Quand la direction du Canadien a décidé de mettre fin à l'ère Saku Koivu-Alex Kovalev et s'est débarrassée de presque la moitié de l'équipe - une bonne idée, à mon avis -, Bob Gainey a misé ses plus grosses sommes sur trois petits attaquants: Scott Gomez, Michael Cammalleri et Brian Gionta.

Il faut maintenant admettre que tous les trois sont de véritables et féroces guerriers, frondeurs et sans complexes, et qu'ils méritent leur salaire. Si Gainey avait eu la même clairvoyance pour les gardiens de but, il serait encore en poste aujourd'hui.

J'étais le premier à penser que ces attaquants poids léger seraient facilement intimidés, maîtrisés, bousculés et qu'ils disparaîtraient en séries éliminatoires. C'est le contraire qui se produit, même que Gionta, le plus petit des trois, a l'habitude de remettre quelques adversaires à leur place. Ce garçon n'a peur de rien ni personne.

Et c'est bien tant mieux pour le CH, parce que Plekanec et les frères Kostitsyn, sur qui on comptait pour assumer une part de leadership à l'attaque, ne sont pas très visibles de ce temps-là. On dirait que la saison est terminée pour eux.

Martin domine son rival

Dans le premier match à Pittsburgh, les joueurs du Canadien avaient un pas ou deux de retard sur les Penguins, ils ont accordé quatre buts en désavantage numérique, Halak a été chassé du match et ils ont perdu leur joueur le plus important, Andrei Markov.

De quoi démoraliser une petite équipe et ses partisans. Je pensais balayage...

Sauf qu'hier, ils sont redevenus le Canadien qui a éliminé les Capitals de Washington. Excellent jeu de position, patience, discipline, et Halak a fait les (nombreux) arrêts.

Il faut lever notre chapeau devant cette équipe qui n'est plus glorieuse, mais qui est très sympathique.

Et il faut surtout saluer le travail de Jacques Martin et de ses adjoints. En 48 heures, ils ont remis une équipe presque K.-O. sur ses pieds. Beau travail, beaux ajustements, pas de but en avantage numérique pour Sidney et sa bande...

Jacques Martin a mis son rival Dan Bylsma dans sa petite poche, hier.

Au point où «Sid the Kid» commence à montrer des signes de frustration. On lui a fait le même coup du sandwich qu'à Ovechkin. D'ailleurs, les Penguins ressemblaient un peu aux Capitals hier, écoeurés et frustrés devant ce petit Slovaque tout maigre. Il doit y avoir quelque chose de spécial dans l'eau de la Slovaquie...

Mais encore...

Avons-nous une série?

Vous savez ce que je pense du CH sans Markov. Je ne me répéterai pas. Et la défense, qui était une des forces du club, n'est plus la même, surtout que le numéro deux, Jaroslav Spacek, est hors de combat.

Ces séries sont longues et épuisantes. Roman Hamrlik se déplace comme s'il avait 10 ans de plus. Chaque coup de patin semble pénible. La saison a été longue pour lui en particulier.

Et contrairement à ce que nos médias tentent de nous faire croire, Marc-André Bergeron, joueur de pointe exceptionnel, n'est pas un défenseur de la LNH. Il serait défenseur moyen dans la Ligue américaine. Souvent hors de position, pas porté sur les corps à corps, il est toujours un danger en zone du Canadien.

Mais quand il dégaine de la ligne bleue, on est bien contents de l'avoir.

Gill et O'Byrne sont corrects, mais ils ne vous feront pas gagner des championnats. Il faut plus.

Reste le jeune Subban, et voilà bien l'une des belles surprises de cette série. Ce garçon a du Markov dans le nez. Qu'on le fasse jouer, qu'on lui fasse confiance.

Avons-nous une série?

Qu'en pensez-vous, monsieur Halak? Il vous reste combien d'essence dans le réservoir?

Vous nous avez inquiétés en début de match hier... Mais si vous continuez à gagner, il y aura peut-être une génération de petits Québécois qui s'appelleront Jaroslav.

Esprit partisan cheap?

Un peu partout dans les bars sportifs de la ville, on a repris l'habitude de placer un chandail des Capitals, puis des Penguins, sur le plancher de l'entrée pour que les clients marchent dessus.

On a vu à la télé des jeunes qui excitaient un chien et l'encourageaient à déchiqueter un chandail. A-t-on vraiment besoin de ce type d'esprit partisan cheap? Dans le bon vieux temps, on nous parlait d'esprit sportif et de respect de l'adversaire.

En fait, tout ça ne me dérange pas tellement. Je le dis pour faire râler ceux qui me reprochent de parler du «bon vieux temps», qui n'était pas si bon que ça, évidemment.

Photo: Reuters

Michael Cammalleri, Brian Gionta et Scott Gomez font bien paraître l'ancien directeur général du Canadien, Bob Gainey.