Marc Santerre, entraîneur-chef des Carabins de l'Université de Montréal, raconte: «Alors qu'il jouait au football collégial à Vanier, j'ai vu Frank Bruno réussir un attrapé spectaculaire devant le banc de l'équipe adverse et encaisser un terrible plaqué. D'autres ne se seraient pas relevés, mais Frank était tout de suite debout et il a montré ses biceps à ses adversaires qui étaient à quelques pieds de lui. Je me suis dit qu'il me fallait ce gars-là...»

Frank Bruno qui montre ses biceps, c'est un peu sa signature. Arrogant? Sûrement. Sauf qu'il appuie son arrogance avec des performances d'un courage absolu. Frank Bruno vaut parfois le prix d'entrée.

Il n'a pourtant pas des biceps à tout casser à 5'9 et 170 livres. D'où vient cet esprit guerrier, M. Bruno?

«Ça vient de mon père, je pense. Pas l'arrogance, mais le fait de jouer sans avoir peur...»

De père sicilien et de mère québécoise francophone, Frank Bruno a fait ses études en anglais au Beaconsfield High School et au cégep Vanier. Mais Marc Santerre a réussi à l'amener dans une université francophone. Bruno en est à sa quatrième année.

«Je ne regrette pas du tout ma décision. Mon français est meilleur et je suis entouré de bonnes personnes. Et puis les filles sont très jolies.

«Au début, je trouvais ça un peu dur, mais mes parents m'encourageaient, j'ai des tuteurs pour m'aider et de bons entraîneurs et coéquipiers. Mes parents viennent à tous mes matchs, même avec mes deux soeurs parfois.»

On dit de Bruno qu'il joue comme un athlète qui aurait six pouces et 20 livres de plus...

«J'ai subi une seule blessure importante à un genou. J'ai été opéré et tout va bien. Mais après chaque partie, j'ai des douleurs un peu partout. Ce n'est pas grave, c'est même normal. On passe chez le physio et on recommence.»

En quatre années, Bruno a affronté plusieurs fois la grosse machine rouge de Québec qui sera au CEPSUM samedi après-midi.

«À chaque fois, c'est une guerre, une vraie bataille... La plus grande force du Rouge et Or, c'est sa profondeur. Ils perdent des joueurs vedettes à chaque année et ils en ont toujours d'autres pour les remplacer. On affronte toujours la même grosse machine rouge...

«Mais ça ne veut rien dire. Samedi, on sera 12 contre 12 sur le terrain. On verra ce qui va se passer. Nous aurons la foule derrière nous, c'est très important.»

Le match sera vraisemblablement joué à guichets fermés et présenté à la SRC.

Des joueurs comme Frank Bruno, il vous en faut toujours, arrogance et tout.

Pas de Marche bleue, S.V.P.

Marc Santerre, un ancien du séminaire de Québec, a averti les membres des médias hier que son équipe ne voulait pas être mêlée à la rivalité Montréal-Québec, ni au retour des Nordiques, ni à la construction d'un aréna subventionné...

«Nous n'en parlons jamais. Ce n'est pas pour nous. Nous avons des joueurs (et un entraîneur-chef) de Québec. Personne ici ne veut être maire de Québec ou Montréal... Ce que vous verrez, ce sont deux des trois meilleures équipes au Canada, c'est tout.»

Tout de même, les Carabins en bleu, Laval en rouge...

«Jouer contre Laval, c'est agréable seulement quand on a des chances de gagner. Dans notre cas, nous croyons avoir des chances de gagner.

«Évidemment, Laval a une équipe parfaitement équilibrée. Ils sont classés premiers au Canada et ils le méritent. Mais nous ne sommes pas mal non plus. Je ne pense pas qu'ils aient affronté un front défensif (joueurs de ligne et secondeurs) aussi solide que le nôtre.»

Les Carabins ont gâché leur fiche parfaite la semaine dernière à Bishop's. Ils sont maintenant à 3-1 avec les champions qui arrivent...

«À Bishop's, plusieurs joueurs ne se sont pas présentés. Ils pensaient que c'était gagné d'avance. On a beau leur répéter qu'aucun match n'est gagné d'avance, quand ils décident que oui, on n'y peut rien. Mais je ne crois pas qu'ils se pensent gagnants avant un match comme celui-là.»

Les Carabins et le Rouge et Or ne s'affrontent qu'une fois cette saison.