Quand Lucian Bute est monté sur le pèse-personne, hier, son entraîneur Stéphan Larouche était à ses côtés, comme toujours. Les deux hommes ont fait un long chemin ensemble, des années de travail d'équipe et ne se quittent pas souvent, Larouche ayant même emmené Bute en voyage de pêche au Lac-Saint-Jean, son patelin.

Les deux hommes terminent les phrases de l'autre, ils se comprennent d'un regard, ont des fous rires ensemble. Bute est plus près de Larouche que d'Adrian Diaconu et de tous les Roumains qui l'entourent.

Cette liaison n'est jamais plus serrée que lors des camps d'entraînement en Floride.

Larouche raconte: «L'équipe d'InterBox habite dans une maison et les partenaires d'entraînement dans un hôtel. On les invite souvent à souper, mais ils retournent à leur hôtel le soir. Notre horaire est serré: lever, déjeûner, course et entraînement, dîner, repos, entraînement, souper... et on ne veille pas tard, je vous le jure.»

Tout ça pendant 45 jours de suite, sauf pour les congés du samedi après-midi et du dimanche.

«Après quatre semaines, le corps de Lucian commence à être faible, poursuit Larouche. C'est à ce moment qu'il faut faire très attention. La faiblesse vient du fait qu'il est déshydraté et la plupart des blessures de boxeurs surviennent quand ils sont déshydratés.»

Il faut savoir que Bute, qui fait 6'2 et qui pèse normalement plus de 180 livres, doit atteindre le poids réglementaire de 168 livres à son retour à Montréal, ce qui n'est pas recommandé par les médecins.

Les angoisses de Larouche commencent donc après quatre semaines de ce régime spartiate. «Tout le corps a besoin d'être hydraté malgré la perte de poids. Les articulations doivent être hydratées, sinon elles peuvent céder. Il faut aussi surveiller ses mains chaque jour. Une blessure à une main peut retarder une carrière ou y mettre fin.»

Et puis, il y a la pire crainte de Larouche: une grippe.

«Lucian ne doit pas serrer de mains, il ne doit pas toucher aux objets des autres, il y a une fontaine d'eau seulement pour Lucian, personne d'autre n'a le droit d'y boire, ni de toucher à ses bouteilles d'eau. On fait attention aux ustensiles et aux assiettes, on se lave les mains souvent...»

Pour la première fois, Adrian Diaconu, qui n'est pas reconnu comme un forcené de l'entraînement, a accepté de les accompagner et de s'entraîner loin de sa famille. Il a absolument besoin d'une victoire ce soir pour poursuivre sa carrière.

Enfin, en ce qui regarde la suite de la carrière de Lucian Bute, il est question d'un combat payant contre un gros nom qui se tiendrait à 166 livres. Larouche refuse d'en dire plus. Il aurait deux possibilités. À vos recherches... «Lucian peut encore facilement faire le poids à 166 livres.»

Quant à Jean Pascal et aux mi-lourds (175 livres), il faudra être patient.

«Lorsque nous passerons aux mi-lourds, nous ne reviendrons plus à 168 livres. C'est trop dur pour le corps et Lucian a quand même 30 ans.»

Avant de changer de catégorie et de rencontrer Jean Pascal, Lucian Bute veut donc s'assurer d'avoir fait le ménage chez les super-moyens et, surtout, d'avoir profité de quelques bourses importantes.

Parce qu'il n'y a pas que la gloire qui vient avec une ceinture de champion, il y a aussi l'argent pour les vieux jours...

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Stéphan Larouche et Lucian Bute, deux hommes qui ont fait un long chemin ensemble et qui ne se quittent pas souvent.