Le boulevard Saint-Laurent, qui sépare Montréal d'est en ouest, comme on sait, a bien fait son travail hier. Quand l'arbitre a mis fin au match et confirmé la victoire de l'Espagne, les fans en rouge sont sortis sur le trottoir ouest en face du Club social espagnol. Ils chantaient Olé, Olé, Olé, comme vous savez qui, sauf que ce cri de ralliement leur appartient.

Et puis un groupe de jeunes Portugais sont apparus sur le trottoir est et ont commencé à invectiver les gagnants.

Il y avait, dans la rue, l'habituel embouteillage de 16h30. Ça klaxonnait joyeusement pour saluer les Espagnols, sauf une ambulance qui gueulait plus fort que les autres. En vain. Il y a peut-être un blessé quelque part qui a rendu son dernier souffle parce que l'Espagne a battu le Portugal et qu'un ambulancier s'est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Singulière façon de mourir...

Les Espagnols ont finalement conclu que l'ambulancier saluait leur victoire lui aussi.

J'ai demandé aux jeunes Portugais comment on envoyait promener quelqu'un dans leur langue. Ils m'ont vite entouré, chacun et chacune ayant sa version. Il y en avait plusieurs.

Cristiano Ronaldo, le joueur le mieux payé au monde, a encore déçu son équipe nationale et ses partisans. Ça me faisait plaisir de le voir perdre. Je le voyais encore rire des pauvres Nord-Coréens, qui ont été écrasés 7-0 par les Portugais. Hier, Ronaldo ne riait pas. Il plongeait, il se plaignait: ils osent me toucher, les salauds...

On ne gagne pas avec ce type de leader. Cristiano Ronaldo aurait été à sa place dans l'équipe de France.

Les Espagnols l'ont étouffé lentement hier, grâce à un contrôle de ballon qui rendait fous leurs adversaires. De toute beauté.

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Voir quelques centaines de personnes bien entassées souffrir ensemble est toujours fascinant. Aaaahhh... Ooooohhh...

Quand David Villa a finalement logé la pelota dans le but, ils ont explosé une première fois. J'ai failli être empalé par un porte-drapeau. Et puis ils ont explosé une deuxième fois à la reprise, comme s'ils avaient peur qu'il rate son coup.

Je suis rentré par le quartier portugais, mais les aînés, sur le trottoir devant l'éternel Café Central, gueulaient contre leur équipe et contre Cristiano Ronaldo. Pas le temps de s'arrêter pour jaser.

Ça ne m'a pas empêché de faire une halte au Na Brasa pour les meilleurs calmars frits en ville.

Braves Japonais!

Si le match Espagne-Portugal était beau à voir, le Japon-Paraguay en matinée l'était beaucoup moins. Un de ces matchs de soccer qui écartent beaucoup de clients potentiels.

À la demie, Marc Dos Santos a parlé de deux équipes qui avaient peur de perdre. Les Paraguayens et les Japonais n'étaient jamais allés plus loin en Coupe du monde. Le commentateur de TSN a ajouté qu'il fallait s'attendre à un 0-0 avec prolongations qui se terminerait en tirs de barrage. Bingo!

Il faut admirer le beau parcours des Japonais que tous les adversaires ont essayé de bousculer et d'intimider. Ça ne fonctionnait pas.

Enfin, s'il y a des matchs ennuyants, les tirs de barrage vous offrent toujours du grand suspense. On lit toute la pression dans les visages des joueurs et entraîneurs.

À se ronger les ongles...

Reprise ou pas?

Le débat autour des reprises que la FIFA refuse toujours d'adopter n'a pas fini de mijoter.

J'aime bien cet argument d'un copain français, Dominique: «Ils ne veulent pas interrompre le rythme du jeu pour des reprises, alors que la plupart des matchs sont ennuyants à mourir...»

Fabian, un autre copain, mexicain celui-là, à propos du but argentin qui aurait dû être refusé pour hors-jeu, dimanche: «Oublie ce but, les Mexicains n'avaient aucune chance. Les Argentins étaient bien trop forts pour eux.

«La meilleure équipe a gagné et c'est très bien comme ça.»

L'entraîneur de l'Impact, Marc Dos Santos, sur les ondes de Radio-Canada: «Nous sommes au XXIe siècle et la Coupe du monde génère des sommes d'argent fabuleuses. Je suis en faveur de consulter la reprise.»

On aura certainement l'occasion d'y revenir.

Photo: Reuters

Cristiano Ronaldo a encore déçu l'équipe nationale du Portugal et ses partisans.