Quelque part dans un delicatessen de la rue Beaubien, Régis Lévesque doit rire dans sa barbe de deux jours. Ce que nos deux promoteurs de pointe, InterBox et GYM, nous proposent, vendredi, au Centre Bell, est un bon vieux combat local comme Régis les aimait.

L'ancien promoteur a d'ailleurs été écarté du milieu parce qu'il ne croyait pas aux combats internationaux favorisés par Yvon Michel à l'époque.

Mais Régis ne devrait pas rire trop fort. Il semble que la réponse du public est moins enthousiaste que prévu. Les billets se vendent, mais lentement.

Récession peut-être. Les places au Centre Bell ne sont pas données. Manque d'intérêt pour deux boxeurs locaux, Adrian Diaconu et Jean Pascal. Le public montréalais a peut-être été gâté par les exploits de Lucian Bute...

Et pourtant, il s'agit là d'un combat de championnat et d'une collision à ne pas manquer. Les deux hommes sont de terribles cogneurs et de beaux athlètes.

Et pourtant, il y a quelque chose comme une rivalité intéressante entre les représentants de deux promoteurs qui unissent leurs efforts malgré des réticences évidentes.

Entre deux personnalités tout à fait à l'opposé: Pascal le flamboyant, certains disent arrogant, contre un Diaconu farouche homme de famille, amateur de pêche à la ligne, pas tellement porté sur les paroles en l'air.

Ne manquez pas le début du combat. Ça pourrait être court, d'un côté comme de l'autre.

Un p'tit deux?

À mon humble avis, Diaconu a l'avantage grâce à sa longue expérience de haut niveau en boxe amateur, alors qu'il défendait les couleurs de la Roumanie.

Pascal a une belle mais courte expérience en boxe amateur.

Diaconu est toutefois un boxeur indiscipliné, qui n'en fait souvent qu'à sa tête et qui n'est pas particulièrement porté sur l'entraînement.

Pascal, qui nous a montré de belles choses lors de sa récente défaite en Angleterre, fait le saut chez les mi-lourds, où les coups sont beaucoup plus puissants. Chez les super-moyens, le boxeur de Laval a failli visiter le plancher en quelques occasions.

Diaconu par K.-O. au milieu du combat... à cause d'une défense plus efficace.

Voilà, mais ne pariez pas votre voiture là-dessus. Je me suis trompé en plusieurs occasions.

La honte!

Il fallait que ça se passe à Rosemont et autour de ce parc Pélican que j'ai foulé des milliers de fois...

Deux groupes de musiciens montréalais anglophones sont culbutés de la Fête de la Saint-Jean du parc Pélican. Pourquoi cet incident navrant devait-il survenir à Rosemont?

Vous savez peut-être que je suis né et j'ai grandi dans cet Arrondissement Rosemont-Petite-Patrie. Dans les années 50 et 60, le coin était à peu près à 50% francophone et 50% anglophone. Il y avait encore beaucoup d'espaces libres et des petits villages se sont formés avant de devenir le quartier vibrant que l'on connaît aujourd'hui.

Des villages ukrainien, italien, irlandais, polonais, français... De ces Britanniques qui ont gagné la bataille des plaines d'Abraham... zéro. Ils étaient tous dans l'Ouest-de-l'Île.

Les anglophones avaient leurs écoles et leurs églises et nous, les nôtres. Les églises orthodoxes ukrainiennes étaient les plus belles. On disputait des matchs de hockey contre le Rosemount Boys Club. Les processions de la Fête-Dieu - Rosemont était très catholique - ressemblaient à une réunion des Nations unies. Tout le monde parlait français, avec des accents particuliers.

Le nord-est était considéré comme un quartier ouvrier, col bleu, en développement. Mes collègues de classe et compagnons s'appelaient Kasimir Oleskiewicz, Carl Dimitroff, Robert Faulkner, Pablo Cabral, Gilles Papineau, Rudy Le Cours, Pierre Sarazin, Aldo Guadagno... Nous avons vécu une belle jeunesse tous ensemble.

Tous ces gens ont bâti un coin de ville qui devient, maintenant, ô ironie, une sorte de nouveau Plateau-Mont-Royal...

À ceux qui ont fait la guerre aux anglos au parc Pélican, je dirais qu'ils ont choisi le mauvais endroit pour étaler leur petitesse d'esprit. Et j'ajouterais que ce n'est pas en se refermant sur lui-même qu'un peuple s'épanouit et mérite le respect des autres.

Tout ça est bien triste.