Pierre Bouchard m'a expliqué récemment qu'à l'époque des Broad Street Bullies, le policier du Canadien, ce n'était pas lui mais l'attaque à cinq. Lorsqu'on affronte une équipe rude, la meilleure façon de la confondre est de marquer quand elle est punie.

Or, le CH est zéro en huit en attaque à cinq. Il n'a pas de policier, il n'a pas même pas Pierre Bouchard.

Et, sans vouloir vous faire de peine, les p'tits gars ont un peu peur des Flyers. Voilà le grand mot qu'on ne doit pas prononcer dans les milieux machistes du hockey: la peur, comme dans intimidation, comme dans moment d'hésitation de trop, comme dans allez-y, monsieur, passez devant moi, non, non, allez-y, ça me fait plaisir...

Mon collègue Michel Bujold me fait remarquer qu'en moyenne, les joueurs du CH sont plus grands et plus lourds que ceux de Philadelphie. Hélas, la taille d'un joueur n'y change rien. Hal Gill, par exemple, s'il joue très bien en se servant de sa grande taille et de sa longue portée, n'intimide personne. C'est un gros gars doux. Alors que le plus féroce de son équipe est peut-être Brian Gionta.

Et puis les Flyers sont robustes aux ailes, où l'on contrôle la bande et les coins de patinoire. Ce sont les mêmes qui foncent vers Halak avec le succès que l'on sait. Qui fonce sur Leighton?

Il ne s'agit pas de beau hockey, mais avec le type de jeu serré des séries, on n'a pas le choix. Il n'y aura pas de grandes ouvertures pour les patineurs rapides.

Certains commentateurs - je parle de commentateurs neutres de la CBC - nous disent que le Canadien n'est pas si loin, qu'il suffit de corriger quelques erreurs, qu'il domine par moments...

Je n'en suis pas si certain. Pour marquer des buts, il faut s'approcher du gardien adverse. Des lancers de loin ou de mauvais angles, il va tous les arrêter, comme le faisait Halak contre les Penguins.

Non, si le Canadien veut survivre, il devra accepter de se salir.

Les temps changent

Il a été question dans cette chronique de la rugosité des partisans des Flyers, un groupe qu'on doit retrouver aux soirées de la WWE. Je les ai côtoyés pendant quelques années et ils étaient corrects avec les journalistes étrangers.

Ils nous abordaient et posaient de questions sur notre métier. Je n'ai que de bons souvenirs des fans des Broad Street Bullies et des joueurs aussi. Ils étaient les plus faciles à interviewer et les plus accueillants. On entrait dans le vestiaire et Dave Schultz, Moose Dupont ou Bobby Clark nous invitaient à s'asseoir et bavardaient longuement. Autant ils étaient des terreurs sur la glace, ils étaient rigolos à l'extérieur. C'est souvent le cas. Pierre Bouchard en est un bel exemple.

Il semble que les moeurs ont changé. Au cours des derniers jours à Philadelphie, des vandales ont crevé les pneus et volé la plaque d'immatriculation de mon vieux collègue Pat Hickey, de The Gazette. D'autres ont saboté et endommagé des camions de production de la télé.

Ben coudon...

Rocky

Rocket, mon irréductible poisson rouge, fredonne sans arrêt de ce temps-là...

- Qu'est-ce que tu chantes, mon humide ami?

- Je chante Le But. Tu sais qu'on va l'entendre au Centre Bell maintenant?

- Oui, je sais.

- Tu t'es vraiment mis le doigt dans l'oeil, ce jour-là, à propos de Loco Locass...

- C'est ce que tout le monde dit, Rocket. Il ne manquait que toi, mon ami. Mais en ce qui nous concerne, quand les Flyers sautent sur la patinoire à Philadelphie, c'est sous le thème de Rocky. Et crois-moi, il n'est pas question de métaphore de sort là-dedans. Le message est plutôt «levez vos têtes sinon vos lumières peuvent s'éteindre à tout moment». Et le message passe bien, les p'tits gars l'ont bien compris.