Matinée occupée chez les Arkhurst-Salat, hier. D'abord, tôt le matin, la Slovaquie annulait contre la Nouvelle-Zélande. Ensuite, la Côte d'Ivoire annulait contre le Portugal.

Greg Arkhurst et Jana Salat se sont rencontrés aux Jeux olympiques de Sidney en 2000. Lui était nageur représentant la Côte d'Ivoire, elle, membre de l'équipe canadienne de water-polo. Les parents de Jana ont immigré à Edmonton de la Slovaquie quand elle était enfant. Greg a grandi en France.

Après Sydney, ils se sont aimés de loin, mais se sont retrouvés aux Jeux d'Athènes en 2004, puis aux Championnats mondiaux de natation de Barcelone, du Japon et de Montréal en 2005. Greg est venu s'installer à Montréal et, il y a 10 mois et demi, est apparu Léon, qui est canadien mais aussi un peu slovaque et ivoirien. Léon qui ne sourit qu'aux femmes... jamais aux reporters qui portent une barbe.

Dans leur salon de la rue Marquette hier matin, entre les cafés et les muffins, on trouvait des Français, un Québécois, un Brésilien, quelques Ivoiriens et une Ivoirienne. Le plafond a presque sauté quand Didier Drogba a failli donner la victoire à son équipe en fin de partie.

Jana a vu le match Slovaquie-Nouvelle-Zélande parce que Léon se lève tôt le matin. «La Slovaquie produit plus d'internationaux en hockey qu'en football. Mais l'équipe a certainement tout le pays derrière elle.»

Pour Greg, le foot est une vieille passion. «Mon père et mon frère sont aussi des maniaques de foot. J'allais chanter dans les gradins aux matchs du PSG quand j'avais 15 ans.

«Quand j'ai grandi à Abidjan, on jouait au foot sans arrêt, dans les rues, dans les parcs, dans la cour d'école. On n'avait pas toujours assez de souliers, alors on se les passait. Parfois un gars portait le droit et l'autre le gauche.

«Le foot est une passion en Côte d'Ivoire et en Afrique. Je ne sais pas ce que je donnerais pour être à Abidjan dimanche pour le match Brésil-Côte d'Ivoire. Ça va être la folie furieuse.»

Comment vous êtes-vous rencontrés, précisément?

Greg, loin des oreilles de Jana: «Je l'ai rencontrée au terminus d'autobus des athlètes à Sydney. Je voulais me rendre à la finale de natation, mais je suis monté dans le mauvais autobus. Il y avait seulement des filles. J'ai essayé de m'expliquer en anglais, mais mon anglais était tellement mauvais qu'elles ont ri de moi... Pour Jana et moi, ça s'est réglé en un regard.»

Jana, loin des oreilles de Greg: «Il est monté dans le mauvais autobus et on riait de lui. Et puis on s'est revus à la cafétéria, dans les rues du village olympique... Il faut dire que ça fêtait beaucoup en Australie. Les athlètes avaient droit à un service d'autobus 24 heures sur 24. Les Jeux de Sydney étaient très bien organisés. Greg a nagé le premier jour des Jeux, il ne s'est pas qualifié. Alors, il était en vacances pour deux semaines. Il a passé des Jeux joyeux.

«À Athènes, ça fêtait beaucoup moins. Notre service de transport fermait à 22h.»

Et notre équipe de water-polo, n'était-elle pas minée par des conflits internes?

«Pas vraiment. Il y a eu un problème une fois quand certaines filles demandaient un changement d'entraîneur. Daniel Berthelet était en poste depuis longtemps. Certains médias ont exagéré le problème. Ce n'était rien de grave.»

Greg a ensuite quitté la maison pour aller à son travail. Il est entraîneur de natation au club CAMO. Jana travaille en finances dans le centre-ville.

Léon passe son temps à faire des petits sons bizarres avec sa bouche et à essayer de marcher.

Carnaval

J'ai déjà lu quelque part qu'en atterrissant à Rio, le visiteur ressentait immédiatement une chaleur en bas de la ceinture. Ça m'est revenu hier après-midi devant le restaurant Bayou Brasil, un lieu de rencontre de la communauté.

Le petit Carnaval qui s'y déroulait n'avait rien à voir avec un set carré à la salle paroissiale. Dieu que ces gens-là sont beaux et sexy...

Notre compagnon brésilien nous disait que lorsque l'équipe du Brésil joue en après-midi, le pays ferme pendant trois heures. Les écoles, les banques et tout...

Quand Maicon a marqué le premier but hier, il se mordait les mains comme s'il venait d'apprendre que son père et sa mère étaient décédés dans un accident de la route.

It's only a game? Pas pour les Brésiliens en tout cas.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Pour Greg Arkhurst, le football est une vieille passion. Pour sa femme, Jana Salat, ce l'est moins. Pour leur fils Léon, ce ne l'est pas encore.