Il faisait -20 ºC à Calgary hier pour la finale de l'Ouest, mais nous, pas fous, avons un stade couvert pour ces urgences-là. Quand j'ai vu quelques fans se présenter torse nu et peints en bleu-blanc-rouge au Stade olympique, je me suis demandé si je n'étais pas un peu moumoune. D'autres étaient là depuis huit heures à se faire griller des hot-dogs et des ailes de poulet, habillés pour une expédition dans le Grand Nord.

Ça m'a rappelé la séquence du nuttiest fan au Monday Night Football de la NFL. Nutty comme dans noix, parce que le segment est commandité par Snickers, un chocolat aux noix. Alors les caméramen cherchent le partisan le plus fou et, à mon avis, ils devraient se rendre au Centre Bell parce que les plus belles noix s'y trouvent.

Je suis surpris que notre télé locale, qui imite tout ce que font les Américains, même les choses les plus idiotes, n'ait pas encore réagi. Parfois, on dirait que nos gars sont un peu lents. Beaux et fort sympathiques, mais lents.

Comme toujours, ceux qui arrivent pour le début du match en ont raté quelques minutes parce que les employés du Stade ne sont plus habitués aux foules de 50 000 personnes. La rotonde ressemblait à une immense boîte de sardines.

Ajoutez les vuvuzelas, qui ne sont pas encore interdites chez nous, et vous avez hâte d'entrer. Un fan derrière moi avait ajouté un gadget à sa vuvuzela, un petit machin qui comprime l'air, je pense, et qui produisait plus de bruit qu'avec la méthode buccale. Il était fier de son coup et n'arrêtait pas de klaxonner. Que de pensées meurtrières j'ai eues à son endroit.

Des vendeurs nous offraient le calendrier des cheerleaders des Alouettes... oups, j'ai promis de ne plus jamais dire du mal des cheerleaders et je tiens parole.

On aurait eu du mal à trouver un siège libre hier, comme quoi les Alouettes sont populaires. Et c'est toujours impressionnant de voir une telle foule, d'imaginer ce que voit celui qui est dans le coin extrême de la dernière rangée, parce qu'il y en a un qui est plus loin du jeu que tous les autres. On l'imagine content d'être là avec ses jumelles et sa bière, content d'assister à un grand événement, même s'il le voit beaucoup moins bien que chez lui, gratuitement, à la télé.

Quant à l'événement, il a déçu. Après 10 minutes de jeu, c'était 17-0 en faveur des Alouettes et mon collègue Miguel Bujold m'a juré que les Argonauts n'avaient pas assez d'attaque pour remonter le score, même s'il restait encore beaucoup de football à jouer. Il avait raison, une fois de plus. (Miguel est une terreur dans les pools de football, ses statistiques le prouvent.)

Mon voisin de gauche, Bertrand Raymond, m'a alors demandé ce qu'on faisait là. Ce qu'on fait là, Bert, c'est remplir notre mission de chevaliers de l'information, pour la protection et le bien-être du grand public, qui compte sur nous. En mangeant du junk food pour nous soutenir le moral et en espérant que ça finisse tôt parce qu'à 16h, il y avait une confrontation Tom Brady-Peyton Manning à la télé.

Je ne veux pas vous faire de peine canadienne, partisans tricolores, mais ce show-là est inégalable.

Les Argos qu'on a vus hier ne faisaient pas très professionnel.