On s'approche du Centre Bell et des scalpers nous accueillent: «Tickets! Madonna ou Canadien.» Ces gars-là sont toujours en action pour la bonne raison que la police ne perd pas son temps à les arrêter. Ils sont libres le lendemain moyennant une amende ridicule que leur patron, le gros scalper PDG, paye.

Un camion contenant de l'eau embouteillée passe et annonce «Une eau de gamme».

On entre finalement à la Cage aux Sports pour la pesée officielle de tous les boxeurs qui se donneront en spectacle ce soir. La salle est pleine, des gens du milieu, des amis et parents des boxeurs, des boxeurs aspirants, un bataillon de Roumains ainsi que plusieurs curieux, des gens qui passent dans le coin, parce que la pesée est ouverte au public.

On se marche sur les pieds et, dans la foule, on croise une légende, Tommy Hit Man Hearns. Dans les années 80, les catégories de poids moyens (entre 145 et 168 livres) comptaient une série de grands boxeurs: Leonard, Duran, Hagler, Pipino Cuevas, Wilfredo Benitez, quelques autres et Tommy Hearns, le grand sec de Detroit. Ses trois combats comme Marvelous Marvin Hagler ont été épiques.

Le fils de Tommy Hearns, Ronald (20-0-0, 16 K.-O.) se battra en demi-finale contre le Montréalais Paul Clavette (14-1-1, 2 K.-O.) chez les super mi-moyens ce soir.

Que pensez-vous de la boxe d'aujourd'hui, M. Hearns (père)?

«Ça a beaucoup changé. On dirait que les boxeurs d'aujourd'hui se contentent de faire juste ce qu'il faut pour gagner. Et ils empochent leur chèque. De mon temps, nous voulions donner le meilleur spectacle, nous voulions tous être le préféré du public. Aujourd'hui, l'argent passe avant tout.

«Je pense aussi que les boxeurs d'aujourd'hui sont plus plaignards, ils se découragent plus facilement. De mon temps, il fallait être capable de survivre à quelques échecs. La compétition était terrible...»

Tommy Hearns vit toujours à Detroit, il vient d'avoir 50 ans et il a livré un combat (une victoire!) l'an dernier. «J'aimerais un combat de championnat avant de me retirer. Je voudrais devenir promoteur de boxe ensuite.»

Et Ronald (28 ans)?

«Il a du potentiel. C'est un dur. Il a ce qu'il faut pour aller loin, à condition d'y mettre le sérieux et l'effort. Je lui dis toujours que le respect, il faut aller le chercher de force dans l'arène. C'est la seule façon de se faire connaître...»

Bute pile!

Lucian Bute pesait exactement 168 livres, la limite, lorsqu'il est monté en caleçons sur la balance. Son adversaire, Librado Andrade, 167 livres et des poussières.

Et puis on a eu droit à un défilé d'hommes de toutes les couleurs et de tous les poids en caleçons. Ils saluaient la foule, levaient les bras en l'air, posaient avec leurs adversaires, tout ça en bobette de toutes les couleurs.

Vous me direz que la boxe n'est pas un univers spécial...