Rejoint dans un restaurant où il prenait le brunch par un dimanche midi tristounet, Marc Santerre, qui n'élève jamais la voix en dehors d'un terrain de football, parlait encore plus bas que d'habitude.

Les Carabins ont été malmenés par le Rouge et Or de Laval samedi à Québec, 31-7. Une fin de saison pas très réjouissante...

Comment ça va aujourd'hui? «Ça va ordinaire aujourd'hui... Je vais prendre le temps de digérer tout ça avant de reprendre une vie normale.»

Une vie normale voulant dire aller recruter des diplômés de cégeps et envoyer des tuteurs aux Carabins, qui ont besoin d'aide pour terminer leur session d'études en force. Une défaite de football n'est pas la fin du monde quand on est étudiant, même si certaines défaites sont dures à avaler.

«Le bon côté, c'est qu'on a progressé au cours de la dernière année. Et puis à Laval, l'ère Benoit Groulx est terminée. Ça pourrait faire une grande différence.»

(Benoit Groulx: quart-arrière du Rouge et Or, l'homme qui ne prend jamais de mauvaises décisions sur le terrain, joueur par excellence au Canada l'an dernier, en nomination encore cette année, formé chez les Spartiates du Vieux-Montréal... de Marc Santerre.)

Et la réaction des joueurs? «Ça dépend lesquels. Certains étaient fâchés et j'espère que c'est parce qu'ils n'ont pas assez bien joué. D'autres étaient très déçus, surtout les finissants qui en étaient à leur dernier match universitaire, et peut-être à vie.

«On avait une chance de remonter le match à la fin de la première demie. Le compte était de 20-7 et nous avions l'occasion de marquer des points...»

Mais les Carabins ont commis quelques gaffes aux mauvais moments. Des passes échappées, des placements ratés, des pénalités et des pénalités... Pas un grand match de la part des Montréalais.

Ainsi va la vie. On recommence l'an prochain.

Bol d'or au collégial AAA

À peu près au même moment hier, Jacques Dussault, entraîneur-chef des Spartiates du Vieux-Montréal, s'installait devant son téléviseur pour regarder... des matchs de football. Celui-là rigolait fort.

Ce diable d'homme a réussi tout un exploit à sa première année au Vieux, comme ils disent. Il a pris en mains une équipe qui avait raté les éliminatoires, l'a amené au quatrième rang et, en séries éliminatoires, les Spartiates ont battu les deux équipes de première place, Vanier et Lennoxville, les deux sur leur propre terrain et devant leurs partisans.

Merci et bonsoir.

Samedi, les Spartiates ont mis la main sur le Bol d'Or, une tradition oubliée chez eux...

Dussault: «J'étais très content pour les jeunes, mais ils m'ont donné des palpitations. Dans la dernière minute, Lennoxville avait un premier essai à notre ligne de 10. Nous les avons arrêtés à la ligne de deux au dernier essai...»

Victoire de 14-8.

«On avait quatre partants qui avaient la grippe. On les a isolés dans une chambre d'hôtel et on allait leur porter des Advil aux heures. Deux n'ont pas pu jouer. Toute l'année, on a prêché la même chose: on peut arrêter un bon joueur, un bon porteur de ballon, receveur de passes ou quart-arrière, mais personne ne peut arrêter une bonne équipe...»

Qu'est-ce qu'on fait maintenant? «Les entraîneurs font du recrutement et les jeunes des études...»

Dussault devrait décider au cours des prochaines semaines s'il sera de retour sur le banc des Spartiates l'an prochain.

Le fond du baril

Vous avez peut-être noté vous aussi l'explication d'un des analystes du match du CH à Nashville samedi: le Canadien en avait une mauvaise dans le corps...

QUOI? Ah, bon, vous faites bien de nous le dire. Alors, ce n'est rien de grave, seulement un match à oublier...

Cinquante-cinq lancers accordés, une deuxième défaite par blanchissage...

On ne parle pas d'un «mauvais match dans le corps», on parle de fond du baril.

Dire qu'il reste encore six mois de ce supplice. Vous souvenez-vous d'une équipe montréalaise aussi médiocre? Il faut remonter loin...

Au moins, nos collègues ont cessé de blâmer les arbitres, ce qui est un immense progrès. Enfin, presque tous, il y a encore eu des allusions samedi soir.

Comme si le CH était victime de l'arbitrage, alors que le CH est victime de sa propre incompétence.