Quand on entre par la grande porte au Village de la Coupe Grey (angle Peel et René-Lévesque), on se trouve devant un canon, une jeep «de reconnaissance» et le nez d'un avion de chasse, comme quoi nous ne sommes pas au Village de Nathalie.

C'est le kiosque des Forces canadiennes. Ma candidature n'a pas été acceptée - je n'ai pas la fibre militaire, semble-t-il -, mais les soldats m'ont remis un superbe porte-clefs des Forces, avec boussole incrustée. C'est pour les soirs où l'on rentre tard, je pense. On pourrait en faire un beau cadeau de Noël à quelqu'un, mais la boussole s'est décollée après cinq minutes. Conclusion: ne jamais mettre le pied dans un sous-marin des Forces canadiennes.

Le Village de la Coupe Grey ouvrait lentement hier et ils étaient tous là pour nous accueillir, Rona, Tums, Subway, The Gazette, Nissan, l'Équipeur, le CN... c'est un peu la foire commerciale, mais il faut faire avec. Un commanditaire vous fait tourner une roulette et vous gagnez un prix, une casquette, un ballon ou un autre produit dérivé. La file était longue hier midi, les gens aiment les choses gratuites.

Nissan ne donne pas de voiture, par contre.

Vous circulez un peu et vous tombez sur Larry Smith, le président des Alouettes. Un Larry Smith très relax et sûr de lui. Son plan de match a marché parfaitement. Il a vendu 55000 billets pour le match de la Coupe Grey, avant de savoir si les Alouettes allaient y participer. «Avec la présence des Alouettes, on vise maintenant le record de tous les temps au Stade olympique, soit 68211 personnes, établi lors du match de la Coupe Grey de 1977. Il nous reste trois jours.»

Le Baron du Barbecue

On avance encore un peu et voilà quelque chose d'intéressant: Paul Kirk, de Kansas City, the Baron of Barbecue, prépare un plat différent chaque jour. Il a le physique de l'emploi, ce gros monsieur joyeux et barbu, et si vous passez dans le coin demain midi, le Baron vous proposera ses célèbres côtes levées. Yesss...

Et puis on passe au Bistro du Village et il y avait, en début d'après-midi, une jeune et jolie chanteuse à voix, Véronique Labbée, qui pourrait enterrer Céline Dion et Ginette Reno en même temps. Véronique fait dans la musique country et ça tombait bien parce qu'il y avait un groupe de cowboys verts de la Saskatchewan qui voulaient danser leurs danses de cowboy.

«Je vais faire une chanson que j'ai popularisée en français parce qu'elle était déjà popularisée en anglais... Vous ne comprenez rien à ce que je dis, n'est-ce pas?»

C'était Heartaches de Bonnie Tyler et on ne peut pas rester immobile quand cette chanson est bien rendue. Véronique s'est fait des amis saskatchewanais, mais je ne sais pas si le mot existe vraiment.

Le Bistro aussi s'est fait des amis parce que ses employés ont eu la bonne idée de placer une bouteille de ketchup sur chaque table. L'hospitalité québécoise, quoi...

Guy Bélanger et ses harmonicas ont suivi et le party de la Coupe Grey était déjà un peu pogné... Bélanger sait faire lever un party.

La zone de touché Rona

Dans la tente qui porte le nom de Zone de touché Rona, vous endossez le maillot et le casque des Alouettes, vous marquez un touché et puis, voilà le challenge, vous faites votre propre danse de célébration et vous faites un peu un fou de vous-même.

Hier, un monsieur de Toronto a eu droit à une joyeuse ovation, même lorsqu'il est sorti de la tente parce qu'on l'avait tous vu, du trottoir, sur écran géant.

Et puis vous pouvez jouer un match de touch football entre amis, sur un petit terrain juste à côté de la cathédrale et sous les yeux de Dieu lui-même.

Attention...Attention... La Coupe Grey est arrivée à Montréal hier et le maire Tremblay s'est éclaté au micro. Et cette fois, il ne s'est pas trompé. Le maire Tremblay a déjà remis, à l'hôtel de ville, la Coupe Stanley aux Alouettes.

Anybody can make a mistake, comme ils disent à Calgary.

Inacceptable!

Les mots, comme les hommes, connaissent parfois leurs 15 minutes de célébrité.

C'est le cas d'INACCEPTABLE ces jours-ci. De Jean Charest à Pauline Marois à Guy Carbonneau, quand on n'est pas content, on dit INACCEPTABLE, comme si ça réglait la question pour de bon.

Le problème, c'est qu'à force d'abuser d'un mot, il finit par perdre son sens premier.