On peut toujours se demander si Jaroslav Halak n'a pas signifié discrètement à la direction du Canadien qu'il ne tenait pas vraiment à rester à Montréal. Avec ce qu'on lui a fait subir ici, il n'avait peut-être plus envie d'avoir Carey Price dans le dos et de revivre tout ça.

Pierre Gauthier et son équipe pensaient peut-être aussi que le Slovaque était un feu de paille, un Steve Penney, qui ne jouera plus jamais au niveau démontré en séries éliminatoires. Ça arrive.

Mais la direction du Canadien doit aussi penser que Price a eu une poussée de maturité au cours des derniers mois. Ça arrive moins souvent. On ne guérit pas facilement d'un manque de jugement. Espérons que Price aura appris à ne plus blâmer ses coéquipiers publiquement, par exemple.

Quand aux deux jeunes acquis des Blues de St.Louis, ils sont prometteurs, mais la question est secondaire. La vraie question: Price est-il capable de prendre l'équipe en mains? Et vous savez ce qui arrive aux équipes qui ont un problème devant le but.

Bref, Pierre Gauthier prend des risques, mais il est payé pour ça. Si tout se déroule bien, il passera pour un génie. Sinon, cette transaction sera lourde à porter. Et vous savez comment les hivers sont longs au Centre Bell et que les carrières d'entraîneurs et de directeurs-généraux sont courtes.

Où es-tu, Chad?

On nous avait promis Chad Dawson en personne, mais il ne s'est pas présenté. Il ne trouvait pas son passeport, semble-t-il. Lors d'une conférence de presse tenue au centre-ville hier, son manager Gary Shaw, un monsieur de plus en plus important en promotion de boxe, a conseillé d'acheter les billets tout de suite quand même. J'imagine que son homme va finir par trouver son passeport.

Chad Dawson (29-0-0, 17 K.-O.), donc, classé par le magazine Ring comme le sixième meilleur boxeur au monde livre pour livre, tentera d'enlever la ceinture des mi-lourds WBC à notre Jean Pascal national.

En fait, Dawson est le vrai champion, mais il a perdu sa ceinture quand la WBC l'a puni pour avoir refusé de défendre son titre en Roumanie contre Adrian Diaconu. La WBC le force maintenant à affronter Pascal, ce qui sera un combat payant pour tout le monde, d'ailleurs.

La rencontre aura lieu le 14 août au Centre Bell et Gary Shaw a expliqué: «Nous avons refusé d'aller en Roumanie parce que Diaconu n'était pas un adversaire de taille. Jean Pascal en est un et c'est pourquoi nous avons accepté de venir à Montréal.»

Ces Américains-là parlent du Canada comme s'il fallait traverser sept océans pour s'y rendre. Dawson habite au Connecticut! La majorité des Américains ne pourraient d'ailleurs pas vous dire où se trouve le Canada sur la planète. Et ne savent pas qu'il faut un passeport pour y entrer.

Jean Pascal a avoué lui-même qu'il s'agissait d'une grosse commande. Il ne se trompe là-dessus. Mais s'il veut jouer dans les grandes ligues et obtenir des contrats des grandes ligues, il doit affronter les Chad «Bad» Dawson de ce monde.

Dawson nous a parlé au téléphone, mais on ne comprenait pas ce qu'il disait. Pascal n'avait pas son arrogance habituelle. Il était poli envers son adversaire et nous a répété d'être là, d'acheter nos billets tôt... Ça va, ça va, on a compris.

Avec l'enflure du verbe propre aux promoteurs, on nous a parlé du plus grand événement de l'histoire de la boxe canadienne, qui n'avait à peu près pas d'histoire avant qu'Éric Lucas devienne champion du monde. Même Otis Grant, avant lui, se battait surtout aux États-Unis, incapable d'attirer des foules dans sa ville, on se doute bien pourquoi.

Pascal: «C'est un grand défi pour moi, mais Chad Dawson serait un grand défi pour n'importe quel mi-lourd au monde.»

Exact.

Reste à voir si l'épaule de Pascal, dont on dit qu'elle est maintenant en béton, résistera à l'entraînement jusqu'au 14 août. Et espérons que Dawson, un grand homme gaucher qui a tous les atouts, vitesse, intelligence, technique, ne prendra pas notre champion assez au sérieux. Il sera largement favori et j'ai eu l'impression hier que les Américains pensent avoir devant eux un combat plutôt facile.