Chaque fois que je vois des cartes de hockey, ça me rappelle mon père qui, dans une rage de ménage, avait nettoyé le hangar et jeté ma boîte de vieilles cartes de Maurice Richard, Jean-Guy Talbot, Gilles Tremblay... À sa décharge, il m'a laissé l'épinglette officielle des Jeux olympiques de Berlin de 1936, un drapeau nazi et un autre de la Luftwaffe qu'il avait ramenés d'Europe après la grande guerre. Pour les jeunes, il s'agit de la Guerre mondiale de 1939-45.

Samedi au centre Pierre-Charbonneau, le grand oublié de notre complexe olympique, se déroulait le Salon des collectionneurs, une sorte de marché aux puces un peu surréaliste où il y a beaucoup plus que des cartes de hockey et de baseball. Il y a des cartes de cowboys célèbres, de lutteurs - j'ai retrouvé Yvan Koloff, un méchant du centre Paul-Sauvé qui devait s'appeler Bellemare ou quelque chose du genre - de Mad Dog, d'Elvis, Marilyn, Betty Boop, la toujours pétillante Betty Boop... (Sur les photos de lutteurs, on nous apprend qu'untel faisait osciller la balance à 230 livres. Mais je pense que c'est plutôt l'aiguille qui oscillait...)

Et puis WOW! une photo autographiée de Penelope Cruz. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour tenir la main de Penelope Cruz rien qu'une minute...

Est-ce vraiment son autographe? Comment savoir? Et l'autre photo tout près, celle de Charles Manson, autographiée elle aussi?

Le monsieur qui les vend nous répond qu'il a tous les papiers d'identification. Je n'ai pas demandé à les voir, je lui fais confiance, mais pas trop.

Il faut dire que ce salon bisannuel - l'autre a lieu à l'automne - regroupe des pros de la collection, qui dealent, qui achètent et qui vendent à peu près n'importe quoi, y compris un chandail de la Série Montréal-Québec. Des petits robots et des petites voitures, des épinglettes des Simpson, des vieux programmes souvenirs...

Les vendeurs peuvent vous dire combien valent aujourd'hui les petits jetons en plastique avec des photos de hockeyeurs qu'on trouvait dans les pots de beurre de pinottes. Si je me souviens bien, les miens étaient dans la boîte dans le hangar. Mais bon.

On se remémore de vieux noms, Andy Bathgate, Pierre Pilote, Alex Delvecchio... Maurice, Gordie Howe et Bobby Hull sont partout. Steve Rogers, Babe Ruth, Bob Aspromonte, Roberto Clemente, Frank Robinson et bien d'autres dont on n'a jamais entendu parler. Des nouveaux noms aussi, comme Caroline Ouellette!

Tiens! Une série de cartes RDS, avec Jacques Demers, Chantal Machabée, Yanick Bouchard, mais pas de Stéphane Langdeau ni de Renaud Lavoie, mes deux préférés. Peut-être à l'automne. D'ici là, je vais économiser, au cas...

TAZ

Hier après-midi, visite au TAZ, qui fête son premier anniversaire. Il n'y avait pas tellement de monde, mais je me suis arrêté pour des tout-petits qui jouaient au basketball en patins à roues alignées. Pas mal comme idée.

Qui est le patron ici? On m'a pointé un jeune homme avec une caquette de travers. Charles Deschamps, 22 ans, de Rosemont, est le gérant du TAZ. Ancien professionnel du BMX - pour les vieux, c'est le petit vélo qui tournoie dans tous les sens -, il gère le TAZ comme un vrai.

«J'ai déjà gagné ma vie comme pro, dans des compétitions et des spectacles. Les bonnes années, je gagnais jusqu'à 25 000 $. Maintenant, mon gagne-pain est ici.»

Et cette première année?

«Nous avons dépassé nos objectifs d'affluence. Le TAZ va bien financièrement. Les week-ends, nous avons jusqu'à 700 personnes. La semaine, nous ouvrons à 16h. Après l'école. Nous ne voulons pas encourager les jeunes à manquer l'école. Nous avons une mission communautaire.

«Nous sommes allés de belle surprise en belle surprise. Beaucoup d'Européens sont venus. Ils nous ont trouvé sur l'internet (www.taz.ca). Nous avons accueilli des compétitions importantes.»

Derrière le champ adjacent au TAZ, où l'on prévoit construire une piste pour vélos de montagne, se trouve le quartier Saint-Michel et, oui, ses gangs de rue. À une petite marche du skatepark.

«Nous n'avons jamais eu de problèmes. Nous n'avons jamais appelé la police. Les membres des gangs de rue sont peut-être venus voir, mais ils n'étaient pas en groupe et ils ne sortaient pas de couteaux. Il faut dire que le commandant Fadi Dagher, de la police de l'arrondissement, est sur notre conseil d'administration. Nous sommes connectés.»

Il n'y a pas beaucoup de monde à votre week-end d'anniversaire...

«C'est parce qu'il fait beau. Le TAZ est une affaire d'hiver. Quand il fait beau, les gens préfèrent jouer dehors. Notre grosse saison se termine.»

Connais-tu Shaun White, Charles? «Bien sûr que je le connais...»

Moi aussi. C'était mon athlète olympique préféré à Vancouver.

Photo: David Boily, La Presse

Qui est le patron du TAZ? Charles Deschamps, 22 ans, un ancien professionnel du BMX.