mario Lemieux qui est bien mal placé pour parler, avec Matt Cooke parmi ses employés.

D'abord, les propriétaires d'équipe n'ont pas intérêt à mettre fin à la violence qui se vend très bien aux États-Unis. Enrayer les bagarres serait une sorte de suicide financier pour eux. Ils se justifient en disant que cela fait partie du hockey, comme si nous étions des cruches.

Mais ce qui me renverse toujours, c'est la volonté des joueurs de maintenir les bagarres. Ils disent être presque unanimes, mais j'en doute. Si l'on procédait à un vote secret, les résultats seraient peut-être très différents.

Les porte-parole des joueurs, c'est-à-dire ceux qui parlent aux médias sans représenter qui que ce soit, disent que la violence fait partie du hockey. Encore...

Cet argument, pourtant en béton en Amérique du Nord, ne tient pas la route. Oubliez le ton ferme qui ne supporte pas de réplique: les bagarres sont une aberration tolérée, un anachronisme, rien de plus. Nous sommes en 2011, après tout.

Il n'y a pas de bagarres dans le hockey européen ni dans le hockey universitaire d'où provient un nombre grandissant de joueurs de la LNH. Personne ne s'en portait plus mal avant d'accéder à la grande ligue et personne ne souffre de cette absence de formation guerrière.

Reste les hockeyeurs canadiens issus des rangs juniors et des autres, américains et européens, repêchés parce qu'ils savent et aiment se battre. Reste aussi Don Cherry et tous ses disciples, qui sont nombreux.

J'ai toujours été d'accord avec Pat Burns qui considérait les bagarres sur une patinoire, entre hommes protégés de la tête aux pieds, comme de fausses manifestations de virilité et de courage. Burns était un vrai dur. Un homme qui infiltre des bandes de motards en se faisant passer pour l'un d'eux possède un courage exceptionnel.

L'ex-entraîneur du Canadien s'ennuyait à voir des hockeyeurs se chamailler en tirant sur leurs chandails. Neuf fois sur dix, aucun des deux belligérants ne subit la moindre douleur.

Du spectacle, tout ça, et plus près de la lutte professionnelle qu'on ne le croit. (Les goons du Canadien savaient d'ailleurs tout ça et ils n'auraient jamais osé défier le grand gars de Saint-Henri. Même qu'ils en avaient une peur terrible.)

Les bagarreurs parlent de code à respecter pour ne pas passer pour un voyou sur la patinoire. Faites-moi rire. C'est comme dire que si un criminel respecte un code, cela fait de lui un gentleman. On ne voit ça que dans les films.

Bref, ne croyez pas que toutes ces folies d'un autre temps vont disparaître. Les joueurs vont se calmer pendant un certain temps et reprendre jusqu'à la prochaine crise. Ça dure depuis 1909, soit un peu plus de 100 ans.

Tout dans la tête

Le David Desharnais que nous voyons depuis deux ou trois matchs n'est plus celui qu'on a vu arriver de Hamilton. Normal, avec toute la pression qui pèse sur un francophone au Centre Bell.

Même son coup de patin n'est plus le même. De saccadé et nerveux qu'il était, les foulées sont plus fluides. Les gestes aussi. Desharnais ne semble plus pressé de produire des flammèches, il est patient, et comme il possède une vision du jeu extraordinaire et des mains magiques, nous - et Jacques Martin plus que nous - découvrons un superbe hockeyeur.

Une fois la confiance acquise, le talent s'exprime facilement.

Vous trouvez Desharnais petit? Peu importe, il n'est pas craintif et il n'est certainement pas plus petit que Gionta et il est à peine plus petit que Cammalleri et Gomez.

Si la tendance se maintient, Desharnais sera la surprise de l'année à Montréal.

Comme quoi il n'est pas toujours nécessaire d'aller loin et de payer des sommes immenses pour trouver de bons joueurs. Mais il faut travailler plus fort pour les trouver.

O.K. pour la casquette...

Beau et sympathique bonhomme, Erik Guay. Mais avait-il besoin d'accorder des entrevues avec cette énorme casquette Red Bull qui lui couvrait les oreilles? (Je vous entends penser que je suis vieux et bougonneux, ce qui n'est qu'une calomnie.)

La réponse est oui. La casquette de cette envahissante compagnie Red Bull me tombait sur les nerfs, mais il faut comprendre que les joueurs du CH, que Guay regardait jouer avec tant de joie mardi, gagnent en une saison ce que lui prendra toute une vie à amasser. Si tout va bien...

Alors O.K. pour la casquette, surtout que Red Bull a la réputation de bien prendre soin de son monde.