Si un extraterrestre avait survolé la rue Crescent hier, il se serait demandé quelle sorte de curieux animal vit sur Terre... Il aurait vu 300 personnes sautiller sous la pluie, puis chanter Weee... are the champions, my friend, weee are the champions...

Champions de quoi? aurait demandé le petit bonhomme vert.

Mais de la USL, bien sûr!

La journée n'était pas idéale pour fêter l'Impact en public, même qu'une salle couverte aurait mieux fait l'affaire. Il n'y avait pas tellement de monde, mais l'ambiance était infernale.

«Les vrais sont ici», a dit l'entraîneur Marc Dos Santos. Et la plupart des vrais sont retournés chez eux avec des souvenirs, parce qu'il y en avait presque pour tout le monde. Des t-shirts, des ballons, des photos avec les joueurs, des autographes...

Le capitaine Mauro Biello avait préparé un petit discours dans lequel il a dit aux partisans que lorsque tout allait mal, «vous étiez toujours derrière nous»... Il y avait de l'amour dans l'air.

Et les choses allaient mal en effet au milieu de cette saison 2009. L'Impact flirtait avec le dernier rang à ce moment-là.

Très discret derrière les joueurs qui n'arrêtaient pas de sautiller en groupe, Nick De Santis, le directeur technique, savourait en silence son troisième championnat. Un comme joueur, un deuxième comme entraîneur-chef, et celui de 2009 à titre de dirigeant.

Au milieu de la saison, le président Joey Saputo ne croyait plus en son club et a réclamé des transactions à De Santis. Ce dernier lui a conseillé la patience. Il voyait une équipe championne...

«Joey est un homme passionné qui ne ménage rien pour fournir à ses joueurs un environnement de travail idéal. Et il demande des résultats. J'ai un rôle à jouer. Après 14 ans dans cette ligue, je voyais la qualité de nos joueurs. On a finalement choisi la patience et je crois que la direction a bien fait son travail.

«Nous avons commencé la saison avec une équipe endommagée. Après la défaite à Santos Laguna, nos joueurs étaient détruits. Il fallait remonter la pente, rebâtir un esprit gagnant. Marc Dos Santos, à 32 ans, est passé au travers de tout ça. Bravo!»

Qui, du joueur, de l'entraîneur-chef ou du directeur technique subit le plus de stress, M. De Santis?

«Pas le joueur. L'entraîneur-chef surtout. On se demande toujours si on a pris la bonne décision, si on a oublié quelque chose.»

Richard Legendre, vice-président de l'Impact, parlait de «nos amis français». Laurent Blanc, le célèbre entraîneur-chef des Girondins de Bordeaux, qui ont visité l'Impact l'été dernier, a envoyé un message de félicitations.

«Sur le site des Girondins de Bordeaux, notre victoire de championnat est annoncée! disait Legendre. La fédération de football française nous a félicités aussi...» Ce qui n'est pas rien. Un petit club qui voit grand se fait connaître ainsi. Il attire l'attention ailleurs qu'en Amérique du Nord. Peut-être y aura-t-il d'autres Cédric Joqueviel, l'excellent défenseur, à Montréal.

Sauf que Joqueviel, qui a grandi au bord de la Méditerranée, portait hier un manteau d'hiver. Allez, Cédric... Qu'est-ce que tu vas porter en janvier?

Le plus grave des péchés

Bon, vous direz que l'Impact est champion d'une petite ligue de foot... Vous direz la même chose des Alouettes s'ils gagnent la Coupe Grey. Montréal, ville d'un seul sport?...

Peut-être. Sauf que notre équipe de hockey souffre du pire des maux: elle nous offre un spectacle médiocre. Quoi de plus plate qu'une partie du Canadien de ce temps-là?

On peut perdre, mais il y a la manière... Lancez au but, lancez au but... Il faudrait que les gars commencent par trouver le but...

Et les tristes Islanders de New York deux fois en quatre jours...

Je vous les laisse.

Rêver en couleur

Entendu quelques fois dans la bouche de commentateurs sportifs: «If you build it, they will come.» Ils font référence, bien sûr, au magnifique film de baseball Field of Dreams, dans lequel des joueurs légendaires décédés depuis longtemps sortent des champs de maïs de l'Iowa pour venir disputer un match amical dans un petit stade rustique bâti par un fermier...

Rien à voir avec un aréna de 400 millions sans équipe pour l'occuper; 400 millions de nos fonds publics...

Selon ces savants observateurs, si Québec construit un aréna, la LNH viendra.

Mes chers amis, Field of Dreams est une fable. Un rêve, comme le dit le titre.

S'il faut commencer à dépenser notre argent en se basant sur des fables...