Le hockey est un sport tellement rapide que lorsque nous jouons dans nos ligues de garage, par exemple, il nous est impossible de cacher notre vraie personnalité.

Vous êtes un leader ou un suiveux, un mangeux de puck ou un joueur d'équipe; un joueur courageux ou craintif; vous perdez en équipe ou bien vous blâmez vos coéquipiers; vous travaillez fort ou vous laissez travailler les autres...

 

Dans un contexte d'action-réaction, on n'a pas toujours le temps de réfléchir et on montre qui on est vraiment.

C'est un peu ce qu'a fait Patrice Cormier, des Huskies de Rouyn-Noranda, contre Mikaël Tam, des Remparts de Québec, dimanche. Sauf que dans son cas, le réflexe naturel aurait dû être éliminé il y a très longtemps.

Mes collègues ont été durs pour les dirigeants de la LHJMQ et ont demandé des comptes. Ils ont tout à fait raison. Mais l'affaire est plus compliquée.

Il faut aussi blâmer tous les entraîneurs du hockey mineur sous lesquels Cormier a appris à jouer depuis qu'il est tout petit. Il faut aussi blâmer les parents et les joyeux spectateurs qui applaudissent chaque mise en échec dure et chaque bagarre, au moins autant qu'un beau but, sinon plus.

Bref, il faut blâmer cette culture de brutalité qui sévit dans le monde du hockey canadien, plutôt que de s'en vanter, comme ce fut toujours le cas. Pensez à Don Cherry. Il n'est pas le seul. Il y a plein de petits Don Cherry dans nos arénas. Des machos qui oublient trop vite que le hockey est un sport et non une guerre, et encore moins une occasion pour eux de prouver leur virilité.

S'asseoir dans les gradins et encourager des jeunes à se taper dessus n'est pas une preuve de virilité, bien au contraire.

Tout ça pour vous dire que lorsque Cormier a levé le coude pour frapper son adversaire à la tête, il l'a fait par réflexe, parce qu'il en a toujours eu le droit, parce qu'on a toujours applaudi les agressions, depuis qu'il est tout petit. Il n'a pas réfléchi parce qu'on n'a pas toujours le temps de réfléchir à l'intérieur d'une seconde.

Aujourd'hui, on n'applaudit plus et c'est tant mieux. Je ne crois pas que Cormier soit une brute. Mais il est le produit de tous ces entraîneurs de hockey mineur et de tous ces joyeux parents et partisans qui se lèvent quand il y a une bagarre et en redemandent...

Vous pardonnerez le cliché, mais la solution vient de l'éducation et non pas des dirigeants de la LHJMQ. Il est trop tard pour eux. Ils ne font que mettre un pansement en attendant les autres agressions.

La suite sera décourageante. Patrick Roy qui a le coeur en peine, la ministre des Sports, Michelle Courchesne, qui parle de geste inacceptable...

Vous vous souvenez d'elle? Elle avait promis d'enrayer la violence dans le hockey junior... après l'incident dans lequel Jonathan Roy, des Remparts, a été impliqué.

Elle ne savait pas dans quoi elle s'embarquait, elle ne savait rien de la culture particulière de monde du hockey. Elle a dû reculer, un peu humiliée.

Si j'étais à sa place, je ferais des gestes, si possible, mais je ne ferais surtout pas de commentaires vides.

Préparez-vous à en entendre des croustillants.

La chambre

Nos amis de Passe-Partout n'ont pas retenu la leçon de nos tribunes sportives: ce qui se passe dans la chambre reste dans la chambre. Cette formule-là me fait rire chaque fois que je l'entends, mais elle ne disparaît pas, grâce à nos linguistes des ondes sportives.

C'est un vestiaire, les gars, un simple vestiaire. Une chambre, c'est pour dormir.

Maintenant, mes amis de Passe-Partout, vous avez tous l'air un peu con, surtout devant la génération à qui vous avez appris l'amitié, le partage et tout.

Vous aussi me faites rire.

Je suis un peu content, aussi: la petite toune d'ouverture m'a toujours tombé royalement sur les nerfs.