Cédric Joqueviel... peut-on avoir un nom plus français? Et qui d'autre qu'un Français peut demander au journaliste venu l'interviewer: «Voulez-vous boire quelque chose?» Certainement pas nos athlètes nord-américains. Je pense que ce Joqueviel va devenir mon joueur préféré...

Vingt-six ans; originaire de Montpellier, au Languedoc-Roussillon; diplômé en enseignement. Nouveau défenseur de l'Impact, Joqueviel n'a pas accompagné l'équipe en voyage à cause d'une blessure à une cuisse. On le trouvait hier dans son logement de Rosemont...

«J'avoue que cette déchirure du quadriceps me rend un peu service. Nevio Pizzolito, qui est blessé lui aussi, me disait hier que nous sommes les joueurs qui avons joué le plus de minutes depuis le début de la saison.»

On penserait que l'Impact n'aurait pas de difficultés à attirer des joueurs français à Montréal, mais Joqueviel est peut-être le deuxième dans l'histoire du club.

«Les Français de ma génération sont plus casaniers. Quand ils obtiennent un poste en France, où la concurrence est féroce, ils ne veulent pas repartir à zéro à l'étranger.

«Pourtant, nous sommes très bien accueillis au Québec, plus que les étrangers en France. Je vais en parler à mes amis footballeurs.»

Joqueviel est venu à Montréal de manière inusitée. «Mes parents ont pris une année sabbatique et sont venus à Montréal. Il est dentiste et elle est banquière. Ils sont revenus en France parce qu'ils n'ont pas supporté l'hiver...»

Et toi? (Joqueviel a passé une année avec l'Attack de Trois-Rivières avant qu'un poste d'étranger ne soit disponible à Montréal.)

«Moi? Disons que l'hiver m'a rafraîchi...»

Et la bouffe?

Là, notre homme sourit et se tord la langue sept fois avant de répondre... «Disons que c'est... normal. Il faut dire que ma mère et ma grand-mère sont d'excellentes cuisinières. Il y a de bons restaurants à Montréal, mais disons que ça ne goûte pas pareil...»

Ça ne goûte pas pareil... En voilà un qui pourrait faire carrière en diplomatie.

Est-ce que la France méditerranéenne lui manque? «Quand j'ai le temps d'y penser, je m'ennuie un peu de mes amis, mon pays, ma famille. Mais je suis très occupé. En plus de jouer, j'enseigne le foot dans le programme sports-études du Collège français de Longueuil. C'est mon coéquipier Patrick Leduc, directeur technique du football sur la Rive-Sud, qui m'a embauché à mon arrivée...»

Et l'avenir?

«J'espère jouer pendant sept ou huit ans encore. J'ai deux autres années de contrat avec l'Impact et si jamais le club passe à la MLS, nous avons une entente pour renégocier mon contrat. Je pense qu'ils sont satisfaits de moi. Mon but est de rester avec l'Impact et de jouer dans la MLS. Après, je serai prof...»

Question méchante: que s'est-il passé au Mexique contre le Santos Laguna, monsieur le défenseur?

«C'était bizarre, mais une bonne leçon. Je pense que l'Impact a commis une erreur en organisant un match amical à Houston trois ou quatre jours avant le match au Mexique. Plusieurs joueurs avaient attrapé un virus. Nous étions affaiblis.

«En deuxième demie, les Mexicains ont mis une pression folle sur nous. Je crois que même le gardien attaquait. Ils remettaient le ballon en jeu très rapidement; nous n'avions pas le temps de penser. Ils nous ont eus avec du foot de haut niveau en deuxième demie, du foot qu'on aime jouer, mais on a perdu.»

Décidément, cette défaite passe toujours mal...

Sauvés par le Congo!

Il y a des choses qu'on n'aurait jamais cru entendre...

Dans cette même chronique, hier, Marc Dos Santos, l'entraîneur de l'Impact, nous parlait d'une «société de moumounes» - la nôtre - où nous craignons de sortir de notre zone de confort. Il ajoutait que, pour cette raison, le monde du football international était envahi par des joueurs africains, «qui naissent hors de leur zone de confort et y passent toute leur vie».

Dos Santos disait aussi qu'un vrai footballeur n'attendait pas que son papa l'amène à l'entraînement en voiture, qu'il était capable de prendre l'autobus...

Janick Morin, entraîneur du bantam des Archers d'Hochelaga, envoie un courriel: «C'est tellement vrai, ce qu'il dit. Mais, heureusement pour nous, nous avons une forte communauté congolaise dans le quartier... Je vais distribuer une copie de votre article à tous les parents...»

Les Archers d'Hochelaga sauvés par le Congo! Qui l'aurait cru?

Babyfoot story

Pendant une année passée en France, je ne me suis jamais habitué au babyfoot... Il y avait aussi des flippers à l'époque, aussi ennuyants à mon avis.

Mais le babyfoot a survécu. Même qu'il y a une sorte de fédération qui compte 771 licenciés en France. Ils se sont réunis le week-end dernier - de 12 à 88 ans, 20% de femmes - pour le deuxième Championnat du monde à Ermont-Eaubonne, près de Paris.

Et ces babyfootballeurs demandent maintenant au ministre des Sports et de la Jeunesse de reconnaître leurs activités comme un sport. Ils veulent des subventions, évidemment, et le ministre répond que non, le babyfoot n'est pas un sport. Les BBF sont revenus à la charge en parlant d'activité «d'éducation populaire», mais le ministre répond que non, le babyfoot n'est pas une forme d'éducation populaire, mais un sport.

On parle de la France, où tout est toujours plus compliqué qu'ailleurs...