Il y a un tas de livres qui font l'éloge de la paresse et de la lenteur. On les place souvent près de la caisse, à la sortie des grandes librairies. Parfait pour les gens pressés. Mais qui a le temps de les lire?

Il en est des livres sur la paresse comme des livres de cuisine. Plus les gens en achètent, moins ils pratiquent la chose à la maison.

 

À mon sens, la paresse n'a rien d'un péché capital. C'est une valeur en perdition dans une société dopée au stress, à la vitesse et à la surconsommation. C'est un luxe nécessaire que l'on se permet pourtant rarement. Tout doit toujours aller vite, très vite, même les vacances. On court, on court. Mais vers quoi court-on comme ça? Quel vide essaie-t-on de combler? N'est-il pas clair que les gens qui se pressent pour gagner du temps n'en ont jamais plus que les autres?

Je dis ça et, en même temps, je suis une paresseuse plutôt non pratiquante. Je ne fais pas partie du groupe Facebook «Si l'envie de travailler te prend, allonge-toi et attends que ça passe». Ma vie, comme celle de la majorité des parents pris dans le marathon travail-famille, est une course qui laisse peu de place à la paresse. Je cours même vers mon cours de yoga - c'est tout dire.

Cela dit, je reste convaincue que la mère de tous les vices, ce n'est pas la paresse. La mère de tous les vices, c'est la course à la performance qui tourne à vide, nous fait perdre de vue l'essentiel.

Carl Honoré, auteur du best-seller Éloge de la lenteur (Marabout, 2007), a déjà raconté qu'il a eu envie d'écrire ce livre le jour où il a songé à acheter une collection de livres d'enfants pour parents pressés du type Blanche-Neige en 60 secondes. Il était devenu si accro à la vitesse qu'il était prêt à se débarrasser le plus vite possible de ces moments précieux que l'on passe avec nos enfants à la fin de la journée. Il doit y avoir une meilleure façon de faire, s'est dit l'auteur, qui s'est mis à s'intéresser au courant «Slow» pour tenter de trouver un meilleur équilibre entre rapidité et lenteur. Il doit y avoir moyen de travailler moins mais mieux.

Comme le relève Carl Honoré, les recherches démontrent que le cerveau fonctionne mieux dans les moments de calme. On devient alors plus créatif, plus nuancé. N'en déplaise à Lucien Bouchard, la paresse et la lenteur, bien dosées, ont des vertus.

À quand un manifeste pour un Québec plus paresseux?