Depuis le temps que je rêve d'être chroniqueur mondain, ou même chroniqueur de mode, on m'a enfin assigné à la couverture d'une cérémonie de tapis rouge... C'était au Centre Bell, hier, pour le lancement du film Pour toujours les Canadiens de Sylvain Archambault, qui avait fait tout un tabac avec Les Lavigueur...

Je ne veux pas faire de jaloux, mais j'ai même foulé le tapis de mes propres pieds.

Alors on attend, avec les autres chroniqueurs mondains, dont certains se photographient entre eux, mais les stars ont la mauvaise habitude d'être en retard et elles se fichent bien de nous. Elles font bien parce que la centaine de partisans, des enfants et des ados pour la plupart, acceptent de geler une heure de plus sur le trottoir dans le but de les voir passer. Nous, on n'a pas le choix, on doit attendre...

Quand arrive une limousine, la foule se met à délirer... mais ce sont d'illustres inconnus qui en sortent ou du moins des inconnus pour moi qui ne suis pas un habitué des tapis rouges.

On attend et on attend et une starlette spectaculaire descend d'une limousine. Elle porte une élégante robe très courte avec décolleté (trop) plongeant. Et elle pose et elle pose pour les photographes. Non, mais elle n'est pas de saison, elle va geler. Mais elle persiste à poser, elle adore...Qui est-elle ? La blonde d'un des comédiens ? Ah bon.

Et puis de longues limousines et des gens arrivent... Le sénateur Jean Lapointe, le commandant Piché, Jean-Guy Chaput, ex-président de la SODEC... Est-ce que je suis bien au bon lancement ?

Brad Pitt et Angelina Jolie... du moins un couple leur ressemblait beaucoup.

Le grand Jean Béliveau... Vous ne voulez pas d'une autre entrevue avec Jean Béliveau ? Il en a probablement donné 300 au cours de la dernière année. Qu'est-ce qu'il peut dire de plus, le pauvre ?

C'est que cette année du centenaire n'en finit plus... La direction du Canadien a commandé ce film l'an dernier alors que tous les espoirs étaient permis. On avait 100 ans, on allait remporter la Coupe Stanley...

Mauvais timing pour le lancement du film, n'est-ce pas ? Voici justement Pierre Boivin, qui sourit sans arrêt et on se demande bien pourquoi...

Et puis Guillaume Latendresse, très à l'aise au bras d'une chanteuse, plus à l'aise sur le tapis rouge que sur la patinoire, en fait... À sa place, je me serais gardé une petite gêne.

Enfin, les vrais arrivent... Voici ma chance de chroniqueur mondain... Pierre Bouchard dans un élégant costume Aldo Carducci... Henri Richard et la belle Lise, qui porte un ensemble de la jeune star de la haute couture montréalaise, Wang Oh... Un monsieur à cravate hallucinante... Je n'aurais pas choisi celle-là à sa place... Vraiment pas, monsieur...

Et ça continue, Dickie Moore, Yvan Cournoyer, Yvon Lambert, Jean Perron, Phil Goyette, Ronald Corey... Vous ne voulez pas les entendre encore ? Ça fait plus d'un an qu'on nous les sert et ressert...

Je ne suis pas resté pour le film.

Pas besoin d'être Nostradamus pour deviner ce que le film contient : une suite des clichés habituels, un enfant malade, un ado incompris, des crises de larmes, un moment ou deux de sentimentalité dégoulinante, le Canadien en finale de la Coupe Stanley, bref, un Lance et Compte en mode génuflexion, sans les parties de fesses.

Ce qui devrait lui assurer un énorme succès populaire.

La relève

Dans ces vagues de nostalgie qui nous aspergent depuis trop longtemps, parmi les dizaines de livres et vidéos souvent insipides sur le Canadien, il y a quelques perles.

Les Justiciers masqués, Marc-Antoine Audette et Sébastien Trudel, ont fait leur part avec Les mots dits du sport, une collection des plus retentissantes citations de la dernière année de nos médias sportifs au sujet du CH. Le genre de bouquin qu'on doit constamment refermer pour prendre le temps de rire à son goût...

Vous n'en croirez pas vos yeux. Je ne vous en cite pas des extraits, vous diriez que je suis méchant...

Aux éditions Les Malins.