L'avantage de la glace, qu'ils disaient dans le bon vieux temps! Même là, le hockey a beaucoup changé. Depuis quelques années, l'avantage de la patinoire ne veut plus rien dire. Même que cette saison, l'avantage va au club visiteur.

C'est vrai dans la série entre le Canadien et les Bruins. C'est vrai entre Tampa Bay et Pittsburgh, c'est vrai dans d'autres séries.

Au mieux, le club qui joue «à la maison», devant ses partisans, s'en tire avec une égalité. Et ce n'est pas une exception qu'on remarque cette saison, c'est une tendance depuis au moins le retour du lock-out.

Mais pourquoi ce changement tellement profond dans les fondements même du hockey? Pourquoi une règle qui était quasiment absolue est-elle aussi balayée dans le hockey contemporain?

Pourquoi doit-on craindre ce sixième match disputé ce soir à Montréal, devant des fans conquis à l'avance? Pourquoi le Canadien a-t-il été plus dangereux que les Bruins samedi à Boston? Pourquoi le Lightning a-t-il flanqué une bonne raclée aux Penguins à Pittsburgh après s'être fait battre deux fois au St.Pete Times Forum? Pourquoi les Flyers de Philadelphie sont-ils allés vaincre les Sabres à Buffalo?

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Il y a sans doute les patinoires modernes qui peuvent expliquer ce changement. Il y a quelques décennies, les Blackhawks, les Bruins, les Sabres et les Red Wings jouaient leurs matchs sur des patinoires qui avaient leurs particularités propres. Plus étroite à Boston, plus courte à Chicago, avec des coins plus serrés à Detroit. Et les coachs et les directeurs généraux bâtissaient leur équipe selon la patinoire où elle évoluait. Aujourd'hui, toutes les patinoires modernes sont construites selon un modèle standard. Et à part la glace d'Edmonton, la qualité de la surface est sensiblement la même partout.

De plus, la plupart des équipes ont des centres d'entraînement. Avant, à part les Rangers qui se considéraient désavantagés parce qu'ils s'entraînaient à Rye, en banlieue de New York, toutes les équipes s'entraînaient sur leur patinoire. Les joueurs en connaissaient tous les secrets.

Par ailleurs, les coachs ont des systèmes de jeu tellement sophistiqués, les joueurs savent tellement ce qu'ils doivent faire sur la glace dans telle ou telle situation, qu'il est beaucoup plus facile de garder le contrôle du jeu même sur la route.

Mais surtout, et je pense que c'est le coeur de l'histoire, tous les joueurs sont maintenant des mercenaires. En fait, des gars comme Scott Gomez ou Andrei Kostitsyn ou Lars Eller, pour ne nommer que ces trois joueurs qui évoluent à Montréal, sont de passage dans la ville. Ils vont y vivre les mois de la saison et vont retourner chez eux. Bien plus grave, ils sont conscients qu'ils peuvent ne passer que trois ou quatre ans dans leur équipe et s'en aller ailleurs à la première occasion. Pensez-vous qu'à part quelques exceptions, ils s'attachent vraiment aux gens et à leur collectivité? C'est vrai partout dans la ligue.

Combien reste-t-il de joueurs qui étaient à Montréal il y a quatre ans? Vous n'avez besoin que d'une main...et peut-être d'un pouce. Faites le même exercice à Philadelphie, à Dallas ou à Los Angeles et vous allez arriver sensiblement aux mêmes résultats.

Le Canadien pourrait profiter de son avantage social pour enrichir le lien entre ses joueurs et ses partisans mais ça, c'est une autre histoire qui semble bien compliquée.

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En fait, le plus gros avantage qu'une équipe peut avoir à évoluer à la maison se résume maintenant au choix des joueurs sur la patinoire. C'est Jacques Martin qui ce soir aura le dernier mot dans les changements de mercenaires. Plaise à Dieu qu'il soit inspiré et que les fans soient témoins d'une victoire de leurs favoris.

L'autre avantage, celui dont on ne parle pas mais qui, au lendemain de certaines soirées mouvementées, a beaucoup favorisé la Sainte Flanelle, c'est évidemment... chez Parée. Pourquoi pensez-vous que Claude Julien a enfermé ses joueurs à Lake Placid?

Alors... faut le dire avec ardeur...

Go, les filles, go!!!